Antoine Gélinas-Beaulieu a récolté sa troisième médaille en trois jours, samedi, aux Mondiaux de patinage de vitesse longue piste

De nature fort sympathique, Antoine Gélinas-Beaulieu aime « donner un show ». Chaque fois qu’il est présenté à la foule avant une course aux Mondiaux de Calgary, il sourit de toutes ses dents et agite son poing dans les airs. Samedi, quand il a traversé la ligne d’arrivée du départ groupé en deuxième place pour devenir vice-champion du monde, ce sourire a atteint un degré supérieur, si une telle chose est possible.

Ce résultat représente bien plus que ce que l’on peut s’imaginer pour Gélinas-Beaulieu. Au bout du fil, une heure trente après la course remportée par le Belge Bart Swings, le Québécois a relaté ses dernières années à La Presse.

Aux derniers Jeux olympiques, le patineur avait atteint la finale du départ groupé, mais n’avait pu faire mieux qu’une 15place. « Je n’avais pas de contrôle sur la course. Je ne pouvais pas utiliser de stratégie ou ma vitesse parce que ça allait trop vite, il y avait plein d’attaques, c’était trop », se remémore-t-il.

Après les Jeux, il a réfléchi à son avenir. Était-ce le temps d’accrocher ses patins ? Il a décidé de continuer en mettant toute son énergie sur le départ groupé en vue des prochains Jeux, ceux de 2026. Dès la première course de la saison suivante, un « bris mécanique » l’a empêché de se qualifier aux Coupes du monde et aux Mondiaux.

« Ç’a été vraiment dur pour moi, ce moment-là. Je me suis beaucoup remis en question. »

Encore une fois, il s’est retroussé les manches. Cette année, il s’est qualifié. En Coupe du monde, la saison a été difficile au départ groupé. Gélinas-Beaulieu se concentrait donc sur l’apprentissage. Chaque fois qu’il s’alignait sur la ligne de départ, il avait un objectif « très simple », qu’il soit technique ou tactique. Le podium n’était qu’une arrière-pensée.

Graduellement, au fil des courses, il a senti ses atouts grandir. Son endurance s’améliorer.

PHOTO JEFF MCINTOSH, LA PRESSE CANADIENNE

De gauche à droite : Antoine Gélinas-Beaulieu, Bart Swings et Livio Wenger

« Tantôt, avant la finale, mon objectif, c’était le podium », lâche-t-il.

La « joie immense » qu’il ressentait, samedi, était donc liée au sentiment de contrôle qui l’habitait. Il se sentait en pleine possession de ses moyens, de ses outils, après plusieurs mois de travail, d’apprentissages et de patience.

J’ai commencé à me sentir maître de quelque chose, en contrôle. J’ai fait les bons moves aux bons moments, j’ai été intelligent, j’ai été assez endurant. J’ai eu le package que j’ai voulu avoir. Même si j’avais fini quatrième, que j’avais fait la même course, j’aurais eu la même expression au visage parce que je sais que j’ai fait une bonne course du début à la fin.

Antoine Gélinas-Beaulieu

Le Sherbrookois a carrément sauté sur le podium, le poing dans les airs. Le même grand, grand sourire au visage. À 31 ans, il sait qu’il a plus d’années de patinage derrière lui que devant. Ce résultat, qui s’ajoute à ses deux autres médailles au sprint et à la poursuite par équipes, lui permet de croire qu’il est « sur la bonne voie jusqu’aux prochains Jeux olympiques », dit-il.

« Je sais que dans ma carrière sportive, je suis en train de vivre mes plus belles années. J’en profite, je ne me mets pas d’attentes. Je suis là pour avoir du fun, continuer à apprendre, continuer à être inspiré et à inspirer. »

Si près

Laurent Dubreuil y a cru. Le Québécois a disputé sa meilleure performance sur 1000 m de la saison, samedi.

Jumelé au Polonais Piotr Michalski dans la troisième paire à s’élancer, il est apparu vif dès le départ. Il s’est donné une bonne avance dès le premier virage. S’il semblait souffrir au deuxième tour, il a traversé la ligne d’arrivée à 1 min 7,04 s. Un chrono qui se rapproche du meilleur temps de sa carrière sur cette distance, qui est de 1 min 6,76 s.

Après la course, Dubreuil a levé les deux poings dans les airs, hoché la tête et touché son cœur, autant de signes de sa satisfaction. Sauf que rien n’était gagné.

PHOTO JEFF MCINTOSH, LA PRESSE CANADIENNE

Laurent Dubreuil

« J’étais très détendu, je faisais juste ma meilleure course possible, a-t-il raconté à La Presse. Quand j’ai vu 1:07,04, je me suis dit : “ C’est étonnamment bon et ça a des chances. Ça se peut très bien que ça gagne le bronze, comme ça pourrait finir cinquième ou sixième aussi. ” Après ça, le stress montait graduellement à chaque paire, chaque personne qui passait proche et qui échouait. »

Dubreuil a occupé le premier temps provisoire pendant un bon moment.

Le champion du monde, Jordan Stolz, faisait partie de la dernière paire à s’élancer. Avant ce duel, Dubreuil était troisième temporaire ; ses chances de podium étaient donc moindres. Comme de fait, le prodige américain en a fait juste assez pour devancer tout le monde et défendre son titre, reléguant Dubreuil à la quatrième place.

« [J’ai] des sentiments partagés parce que je finissais par y croire. Mais si on m’avait dit que j’allais finir à 1 min 7,04 s [samedi], peu importe le résultat, j’aurais dit oui, absolument. […] Je n’étais pas dans la game pantoute cette année. »

Au final, les trois meilleurs gars ont gagné une médaille. Moi, j’ai fait ce que j’ai pu et je suis vraiment fier de ma course et de ma performance.

Laurent Dubreuil

Dubreuil tourne maintenant son attention vers les Championnats du monde de sprint, qui auront lieu dans trois semaines.

« J’ai vraiment hâte. Je vise encore une fois un podium et ce serait une super façon de couronner ma saison. Mais que j’en gagne ou pas là-bas, c’est quand même une très bonne année.

« Je ne rajeunis pas, à la limite je défie la logique en ce moment en gagnant une médaille dans la trentaine, observe Laurent Dubreuil. Chaque saison que je vais être capable de continuer de rester à ce niveau-là, de gagner une médaille et prétendre à des victoires, ce sera une saison satisfaisante à mes yeux. »

Valérie Maltais impliquée dans une chute

PHOTO RICK BOWMER, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Valérie Maltais

Valérie Maltais, une des favorites pour monter sur le podium au départ groupé après une saison exceptionnelle dans cette spécialité, a terminé la finale au tout dernier rang. La Sherbrookoise a chuté à environ trois tours de la fin à la suite d’une collision avec la Néerlandaise Irene Schouten.

« Je suis tombé à cause d’elle, a dit Maltais. Elle venait de l’extérieur pour essayer de se frayer un chemin dans le peloton et elle m’a coupé la route. C’est malheureux ce qui s’est passé. »

L’Ontarienne Ivanie Blondin, double championne du monde sur la distance, a fait plaisir à la foule en s’emparant de la médaille d’argent.