Isabelle Charest affirme ne pas parler facilement de ses émotions, en ouverture du court documentaire de RDS dont elle fait l’objet, diffusé ce vendredi à 19 h 30. Mais celles-ci ne s’expriment pas qu’en mots.

Triple médaillée olympique au relais en patinage de vitesse sur courte piste, aujourd’hui ministre déléguée à l’Éducation et ministre responsable de la Condition féminine au gouvernement Legault, Isabelle Charest revient sur son parcours sportif ponctué de bons et de moins bons moments.

Début décembre 1990, c’est week-end de sélection pour les Jeux du Canada. La patineuse, alors à un mois de ses 20 ans, s’y rend à reculons.

« Ça ne me tentait pas du tout d’être là », admet-elle.

En finale du 500 m, Christine Boudrias tente un dépassement sur Isabelle Charest. Les deux chutent dans le virage et le patin de Charest sectionne la fesse et une artère de Boudrias.

Bien qu’elle ait perdu beaucoup de sang et subi un arrêt cardiaque, Christine Boudrias s’en sortira indemne.

C’était un accident, mais Isabelle Charest s’en est voulu. Elle fait une pause en se remémorant l’évènement.

Ça fait 30 ans et j’ai encore de l’émotion. C’est fou.

Isabelle Charest

Jeune, la patineuse se fie beaucoup à son talent. Un échec lui fera comprendre l’importance du travail et aura ultimement changé sa vie, dit-elle.

Puis viennent les grandes saisons, au milieu des années 1990. Elle s’illustre aux championnats du monde et bat le record mondial sur 500 m en 1996 et en 1997, devenant au passage la première femme à compléter la distance sous les 45 secondes.

Aux Jeux de Nagano, en 1998, elle fait figure de favorite. Sans le crier sur tous les toits, elle ne vise rien de moins que l’or sur sa distance de prédilection.

Mais une malchance en finale, alors qu’elle tente un dépassement audacieux, entraînera sa chute et celle de la Chinoise Chunlu Wang.

« Je savais à quel point elle devait être démolie », raconte l’ex-patineuse Nathalie Lambert, sa grande amie, qui occupe une place centrale dans le documentaire, tout comme Nathalie Charest, sœur d’Isabelle. « Elle pleurait toutes les larmes de son corps. »

Charest participera à ses derniers Jeux à Salt Lake City, en 2002. Où, d’une certaine façon, elle remettra les pendules à l’heure avec Chunlu Wang.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Isabelle Charest aux Jeux olympiques de Salt Lake City, en 2002

De chef de mission à politicienne

Il est beaucoup question de patin dans ce documentaire intitulé Isabelle Charest – L’envie du dépassement. Mais pas exclusivement.

L’ex-athlète, mère d’un garçon et d’une fille, revient sur le difficile processus des traitements de fécondation in vitro par lequel son ex-conjoint Steve Charbonneau et elle ont dû passer.

Puis, sur son rôle – intéressant, valorisant, mais drainant, résume-t-elle – de chef de mission aux Jeux olympiques de PyeongChang en 2018.

Une nomination qui l’aura menée vers la politique. Le premier ministre François Legault relate par ailleurs la journée où il a enrôlé sa future ministre.

Tout ça en quelque 25 minutes. Un documentaire bien tassé, marqué par de bonnes citations et anecdotes. Elles ne sont pas toutes ci-dessus. On n’en dit pas plus.