Valérie Maltais avait déterminé deux conditions pour s’engager jusqu’aux Jeux olympiques de Milan : avoir toujours la passion et être prétendante au podium dans une distance individuelle. « Quand on y pense, trois ans, c’est long… », évaluait-elle avec La Presse pendant les derniers Championnats du monde, en mars.

Neuf mois et trois Coupes du monde plus tard, le doute a totalement disparu. À moins de deux ans et demi de l’échéance, la patineuse de vitesse de La Baie sait qu’elle se rendra jusqu’en 2026. Si tout se passe comme prévu, elle participera alors à ses cinquièmes Jeux olympiques, les deuxièmes en longue piste après trois en courte piste.

« Je suis fixée, là ! », a pouffé Valérie Maltais à la fin d’une entrevue qu’elle a faite de la Pologne, mercredi. « On continue jusqu’au bout, bien oui ! »

En février 2026, elle aura 35 ans, soit l’âge actuel de Martina Sáblíková, double médaillée d’or à Vancouver, où la Québécoise a vécu son baptême olympique en 2010. La légendaire patineuse tchèque, 16 titres mondiaux à son actif, a remporté le 5000 m à la dernière Coupe du monde de Stavanger, en Norvège, dimanche.

Maltais s’est classée quatrième de la même épreuve, le meilleur résultat de sa carrière sur la distance – la plus longue pour les femmes –, qui lui fait pourtant « extrêmement peur ». Pour se rassurer, elle avait échangé avec sa compatriote Isabelle Weidemann, la veille. La reine canadienne des Jeux de Pékin était rentrée précipitamment à la maison pour se relancer en vue des prochains Mondiaux de Calgary, en février.

« C’est la première fois qu’elle n’est pas avec moi en Coupe du monde. On tient parfois les personnes un peu pour acquises. Elle est excellente sur cette distance et je voulais avoir quelques conseils de sa part. J’avais besoin d’un petit pep talk de ma queen ! »

« Je suis capable de faire ça »

Ultime paire avec la jeune Norvégienne Ragne Wiklund, vice-championne mondiale en titre, Valérie Maltais avait eu l’occasion d’observer les chronos au tour de ses concurrentes. « Les temps des filles avant moi, je n’en avais pas peur. Je me suis présentée à la ligne en me disant : “Je suis capable de faire ça”. »

En Wiklund, double médaillée d’or et d’argent aux derniers Mondiaux par distance, Maltais se retrouvait avec une partenaire dont elle apprécie le dynamisme au départ et la faculté à maintenir le rythme jusqu’à la fin.

Isabelle Weidemann lui avait rappelé l’essentiel : « Un 5000 m, c’est la même chose qu’un 3000 : les premiers tours sont faciles, tu en remets un peu par la suite, et après, c’est black-out, tu grind jusqu’à la fin ! »

De fait, Maltais a vu double, apercevant un « 8 » au lieu d’un « 6 » sur le compte-tours… Pourtant, rien n’y paraissait sur la glace.

Poussée par les encouragements énergiques de son entraîneur Gregor Jelonek, elle ne s’est jamais désunie, suivant la cadence de Wiklund pendant la majorité de la course, lui reprenant même 0,60 s sur la dernière boucle de 400 m. L’ancienne des F-18 de La Baie a raté le bronze par exactement deux secondes, mais sur un effort d’un peu plus de sept minutes, la médaille semble de plus en plus accessible. Septième au Japon et cinquième à Pékin sur 3000 m, elle occupe dorénavant le troisième rang ex æquo au classement cumulatif des longues distances en Coupe du monde.

Deux jours plus tôt, Maltais a remporté l’argent à l’épreuve de départ de groupe à l’issue d’une échappée avec la Néerlandaise Irene Schouten et l’Américaine Mia Kilburg-Manganello, respectivement première et troisième. Deux semaines plus tôt, elle a arraché le bronze au sprint à Pékin, première fois qu’elle reposait les lames à l’Anneau national olympique depuis sa médaille d’or à la poursuite par équipe avec Weidemann et Ivanie Blondin.

PHOTO CARINA JOHANSEN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

La patineuse de vitesse Valérie Maltais (à gauche) a remporté l’argent à l’épreuve de départ de groupe, vendredi dernier.

À la veille de la quatrième Coupe du monde de Tomaszów Mazowiecki, en Pologne, Maltais détient dorénavant le bonnet jaune de meneuse au classement du départ de groupe, une première pour elle.

Toujours animée par « le feu » qui l’a propulsée dans l’équipe canadienne de patinage de vitesse sur courte piste à l’âge de 17 ans, Valérie Maltais est plus convaincue que jamais qu’un podium olympique individuel à Milan est de l’ordre du possible.

« En même temps, plus je vieillis, plus je me rends compte que ce ne sont pas les médailles qui me définissent. Je ne fais qu’apprécier chaque moment que je vis actuellement. Je suis en forme, motivée à l’entraînement et je voyage à travers le monde. Je communique avec tout l’entourage du patin, avec les plus jeunes aussi. »

Elle ose parler d’un « bonheur de patiner » : « Ça fait juste m’enlever de la pression… en mettant de la pression. Je ne sais pas si ça a du sens ! Je sais que je veux bien performer, mais simplement en appréciant ce que je fais tous les jours. Ça rend la tâche beaucoup facile. »

A-t-elle déjà été aussi heureuse dans le sport de haut niveau ? « Je suis pas mal au summum présentement. Je n’ai jamais ressenti ça en courte piste, ça, je peux le confirmer. »

Béatrice Lamarche en renfort pour la poursuite

PHOTO YAN DOUBLET, ARCHIVES LE SOLEIL

Béatrice Lamarche

Valérie Maltais aura un programme chargé à partir de vendredi en Pologne : 3000 m vendredi, 1500 m et poursuite par équipe samedi, départ de groupe dimanche. Fait à noter : en l’absence de Weidemann, Béatrice Lamarche se joindra à la poursuite. L’athlète de 25 ans sera la deuxième du trio derrière Maltais et devant Blondin. Comme au Japon, où elles ont fini deuxièmes derrière les Japonaises, les championnes olympiques et mondiales en titre adopteront une stratégie sans changement de position sur l’épreuve de 2400 m. Médaillée d’or à cette épreuve aux Championnats des Quatre continents en décembre, Lamarche, 25 ans, s’est familiarisée avec la nouvelle tactique lors d’entraînements préalables à l’Anneau de glaces de Québec. « Comme je lui ai dit : ce n’est pas parce qu’on a une équipe différente que nos attentes sont moins élevées », a prévenu Maltais à l’intention de sa compagne de chambre. « En fin de semaine, on est capables de viser aussi haut. »