L'un des plus grands millésimes qu'ait connus la Bourgogne au cours des dernières décennies est sans conteste 2005, auquel le magazine Bourgogne Aujourd'hui accordait la Médaille d'or dans son numéro de décembre 2009 janvier 2010.

«... l'un des plus grands millésimes des 100 dernières années», écrivait son rédacteur en chef Christophe Tupinier dans un dossier sur les millésimes 1994 à 2008.

 

Toutefois, les 2005, autant les rouges que les blancs, sont à peu près tous épuisés, hélas!

Mais il y a de l'espoir, car, dit-on, les 2009, rouges et blancs (je cite de nouveau Bourgogne Aujourd'hui), ont ce qu'il faut pour occuper «la seconde marche» du podium.

«Les 2009 se goûtent mieux en ce moment que les 2008», disait un soir à table Patrick Essa, qui est l'un des responsables des vinifications au Domaine Buisson-Charles (Meursault), à l'occasion de cet événement incomparable, bisannuel, que sont les Grands Jours de Bourgogne.

Cependant, sauf sans doute dans le cas des vins les plus modestes, la plupart des 2009 sont encore en fûts, et ce sont principalement leurs 2007 et 2008 qu'ont fait goûter les Bourguignons cette année, du 22 au 26 mars.

En dents de scie

J'y étais et j'ai pu déguster ainsi un peu plus de 300 vins, surtout des rouges, sauf à Chablis le lundi 22 mars. Verdict, du moins verdict provisoire?

En bref: sans être un grand millésime, 2008 a donné des vins nettement plus denses et plus homogènes que 2007, alors que ceux de ce dernier millésime, souvent fluets, sont de qualité très variable. Autrement dit, en dents de scie...

«2007, 14 en rouge (NDLR : sur 20), 13,5 en blanc. 2008, 14,5 en rouge, 15,5 en blanc», note le magazine bourguignon.

Mais, comme le montre le vin qui suit, il y a toujours des exceptions !

Chorey-les-Beaune 2007 Catherine et Claude Maréchal, 34,75 $ (917617), ***, $$$$, 2010-2013.

 

Bourgogne rouge de charme, bien coloré, au séduisant bouquet, net et même pur, il se présente en bouche avec le même pouvoir de séduction. De corps moyen, d'une bonne concentration sans que ce soit un vin très dense, ses tannins sont ronds, aimables, et il a des allures... de 2008. Goûtés en Bourgogne, certains 2007 d'appellations beaucoup plus prestigieuses (notamment un Bonnes Mares et un Clos de la Roche étaient inférieurs à ce vin. Seul bémol: il est cher, et sa distribution ne fait que commencer. 13 % (254 caisses).

Bourgogne Hautes-Côtes-de-Beaune 2007 La Cave des Hautes-Côtes, 18,25 $ (578161), **, $$, 2010.

Goûté côte à côte avec le précédent, il souffrait de la comparaison, quoique ce ne soit pas un mauvais vin. D'un rouge clair-orangé, son bouquet, d'ampleur tout au plus moyenne, associe fruits rouges et fruits cuits, alors qu'il s'agit, en bouche, d'un vin plutôt léger, souple, très peu tannique, et à boire sans délai. 12,5 % (524 caisses).

Moulin-à-Vent 2008 Baronne du Chatelard, 21,60 $ (10367471), ***, $$ 1/2, 2010-2013.

Même si le Beaujolais fait partie de la Bourgogne, les autres vignobles bourguignons sont réticents à l'accueillir dans leurs rangs... Celui-ci, d'une couleur bleutée assez soutenue, au bouquet qui n'est pas sans rappeler l'odeur des fraises, charnu et au bon goût de fruit, n'a pourtant rien à envier à beaucoup de bourgognes. 13 % (61 caisses).

Chablis 2008 La Vigne de la Reine Château de Maligny, 22,95 $ (560763), *** 1/2, $$ 1/2, 2010-2013.

Millésime qui succède au 2007 (on le trouve encore), et un peu plus dense, on a là un chablis non boisé au très beau bouquet, mûr, fin, pourvu d'une note minérale caractéristique, tout au plus moyennement corsé, et déployant en bouche la même distinction qu'au nez. Impeccable. 12,5 % (263 caisses).

Pommard 2007 Catherine et Claude Maréchal, 49,25 $ (10865382), *** 1/2, $$$$ 2010-2014.

Autre vin des Maréchal, ce Pommard compte de toute évidence parmi les très bons 2007. Bien coloré, son bouquet est séduisant et relevé par une note fumée discrète (le bois). La bouche suit, de corps moyen, distinguée, avec des tannins aimables. Un peu moins concentré, le 2006, d'une grâce indéniable, est du même niveau. 13 % (145 caisses).

Grands Echezeaux 1990 Joseph Drouhin, ****

Ce vin n'est pas vendu au Québec... D'un grand millésime, et servi à un dîner au Château du Clos de Vougeot (et commenté pour faire rêver !), ce grand bourgogne, au fruité de jeunesse toujours intact, au bouquet complexe et on ne peut plus attachant, soyeux en bouche, était une parfaite illustration, ce soir-là, du pouvoir incomparable de séduction de ces vins.