Il y a gagner. Et il y a gagner en ouverture de saison, sur ta piste chouchou, avec un écart de quatre points sur ton grand rival.

Mikaël Kingsbury a dévalé la piste comme lui seul peut le faire, samedi à Ruka, en Finlande. La fierté de Deux-Montagnes a amorcé sa 13saison sur le circuit de la Coupe du monde avec son 105podium et sa 75victoire en carrière.

« J’étais en haut de la piste et je me disais : c’est spécial, j’ai 30 ans, je suis encore là, je pars dernier en super-finale dans ma piste préférée et j’ai un bon feeling en dedans de moi », a lancé le king des bosses, encore dépeigné et attendant de faire son test antidopage – un processus normal.

La journée a été quasi parfaite. Le Québécois s’est levé « du bon pied », a connu un bon entraînement et sentait qu’il « allait bien performer ». « Je l’ai tellement fait souvent ici que j’ai mes repères », a-t-il rappelé.

PHOTO JUSSI OVASKAINEN, AGENCE FRANCE-PRESSE

Mikaël Kingsbury, samedi, à Ruka

Malgré une « petite erreur » dans son premier saut en qualifications, Kingsbury a pris le premier rang. Idem en finale. Il était donc le dernier à s’élancer en super-finale, un avantage non négligeable. Juste avant lui, son principal opposant, le Japonais Ikuma Horishima, venait de prendre les devants avec 80,48 points. Un score considérablement moins élevé que ce que Kingsbury avait réussi un peu plus tôt, en finale.

« Je me suis dit : suis ton plan de match. Je savais que peu importe ce que les gars faisaient, c’était ça que j’allais faire. »

« Sans dire que ça m’a fait sourire, j’ai entendu qu’il n’y avait pas de score qui était près de ce que j’avais fait, la descente d’avant. […] Dans ma tête, c’était moi contre moi. Je me disais : si je suis capable d’accoter ce que j’ai fait avant, ça va le faire. Et c’est ce que j’ai fait. »

Son exécution impeccable, combinée à une excellente vitesse, lui a permis d’obtenir 84,50 points et de l’emporter avec un écart notable de plus de quatre points sur Horishima. L’Australien Matt Graham a pris le troisième rang avec ses 80,12 points.

Ça part bien la saison. J’ai le momentum. C’est cool de reconfirmer à soi-même que t’es le top.

Mikaël Kingsbury

Cette victoire, c’est sa 10e en carrière sur la piste finlandaise, sa huitième en simple. Il avait d’ailleurs des spectateurs spéciaux qui l’attendaient au bas de la piste. Ses parents avaient fait le voyage avec lui.

« Ils n’arrêtent pas de me dire que c’est magique ici dans le nord de la Finlande. Et ils sont allés en Estonie. Les avoir en bas de la piste et performer comme ça, c’est la cerise sur le sundae. »

« Un bon message »

Quelques semaines avant que ne s’amorce la saison, Mikaël Kingsbury affirmait à La Presse que « [s’il] avait à parier, [il] parierait sur [lui] » encore cette année, même s’il est plus âgé que ses adversaires. Samedi, il a démontré pourquoi.

« À chaque nouveau cycle, je trouve que ça envoie un bon message, dit-il. Tu commences un cycle et Kingsbury est encore là. Il n’est pas là juste pour show up. Je suis là pour performer. »

L’athlète de 30 ans prendra maintenant la direction d’Idre Fjäll, en Suède, pour la deuxième Coupe du monde de la saison, qui aura lieu les 10 et 11 décembre.

C’est à moi d’essayer d’avoir des journées comme celle-là le plus souvent. Quand je me sens bien comme ça, c’est là que je deviens difficile à battre et que je deviens ultra-constant.

Mikaël Kingsbury

En Suède, il aura un autre rival à affronter, le Suédois Walter Wallberg, qui l’a battu en finale des Jeux olympiques de Pékin. Ce dernier était absent à Ruka en raison d’une blessure, mais devrait être présent pour le prochain rendez-vous, croit Kingsbury.

« Ikuma et moi, on vient de prendre un petit avantage sur lui, évoque-t-il. On va être durs à dépasser, c’est sûr. »

Les autres Canadiens

Aucun autre Canadien n’a atteint la super-finale. Le Québécois Gabriel Dufresne a bien fait avec une 11place. Chez les femmes, Laurianne Desmarais-Gilbert a bien failli prendre part à la finale avec sa 18position. La Canadienne Maia Schwinghammer a terminé au 19rang.