Les athlètes du Yukon sont ceux qui ont remporté le plus de médailles à la 26e édition des Jeux d’hiver de l’Arctique qui se sont conclus samedi à Fort McMurray, en Alberta, après une semaine d’épreuves. Au total, 1700 participants répartis en 8 délégations ont pris part à la compétition, dont le Nunavik, le Nunavut, le Groenland, l’Alaska et le Yukon. Les athlètes de la péninsule du Yamal en Russie étaient exclus cette année à cause de la guerre en Ukraine.

Plusieurs disciplines étaient au programme. Des sports connus comme le curling, le patinage artistique ou le basketball. Mais aussi des disciplines traditionnelles inuites comme les « sports arctiques » et les « jeux dénés », soient des épreuves d’habiletés physiques et mentales.

Par un froid soir de novembre dernier, lors d’un passage au Groenland, La Presse avait rencontré l’équipe nationale des Jeux d’hiver arctiques qui s’entraînait dans un petit gymnase de la capitale, Nuuk. La troupe fondait beaucoup d’espoirs sur sa vedette locale, Steffen Knulst. Le jeune homme de 27 ans n’aura pas déçu : il a terminé 3e de sa division au classement général des « sports arctiques » à Fort McMurray en remportant cinq médailles.

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Steffen Knulst (à gauche) à l’entraînement

Ancienne enseignante d’éducation physique, professeure de psychologie et de musique et réalisatrice, Dida G. Heilmann suit l’équipe du Groenland depuis des mois. Selon elle, les sports arctiques et les jeux dénés sont trop peu connus à travers le monde. « Il faut faire connaître notre sport. C’est notre culture. Même ici au Groenland, c’est trop peu connu », dit-elle.

Mme Heilmann explique que pour plusieurs jeunes Inuits qui vivent dans des milieux où les enjeux sociaux sont importants, prendre part aux sports arctiques est « une façon de se retrouver ». Sans s’étendre sur le sujet, Steffen Knulst reconnaît que c’est son cas. « J’ai un passé criminel. J’ai consommé de la drogue. Mais en 2012, un ami m’a fait découvrir le sport. Ma vie a changé », dit le jeune homme.

La fierté par le sport

Les sports arctiques consistent en 15 épreuves distinctes. Dont plusieurs de sauts où les athlètes doivent atteindre avec leur pied ou leur main un morceau de phoque pendant au bout d’une corde à différentes hauteurs. Il y a également une épreuve de triple saut et une autre où les participants doivent s’agenouiller avant de bondir le plus loin possible (saut à genoux).

  • Le saut à un pied

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    Le saut à un pied

  • L’objectif est d’atteindre un morceau de phoque au bout d’une corde, ici avec un pied.

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    L’objectif est d’atteindre un morceau de phoque au bout d’une corde, ici avec un pied.

  • Le morceau de phoque est placé à différentes hauteurs, selon les épreuves.

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    Le morceau de phoque est placé à différentes hauteurs, selon les épreuves.

  • Le saut à genoux consiste à bondir le plus loin possible.

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    Le saut à genoux consiste à bondir le plus loin possible.

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Des épreuves de force sont aussi au programme des sports arctiques. Pour le tir de la tête, deux concurrents sont étendus sur le ventre et se font face. Ils doivent passer une bande de tissu autour de leur tête et au signal de l’arbitre, tirer le plus fort possible. Le premier qui lâche perd. Steffen Knulst est particulièrement fort dans cette épreuve : il a remporté la médaille d’or cette semaine à Fort McMurray.

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Steffen Knulst à l’entraînement pour l’épreuve de tir de la tête

Le jeune homme a également remporté, entre autres, une médaille d’argent en saut en hauteur à deux pieds en atteignant une cible à 238,8 cm, une médaille d’argent au triple saut (9,94 mètres) et une médaille de bronze au saut en hauteur à un pied (274,3 cm).

Dida G. Heilmann explique que chaque épreuve des sports arctiques et des jeux dénés a une signification et tire son origine de compétences autrefois utiles pour les peuples vivant dans le Nord. Une épreuve des jeux dénés consiste en un tir au bâton graisseux où les participants doivent tirer le plus fort possible sur un bâton enduit de graisse. « Ça reproduit le fait de tenter de saisir un poisson à mains nues », explique Mme Heilmann. Le saut à genoux est pour sa part « comme si vous étiez assis sur la glace et que vous deviez vous sauver rapidement parce que ça casse », ajoute-t-elle.

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Des athlètes à l’entraînement

L’épreuve la plus difficile des sports arctiques est sans contredit le saut sur jointures où les athlètes doivent se positionner comme s’ils allaient faire des pompes et avancer le plus loin possible en sautant sur leurs jointures. Le gagnant de cette année, Chris Stipdonk des Territoire du Nord-Ouest, a parcouru ainsi 57,3 mètres.

Pour Mme Heilmann, ce qui est formidable avec les Jeux d’hiver arctiques est l’esprit de camaraderie qui y règne. « Tout le monde s’encourage, se donne des trucs. On est en compétition. Mais en même temps, on veut s’aider », dit-elle. Les prochains Jeux d’hiver arctiques auront lieu en 2024 en Alaska.

Les Jeux d’hiver arctiques en bref

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Le saut à genou

  • Équipes : Yukon, Territoires du Nord-Ouest, Nunavut, Nunavik, Groenland, Alaska, Nord de l’Alberta, Sapmi (soit les peuples autochtones de Norvège, de Suède et de Finlande)
  • Épreuves : 20 sports dont le ski alpin, le tir à l’arc, le basketball, le volleyball, le patinage artistique, le futsal, les sports arctiques et les jeux dénés
  • Où : dans la municipalité régionale de Wood Buffalo, en Alberta, dont la localité principale est Fort McMurray
  • Quand : les Jeux se sont tenus du 29 janvier au 4 février.

Classement final

  1. Yukon
  2. Alaska
  3. Nord de l’Alberta
  4. Territoires du Nord-Ouest
  5. Groenland
  6. Nunavut
  7. Nunavik
  8. Sapmi