(Paris) Un dessert à la fraise contaminé par les médicaments pour le cœur de son grand-père pourrait expliquer le test positif à une substance interdite de la patineuse artistique russe Kamila Valieva, ont allégué ses avocats devant le plus haut tribunal du sport, mais celui-ci n’a pas cru cette version des faits et a imposé une suspension de quatre ans.

Le Tribunal arbitral du Sport (TAS) a publié mercredi un verdict de 129 pages rédigé par ses trois juges pour expliquer les motifs qui ont motivé l’imposition d’une suspension à Valieva la semaine dernière, dont le dossier de dopage, à l’âge de 15 ans, a semé la controverse aux Jeux olympiques de Pékin en 2022.

Le mot « fraise » s’est retrouvé 43 fois dans le document qui détaille les raisons pour lesquelles les juges ont refusé cette version des faits.

Les juges du TAS ont dû tenter de croire que le grand-père de Valieva « a accidentellement échappé une pilule dans le dessert qu’il préparait ou encore parce qu’il y avait des résidus d’un comprimé de [trimétazidine] sur la planche à découper qu’il a utilisée pour préparer le dessert. »

« Il y a trop d’incohérences dans la communication de la preuve, et trop de questions en suspens, pour que le comité décide que sa version est crédible », ont écrit les juges.

Valieva a testé positif à une substance interdite après avoir fourni un échantillon dans le cadre des Championnats russes de patinage artistique, le 25 décembre 2021. Les résultats du test n’ont pas quitté le laboratoire antidopage de Stockholm, en Suède, avant six semaines en raison des restrictions sanitaires attribuables à la pandémie de COVID-19. Ils ont plutôt été révélés pendant les Jeux de Pékin.

Les athlètes qui reçoivent un test positif à une substance interdite peuvent éviter une suspension s’ils parviennent à démontrer qu’ils l’ont ingérée de manière accidentelle.

Les avocats ont laissé entendre en cour que le grand-père de Valieva préparait un dessert à la fraise quelques jours avant la tenue des Championnats russes de patinage artistique, afin qu’elle puisse l’amener avec elle à Saint-Pétersbourg.

« Il n’y a aucune preuve – outre sa version des faits – qu’il peut fournir pour soutenir cette thèse, pouvait-on lire dans le verdict. Et il n’y a aucune autre preuve – outre sa propre version des faits – indiquant qu’il utilisait le TMZ [trimétazidine] à ce moment-là. »

Les juges du TAS ont donc suivi les recommandations de l’Agence mondiale antidopage, qui exigeait une suspension de quatre ans et l’annulation de ses résultats après qu’un tribunal russe eut blanchi Valieva de tout blâme.