Il est bon, parfois, de revenir à ce qu'on pourrait définir comme l'un des principaux fondements de toute dégustation... À savoir le nez du vin -  ou le bouquet, comme on dit de façon plus élégante.

Certains dégustateurs, eux, et non des moindres, se fondent avant tout, ou même uniquement, sur leurs perceptions au plan gustatif pour juger les vins.

C'est ce que fait par exemple le célèbre dégustateur australien James Halliday, avocat de son métier, et qui, dit-il, a laissé son épouse légitime, le droit, pour convoler avec sa maîtresse, le vin... Dans son cas, faut-il dire, c'est par la force des choses qu'il est amené à déguster avant tout avec les papilles.

«Depuis quelques années, j'ai de la difficulté avec mon odorat, et je prête surtout attention aux textures», expliquait-il ainsi un soir à table (j'étais assis à ses côtés), en Nouvelle-Zélande, à l'occasion de ce grand événement qu'est Pinot Noir New Zealand - une célébration sur plusieurs jours de ce célèbre cépage bourguignon.

Dégustatrice redoutable, et réputée, Lalou Bize-Leroy, copropriétaire du Domaine de la Romanée-Conti, estime quant à elle que le nez du vin dit tout, et que le goût ne fait normalement que confirmer ce que le bouquet a appris au dégustateur.

Chacun a droit à son opinion (ainsi va le vin!) et, comme je l'ai déjà souligné dans cette chronique, je suis pour ma part tout à fait d'accord avec elle.

La concentration, le degré de complexité ou au contraire l'absence de complexité du vin, la nature de son boisé (rustique, ou de qualité, et même son origine - français, américain, slovène, etc.), son degré d'astringence, le ou les cépages - c'est tout cela, entre autres, que l'attention prêtée au nez est susceptible d'apprendre au dégustateur.

Bref, on ne hume jamais trop, même s'il arrive qu'on se trompe ... allègrement!

Valle de Colchagua 2007 Carmenère Cabernet Sauvignon Novas, 17,80$ (11 333 513), ***,$$, 2010-2014?

Quasi opaque, ce vin rouge chilien, au bouquet d'ampleur moyenne, de fruits rouges, et qu'accompagne une note chocolatée - signe qu'il a été élevé en fûts -, pourrait très bien passer pour un bordeaux à l'aveugle. Charnu, d'une bonne concentration, ses tannins sont bien enrobés et, m'a-t-il semblé, sa teneur en alcool n'est pas dérangeante. 14,5% (150 caisses).

Priorat 2007 Buil&Giné, 18,40$ (11 337 910), ***1/2,$$, 2010-2014?

Goûté à l'aveugle, ce vin rouge espagnol, d'une couleur pourpre-prune bien soutenue, se présente avec un bouquet ample, très mûr, de fruits rouges. Relativement corsé, ses saveurs ont quelque chose d'un peu sucré, à cause du Grenache, et ses tannins, quoique fermes, n'ont rien de dur. Très bon. 70% Grenache, 30% Carignan, et élevage en fûts de chêne français. 14% (200 caisses).

Blanc Souverain Chardonnay Henriot, 70,25$ (10 796 946), ***1/2,$$$$$, 2010-2014?

Très beau champagne, un blanc de blancs (fait que de Chardonnay, donc), au bouquet tout en finesse, plein de fraîcheur, relevé par une délicate nuance citronnée. Peu corsé comme champagne, distingué, il fera un excellent apéritif, et pourra également accompagner les huîtres ou un poisson. 12% (44 caisses).

Maremma Toscana 2007 IGT Poggio Bestiale, 34,25$ (10 845 091), ***1/2,$$$1/2, 2010-2016.

Très beau vin rouge de Toscane, de trois cépages bordelais (Merlot, Cabernet Sauvignon et Cabernet franc), au bouquet généreux, marqué par des nuances chocolatées (élevage en fûts neufs de chêne français). Bien en chair, tannique, corsé, un peu carré, ses tannins sont fermes, quoique sans rugosité. Sérieux. 14,5% (89 caisses).

Uruguay 2006 Casa Bernard Magrez Juanico, 59$ (11 213 976), ***,$$$$1/2, 2010-2016.

Une folie à faire... Superbe vin rouge de l'Uruguay, de Tannat (65%), de Cabernet franc (20%) et de Merlot (15%), élevé en fûts de chêne français et vinifié par le Bordelais Michel Rolland. Richement coloré, il brille par l'ampleur de son bouquet, au boisé noble, mais aussi en bouche. Corsé, dense, serré, équilibré, ses tannins sont gras et (bravo!) il n'a rien d'un mastodonte. 13,5% (42 caisses).

Valle de Uco 2010 Pinot Gris Bodega François Lurton,14,95$ (556 746), ***,$1/2, 2010-2013.

Vin blanc de Pinot gris, d'Argentine, du Bordelais François Lurton, toujours impeccable et encore une fois fidèle à lui-même dans ce nouveau millésime... 2010, les vendanges ayant lieu en début d'année dans l'hémisphère sud. D'une couleur dorée, son bouquet, tout en fruit, séduit par sa franchise, chose que l'on retrouve tout à fait en bouche. De corps moyen, ses saveurs sont nettes, avec de l'éclat et un après-goût qui persiste un bon moment. Savoureux. 12,5% (635 caisses).