« Moi, je crois que Kim est de cette race-là. De cette race des athlètes qui vont utiliser ça pour être encore meilleurs dans l’avenir. »

« Ça », c’est un championnat du monde. Celui qui formule ces mots, c’est Yvon Michel.

Parce qu’avant même la victoire de Kim Clavel contre Yesenia Gómez vendredi soir, le promoteur avait en tête la suite des choses pour sa protégée.

« Elle, son objectif ultime, elle rêve de se battre dans un mégacombat à 15 000 personnes contre Seniesa Estrada », expliquait Michel, jeudi, après la pesée en vue du gala du lendemain.

Estrada vient de la Californie. Elle a 30 ans et possède une fiche immaculée de 22 victoires et 9 K.-O. La pugiliste était auparavant avec Golden Boy, mais vient de signer un contrat avec Top Rank.

J’ai déjà parlé avec Brad Jacobs, le PDG de Top Rank. Ils m’ont dit oui, et qu’ils voulaient les faire cheminer chacune de leur côté. Ça pourrait devenir un mégacombat [de la trempe] de celui entre Katie Taylor et Amanda Serrano.

Yvon Michel

Pour la petite histoire, Taylor et Serrano se sont affrontées en avril dernier dans un Madison Square Garden rempli. Et c’est Taylor qui a remporté cette bataille de tous les instants, conservant ses titres unifiés des poids légers.

« Ça pourrait devenir un combat de ce niveau-là, enchaîne le promoteur québécois. [Kim] carbure à ça. […] Son objectif, c’est éventuellement de faire l’histoire et remplir un grand amphithéâtre. On voudrait que ce soit ici, au Centre Bell. »

Top Rank connaît bien Kim Clavel puisqu’elle a déjà boxé lors d’un de ses évènements. Avec la confirmation de sa place parmi l’élite vendredi soir, « ça pourrait faire le combat », estime Michel.

« Pour aller chercher beaucoup de notoriété, il faut que tu rencontres des adversaires qui sont des vedettes dans leur division. Estrada pourrait devenir une grande vedette. Elle est tout près de réussir ça. Pour qu’elle arrive au niveau des Taylor et compagnie, elle a besoin de grands rivaux. Je pense que Kim peut être ça. Une grande rivale, mais qui pourrait aussi éventuellement la battre. »

« J’aime prendre l’escalier, pas l’ascenseur »

Même si Kim Clavel « l’envisage », elle veut « y aller une étape à la fois ».

« J’aime prendre l’escalier, je n’aime pas prendre l’ascenseur », a-t-elle lancé après sa victoire, vendredi soir.

Je veux vivre mon moment. Je veux être sur mon nuage. Je ne veux pas penser à mon prochain combat. Je viens de gagner mon premier championnat du monde. Dans une semaine, on va s’asseoir avec l’équipe et on va parler du prochain.

Kim Clavel

Mais elle convient que « quand on rentre dans la boxe, on ne le fait pas juste pour faire des petits combats ».

L’enjeu de la notoriété

Une option de revanche pour Yesenia Gómez est prévue dans le contrat.

« On en a déjà parlé » avec le clan mexicain, a souligné Yvon Michel, vendredi soir.

« Évidemment, ils sont déçus. Ils admettent aujourd’hui que Kim était supérieure à Gómez. Mais ils ne lancent pas la serviette. Ils disent qu’ils vont bien se préparer pour le combat revanche, quelque part au début de 2023. »

Jeudi, il convenait qu’en devenant championne du monde, « c’est comme si ton organisation grandissait de deux pouces ».

« Si tu es bien encadrée et que tu réussis à bien comprendre ce qui t’arrive, un champion obtient beaucoup plus de ressources, et des ressources financières, expliquait-il. Beaucoup plus d’intérêt. […] Tu peux capitaliser là-dessus parce que t’en as besoin pour les défis qui vont s’en venir. Rester champion, défendre ta couronne, le combat revanche, aller chercher cette victoire-là.

« Il y a des boxeurs qui ne sont pas capables de prendre cette nouvelle notoriété. […] Il y en a d’autres pour qui c’est le contraire. Ça leur permet de finalement s’installer. »

Il en a ajouté, vendredi soir.

« Ce que Kim ne réalise pas encore, c’est qu’elle est championne du monde pour le restant de ses jours. Le souvenir qu’elle va garder de son combat d’aujourd’hui, ça va être son plus grand souvenir de toute l’histoire de sa carrière. »