Comment expliquer l'attrait qu'exerce le bon bourgogne, blanc et rouge, sur tant de consommateurs et d'amateurs?

Pureté du fruit, élégance, finesse, subtilité et complexité qui ne s'acquièrent en règle générale qu'après un certain nombre d'années, le tout sans lourdeur, avec même souvent quelque chose... d'aérien - telles sont certaines des caractéristiques auxquelles ces vins doivent leur attrait incomparable.

C'est «le grand frisson», affirme à leur sujet, avec raison, dans une interview qui paraît dans le plus récent numéro de Cellier le sommelier Ghislain Caron, désormais directeur des services personnalisés SAQ Signature (un poste de création encore récente, soit dit en passant).

«On n'en décroche plus», ajoute le sommelier, lequel s'intéresse néanmoins aux vins de la planète entière.

Autre élément qui joue en faveur des bourgognes: leurs prix, même ceux de vins très recherchés (il y a bien sûr des exceptions), restent grosso modo raisonnables. Surtout par comparaison avec la centaine de bordeaux rouges les plus réputés, vendus désormais, on le sait, à des prix délirants...

On en a un bon exemple (voir plus bas) avec le Chambolle-Musigny 2006 Vieilles Vignes Frédéric Magnien, dont il ne reste plus - hélas! - que quelques dizaines de caisses, commercialisé au prix de 73,50$, et qui possède, à mon sens, ce plus qui lui donne droit au titre de grand vin.

Fait aussi à ne pas oublier: contrairement à plusieurs autres types de vin, dont le bordeaux qui séduit d'emblée par sa couleur, sa concentration et son fruit, le bourgogne est jusqu'à un certain point un vin «d'arrivo», comme disent les Italiens à propos du Barolo. Autrement dit, rares sont les consommateurs qui l'aiment spontanément - on apprend à l'aimer au fur et à mesure qu'on le découvre.

Cinq bourgognes

Bourgogne 2006 «Les Ursulines» Jean-Claude Boisset, 23,95$ (11008121), ***,$$ 1/2, 2010-2013

Peu concentré, ce bourgogne générique élaboré par un vinificateur de grand talent - Grégory Patriat - a néanmoins tout pour charmer l'amateur de ces vins. Rouge clair, son bouquet, de petits fruits rouges, est très discrètement boisé, non sans une certaine complexité (avec notamment quelques nuances de fruits cuits), toutes choses que l'on retrouve en bouche. Netteté du fruit, tannins tendres - on le boit avec grand plaisir. 13% d'alcool (243 caisses).

Mercurey 2008 Château de Chamirey, 26,25$ (962589),***,$$$, 2010-2018

Bien connu sur notre marché, ce bourgogne rouge plutôt carré, charnu, tannique et même assez austère dans sa jeunesse reste fidèle à lui-même dans ce nouveau millésime. Avec l'âge, toutefois, comme le montrait un très beau 1999 dégusté (et bu!) en août, il acquiert de la finesse, tout en tenant fort bien la route. Très bon. 13,1% (98 caisses).

Chambolle-Musigny 2006 Vieilles Vignes Frédéric Magnien, 73,50$ (746388), ****,$$$$$, 2010-2015

D'une plus grande concentration qu'on ne s'y attend de cette appellation (à cause de l'âge des vignes, sans doute), son bouquet de bonne ampleur est pur, expressif, relevé de notes rappelant un peu le pain grillé (le bois). La bouche suit, équilibrée, les saveurs sont bien mûres, pleines d'éclat, ses tannins aimables. Grand vin. 13% (31 caisses).

Montagny 2008 Domaine Faiveley, 19,75$ (10897270), ***,$$, 2010-2013

Bourgogne blanc de la côte chalonnaise, un peu plus que moyennement corsé, au boisé uniquement perceptible par ses notes genre fruits confits. Assez peu complexe, néanmoins très réussi, il a entre autres le grand mérite d'être vendu à prix correct. (La SAQ a commandé 140 caisses additionnelles de ce vin.) 13% (49 caisses).

Chablis 1er cru Fourchaume 2008 Château de Maligny, 35,25$ (480145), ***1/2,

$$$ 1/2, 2010-2014

Chablis non boisé, son bouquet est délicat, pur, retenu, mais un peu plus expressif en agitant le vin dans le verre. Alors que ses saveurs, par contre, sont bien affirmées, le tout donnant un chablis distingué, fin, ne manquant pas de caractère, et dont l'après-goût persiste un bon moment. Délicieux. 12,5% (90 caisses).

Côtes du Roussillon Villages 2008 Les Millères Domaine Gardiés, 22,50$ (10781402), ****,$$ 1/2, 2010-2014

Violacé, très coloré sans être opaque, ce magnifique vin, surtout de Grenache (40%) et de Syrah (35%), et dont la moitié est élevé sous bois, au bouquet de fruits noirs et aux notes d'épices chaudes, brille par l'éclat de son fruit. Dense, corsée, la bouche n'est pas en reste, pleine d'éclat, avec des tannins serrés. Mais... attention, il fait 15% d'alcool, sans qu'on le perçoive vraiment. 15% (84 caisses).