Kim Clavel n’est assurément pas la seule à taper du pied à l’idée de remonter dans le ring après le report du prochain gala à la Place Bell, déplacé du 28 avril au 12 mai au moment où le Rocket de Laval s’apprêtait à amorcer les séries.

Sébastien Bouchard attend sa chance depuis le 25 mars 2022, date à laquelle il avait fait un match nul contre le Mexicain Ricardo Lara au Colisée de Trois-Rivières.

« C’est parce que ça faisait encore un an que j’avais été inactif avant », s’est défendu le boxeur de 36 ans, ralenti par des blessures et la pandémie depuis 2017.

« La promotion se fait plus à Montréal. Je suis un gars de Québec. Je ne sais pas si ça a un lien ou pas. Je demandais juste à me battre dans les deux dernières années. La vie a fait que je me bats une fois par année. »

Bouchard (19-2-1, 8 K.-O.) a donc pris le taureau par les cornes et « mis un peu de pression » sur le promoteur Yvon Michel pour lui réitérer ses intentions : « Let’s go, on fait des shows à Québec, on donne un coup, un dernier blitz. Ça passe ou ça casse. »

Ainsi, le natif de Baie-Saint-Paul était à la tribune lors de l’annonce de l’identité de l’adversaire de Clavel dans le cadre d’une conférence de presse précédant le gala Jean Pascal-Michael Eifert, le 16 mars.

PHOTO FOURNIE PAR GROUPE YVON MICHEL

Sébastien Bouchard (à gauche) lors de son combat contre le Mexicain Ricardo Lara au Colisée de Trois-Rivières, le 25 mars 2022

« On sait que je mange de la boxe, que je mange des combats, mais l’inactivité est en train de tuer ma carrière à petit feu », avait lancé Bouchard, un mi-moyen (147 lb), dans une sorte de cri du cœur.

Trois semaines plus tard, le père de trois jeunes enfants s’était levé tôt pour refaire la route Québec-Laval afin de participer à un autre évènement de promotion mettant Clavel en vedette. Personne ne contestera sa motivation.

« La réalité est que je veux aller au bout de ce que je peux faire », a expliqué le chaleureux athlète à La Presse.

Depuis le premier jour où j’ai commencé la boxe – j’avais 15 ans, j’étais un petit gros de 203 livres –, personne ne me voyait où je suis rendu aujourd’hui. Je veux juste continuer de faire écarquiller les yeux et aller le plus loin possible.

Sébastien Bouchard

Pour mettre en perspective son désir de se mesurer à un adversaire, il se plaît à citer l’ex-combattant d’arts martiaux mixtes Georges St-Pierre.

« Il a toujours dit qu’il n’aimait pas se battre. Il tripe à s’entraîner et pour gagner sa vie, il doit se battre. Le stress le grugeait de l’intérieur. Moi, c’est le contraire : je carbure à l’adrénaline. J’adore me battre. Mais pour me battre, il faut que je m’entraîne. C’est un passage obligatoire. »

Bouchard pourrait tourner la page. Celui qui a grandi sur une ferme laitière a travaillé parallèlement dans la construction de 16 à 26 ans. Il a ensuite été employé au port de Québec où il pouvait plus facilement marier son horaire professionnel à celui de l’entraînement. « Depuis que j’ai 16 ans, toute ma vie est bâtie en fonction de la boxe. »

À un moment, il a « tout lâché » pour se lancer dans la boxe à temps plein. Les blessures – il s’est déchiré chacun des biceps, dont une fois en plein combat, ce qui lui a valu une coûteuse défaite en 2019 – et la pandémie ont gâché ses plans.

Heureusement, pendant qu’il travaillait au port, il a fondé avec un associé une petite entreprise spécialisée dans les réparations de fondations par injection. Depuis deux ans, il se consacre à temps plein à Fissures Charlevoix.

« On s’est lancés tête première et ça va super bien. Ça nous permet de faire notre horaire et nos propres affaires. »

Mais l’appel de la boxe ne l’a jamais quitté. Le 12 mai, il affrontera le jeune Mexicain Fernando Altamirano Marquez (11-1, 9 K.-O.) en sous-carte du gala Clavel–Arellano-Reyes à la Place Bell. Le duel prévu pour huit rounds se déroulera à un poids négocié de 150 lb.

Bouchard en sait très peu sur son prochain rival de 22 ans, un brawler dont il n’a pu visionner que « deux clips de 10 secondes ». Mais le protégé de l’entraîneur Maxime Simard promet un engagement total dès la première cloche.

À mon dernier combat, on avait essayé de faire de moi un contre-attaquant. Je me suis fait prendre au jeu un peu. J’ai mis ça clair avec mon équipe : mon pain et mon beurre, c’est la pression physique, de passer sur le dos de l’adversaire et d’aller chercher les fins de combat. Ce sera encore une fois mon pain et mon beurre d’ici la fin de ma carrière.

Sébastien Bouchard

Aux yeux d’Yvon Michel, ce duel sera l’occasion pour Bouchard de « retrouver ses repères » en vue de deux galas dont il doit être la tête d’affiche à Québec en juin et à l’automne.

Sébastien Bouchard est réaliste, mais ambitieux : « On souhaite aller chercher une ceinture intercontinentale ou internationale pour entrer dans les classements et risquer peut-être [d’être invité dans] une défense optionnelle en championnat du monde. Je sais que je n’ai pas le talent pour me ramasser aspirant obligatoire. Mais en te retrouvant dans le top 15, tu es à un coup de téléphone de te battre en championnat du monde. On veut s’en aller là et Yvon a les contacts pour peut-être nous y mener. »

En attendant, le père de famille ne s’ennuie pas avec Amanda, 5 ans, Tyler, 2 ans, et Alana, 4 mois, avec qui « ça va à 200 milles à l’heure ! ».

Qui est Sébastien Bouchard ?

  • Âge : 36 ans
  • De : Baie St-Paul
  • Fiche : 19-2-1 (8 K.-O.)
  • Premier combat professionnel : 17 décembre 2011

Ses plus importants combats :

  • 25 mars 2022 - Nulle contre Ricardo Lara (22-9-0)
  • 16 mars 2021 : Victoire par décision unanime contre Mario Pérez (20-7-5)
  • 23 novembre 2019 : Défaite par K.-O. T. (blessure à une épaule) contre Ayaz Hussain (13-1-0)
  • 1er décembre 2018 : Victoire par K.-O. T. contre Vitor Jones (15-2-0)
  • 20 octobre 2018 : Victoire par K.-O. contre Carlos Gorham (16-4-1)
  • 19 mai 2018 : Victoire par K.-O. T. contre Sladan Janjanin (24-2-0)