Des vents de près de 40 kilomètres à l’heure n’ont pas empêché Lara Gut-Behrami de s’exprimer pleinement. La championne du monde en titre en slalom géant a renoué avec la victoire, samedi à Killington, alors que plusieurs doutaient de sa capacité à remonter sur la plus haute marche du podium. Comme quoi il peut être payant de croire en soi-même.

Nul ne peut remettre en question le talent indéniable de la Suissesse de 31 ans. Elle mène une carrière à faire rêver, mais il est vrai qu’elle s’est davantage illustrée en vitesse qu’en technique au cours des dernières années. Avant sa victoire de samedi au Vermont, son dernier triomphe en géant remontait à octobre 2016, à Sölden.

Elle avait quand même remarqué une nette progression dans cette épreuve au cours des deux dernières saisons. « Je n’ai peut-être pas gagné de titre, mais je m’améliorais à chaque course », a estimé la gagnante après la compétition.

Cette progression a atteint son paroxysme il y a près deux ans. Lors des Mondiaux de Cortina d’Ampezzo, elle a remporté à la surprise générale le titre mondial devant de grosses pointures en technique comme Mikaela Shiffrin et Katharina Liensberger. Cinq jours auparavant, elle avait aussi remporté l’or en Super G.

Toutefois, à Killington, lieu magique de tous les possibles, Gut-Behrami a profité d’une piste permissive pour défier tous les pronostics.

Une performance remarquable, d’autant qu’elle n’avait jamais fait mieux qu’une 19place sur cette montagne. Elle a expliqué après la course qu’elle a souvent de la difficulté à skier avec le vent et qu’elle a rarement un bon ressenti sur la neige du Vermont.

Elle a ramené le troisième temps de la première manche et était en excellente position pour viser le podium. Même si Shiffrin s’était tiré dans le pied avec une descente en deçà de ses standards habituels, d’autres géantistes de renom pouvaient prétendre au trône.

Les géantistes mordent la poussière

L’ambiance était survoltée, le soleil réchauffait la piste et le tracé était manœuvrable pour les skieuses en début d’après-midi. La plupart d’entre elles ont parlé de « conditions parfaites ».

Des skieuses inattendues comme Maryna Gasienica-Daniel et Roberta Melesi ont imposé un certain standard, mais dans le dernier tiers des départs, les meneuses se sont succédé comme les rabais du Vendredi fou.

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Maryna Gasienica-Daniel

Tessa Worley a skié proprement, mais de manière un peu trop prudente. Liensberger a été plus directe en favorisant la vitesse plutôt que la technique. Marta Bassino a été extrêmement fluide entre les drapeaux et elle a offert une performance sans faille. « J’ai essayé d’attaquer, sans trop réfléchir. Je savais que j’avais bien réagi à l’entraînement. » Elle-même semblait croire qu’elle serait intouchable avec le cri de satisfaction qu’elle a poussé à l’arrivée.

Son tour venu, Gut a failli s’emmêler les spatules entre les premières portes en ramenant un peu trop son équilibre vers l’arrière, mais elle s’est bien reprise pour ramener un chrono de 51,36 secondes, le septième temps de la deuxième manche. Heureusement, elle avait mieux réagi en première descente, alors que les deux tracés étaient extrêmement différents.

La première manche était plus lente, et habituellement, je n’aime pas ça. Je suis vraiment fière d’avoir pu skier à ce niveau dans des conditions si opposées.

Lara Gut-Behrami

La Suissesse a été offensive tout en conservant son élégance habituelle. Elle a été la dernière à voir son temps virer au vert en arrivant au bas de la piste.

Sara Hector, la meneuse après une manche, s’est effondrée et a terminé au troisième rang.

Une journée à oublier pour le Canada

Sur quatre Canadiennes à avoir pris le départ, aucune ne s’est qualifiée pour la deuxième manche.

Valérie Grenier représentait le plus bel espoir de l’équipe nationale, mais une chute dans la première section du parcours a mis fin à sa journée abruptement. Il s’agit d’une autre journée difficile pour la skieuse de Tremblant à Killington, qui avait aussi chuté en 2018.

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Valérie Grenier

Britt Richardson a raté la qualification par deux centièmes de seconde en finissant au 31rang. De son côté, la Québécoise Sarah Bennett a pris la 41position. Il s’agissait de son quatrième départ de Coupe de monde en carrière.

Comme Grenier, Cassidy Gray a chuté lors de sa première descente.

Après trois courses complétées, c’est toujours Mikaela Shiffrin qui mène au classement général, suivie de sa rivale Petra Vlhová et de Sara Hector.

L’action reprendra dimanche à Killington avec la présentation du slalom féminin.