(Laval) Les spectateurs ont terminé la soirée sur le bout de leur siège, mais le combat final ne s’est pas conclu à l’avantage de la favorite locale.

Kim Clavel s’est vaillamment battue, mais elle s’est inclinée devant Yesica Nery Plata dans un combat d’unification des ceintures de championne mondiale des mi-mouches du WBC et de la WBA, vendredi soir, à la Place Bell de Laval.

Le visage tuméfié, Clavel n’a pu retenir ses pleurs en se présentant devant les journalistes quelques minutes après la première défaite de sa carrière à son 17e affrontement.

« Félicitations à Nery Plata, c’est vraiment une adversaire coriace, elle n’est pas championne du monde pour rien », a reconnu la Québécoise, qui perd ainsi son titre mondial du WBC à la première occasion après sa conquête en juillet.

« Je pense qu’on a donné un bon spectacle, mais ça a été un vendredi 13 pour moi… Blague à part, j’ai appris beaucoup dans ce combat-là. La vie, ce n’est pas toujours parfait. J’ai mon équipe derrière moi. »

On veut toujours être victorieux. J’aurais aimé aller prendre une bière à la Cage aux Sports, finalement je vais rentrer chez nous pour aller me mettre un peu de glace dans la face…

Kim Clavel

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Yesica Nery Plata se défend contre Kim Clavel

Première boxeuse de la province, tous genres confondus, à disputer un combat d’unification chez elle, l’athlète de 32 ans était émue d’apprendre que 4126 spectateurs s’étaient déplacés pour l’encourager, elle, la « p’tite Québécoise ».

Son entrée sur Where the Streets Have No Name, de U2, avec l’ancien champion mondial Lucian Bute à ses côtés, était à donner des frissons.

« J’ai boxé avec mon cœur, avec mes tripes », a noté la vaincue, comme si elle avait besoin de souligner l’évidence. « Je sais que je suis capable de faire encore mieux. C’est ce qui est beau dans ce sport-là. »

Possible revanche

Plus posée, plus précise, plus incisive, Nery Plata (29-2, 3 K.-O.) n’a pratiquement jamais laissé l’occasion à sa rivale de la toucher avec ses combinaisons.

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Yesica Nery Plata (à droite) a été plus précise et plus incisive durant le combat.

« Je sentais que c’était vraiment serré, a relaté Clavel. Parfois, c’était coup pour coup. Elle m’a tendu des pièges. Elle avait un bon crochet de gauche. J’aurais certainement pu être plus attentive en défensive. Je pensais peut-être à une nulle, j’espérais, mais bien honnêtement, je le sentais que j’avais peut-être perdu par un round ou deux. »

La native de Joliette a pris « le blâme sur [ses] épaules », se reprochant de ne pas avoir « livré la marchandise ».

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Yesica Nery Plata, nouvelle championne unifiée des mi-mouches du WBC et de la WBA

Nery Plata se félicitait d’avoir tiré avantage de son jab. « On savait qu’elle était rapide, il fallait vraiment connecter des coups de puissance pour être en mesure d’unifier les titres », a réagi la boxeuse de Mexico.

Son père et entraîneur a révélé qu’il avait fait perdre un peu de poids à sa fille, qui concédait près de quatre livres à sa rivale à la pesée, pour lui faire gagner de la vitesse. « Ça a payé ce soir. »

Nery Plata s’est dite disposée à accorder une revanche à Clavel, mais chez elle, au Mexique. La Québécoise n’avait pas envie d’y réfléchir tout de suite.

« On a donné tout un combat, ce n’était certainement pas plate, mais aujourd’hui, je ne pense pas à plus tard, je ne pense pas à une revanche, je veux juste décanter, prendre le temps de regarder mon combat et m’asseoir avec mon équipe. Je veux m’améliorer et corriger ces petites lacunes qui vont faire de moi une championne unifiée. »

Une « véritable fille de finale »

À ses côtés, son entraîneuse, Danielle Bouchard, a partagé sa fierté au sujet de la prestation de sa protégée. « On a perdu, mais on a perdu plus qu’honorablement. »

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Kim Clavel après l’annonce du verdict des juges

En début de conférence, Yvon Michel a souligné à quel point le duel avait été chaudement disputé, indiquant que « huit rounds étaient partagés sur dix » sur les cartes des juges. « Par moments, c’était presque irréel à quel point c’était intense, à quel point c’était un niveau élevé. »

Défaite ou pas, Clavel a démontré qu’elle était une « véritable fille de finale », a insisté le promoteur. « Peu importe qu’elle soit championne du monde ou pas, je suis convaincu qu’on va être capables [d’attirer] beaucoup de monde. On va prendre le plan B, tout simplement. »

Pour l’heure, à part la glace sur son visage, Clavel n’avait qu’une envie : manger les hot-dogs « steamés » qu’elle s’est promis samedi…

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