Pour la première fois en 15 ans, aucune des sœurs Dufour-Lapointe ne participera au circuit de la Coupe du monde de bosses. En effet, Justine a informé l’équipe canadienne qu’elle passerait son tour cette saison. Son avenir dans le sport qui lui a valu deux médailles olympiques, dont une en or, paraît également incertain.

« Je ne peux que confirmer que Justine nous a dit qu’elle ne skiait pas avec notre équipe cette saison », a écrit le directeur haute performance de Freestyle Canada Todd Allison, vendredi.

La fédération a officiellement annoncé la composition de l’équipe canadienne le 18 octobre. Justine Dufour-Lapointe, 28 ans, n’en fait donc pas partie. Elle n’a simplement pas signé d’entente avec Freestyle Canada. Elle n’a participé à aucune activité de l’équipe depuis la dernière épreuve de Coupe du monde à Megève, le 19 mars.

Son entraîneur Michel Hamelin n’est pas surpris. « Je le savais, elle m’avait dit : “Mike, c’est sûr que je ne reviens pas en ski de bosses”, a-t-il expliqué jeudi matin. Mais on dirait qu’elle a gardé son statut en attente. »

La seule affaire que je peux dire, c’est qu’elle ne skiera pas de bosses, ça, c’est sûr.

Michel Hamelin

Le coach responsable du programme de la Coupe du monde pour l’équipe canadienne va plus loin, précisant qu’il ne croit pas que la championne olympique de 2014 revienne un jour dans la discipline.

Victime d’une chute dramatique à la première descente de la finale des Jeux de Pékin, en février dernier, la benjamine des trois sœurs Dufour-Lapointe avait laissé planer le doute sur l’éventualité qu’elle tente sa chance pour ses quatrièmes Jeux olympiques, en 2026.

Au bas de la pente ce soir-là, Hamelin n’avait pas caché son souhait de voir sa talentueuse athlète poursuivre sa route. « Justine est encore jeune, il y avait donc une possibilité qu’elle reste », a-t-il exprimé jeudi.

Sa chute était une anomalie pour cette skieuse vive comme un chat, a souligné le technicien.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Justine Dufour-Lapointe aux Jeux olympiques de Pékin, en février dernier

« Justine est arrivée en Chine encore plus prête [qu’en 2018 à PyeongChang]. Sa descente était vraiment une amélioration de ce qu’on avait fait en Corée. […] C’est rare qu’elle tombe. Aux Jeux olympiques, elle a poussé et s’est dit : “Moi, je sors de mes culottes et j’y vais.” C’est une chose dont je suis très fier d’elle. »

Hamelin la décrit comme un « tigre » qui sait élever son niveau dans les grands moments.

En plus de son titre olympique à Sotchi, où sa sœur Chloé l’a accompagnée sur la deuxième marche du podium, Justine a remporté l’argent en 2018. Elle s’est également distinguée avec quatre médailles à quatre championnats du monde consécutifs, dont l’or en simple et l’argent en parallèle à Kreischberg (Autriche) en 2015.

C’est sûr que c’est une perte pour l’équipe, mais je sens que dans les dernières années, elle s’est battue pour rester motivée. Les Jeux l’ont vraiment remotivée. Là, je pense qu’il y a un lâcher-prise et elle a décidé de faire quelque chose d’autre.

Michel Hamelin

En réflexion

Selon les échos entendus par l’entraîneur, Justine Dufour-Lapointe caresserait le projet de prendre part un jour à des compétitions de freeride en haute montagne. La Québécoise a d’ailleurs diffusé quelques vidéos sur Instagram où elle s’exécutait dans cette discipline lors d’un voyage récent en Nouvelle-Zélande.

Son agent Alex Pouliot a refusé de parler de « retraite » pour sa cliente. Il a simplement confirmé vendredi qu’elle ne participerait pas au circuit de la Coupe du monde de bosses, cet hiver, et qu’elle n’écartait pas un retour. Elle est en réflexion, s’est-il contenté de dire. Il a laissé entendre qu’elle en aura plus à annoncer prochainement. La principale intéressée n’était pas disponible pour une entrevue.

En plus de ses médailles aux Olympiques et aux Mondiaux, Dufour-Lapointe a pris 117 départs en Coupe du monde depuis ses débuts en 2010, grimpant sur le podium à 49 reprises, pour une moyenne de succès remarquable de près de 42 %. Seule Jennifer Heil la devance à ce chapitre au Canada avec 58 podiums en bosses. Elle a signé en tout 15 victoires ; la dernière remonte à février 2020 sur le parcours relevé de Deer Valley (Utah), où elle a souvent connu de bons moments.

Meilleure Canadienne à Pékin avec le neuvième rang, Chloé a confirmé sa retraite à 30 ans le 14 septembre. Elle poursuit des études en gestion et design de la mode à l’UQAM. Pour sa part, l’aînée, Maxime, a accroché ses skis en 2018. Étudiante en médecine à l’Université de Montréal, elle a agi comme mentore aux athlètes canadiens aux Jeux de Pékin.

La première tranche de la Coupe du monde 2022-2023 de la Coupe du monde de ski acrobatique est programmée à Ruka, en Finlande, les 3 et 4 décembre.

Sofiane Gagnon absente

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Sofiane Gagnon

Sofiane Gagnon, skieuse d’avenir du programme féminin, fait toujours partie de l’équipe canadienne, même si elle ne disputera aucune course cet hiver. La Britanno-Colombienne de 23 ans poursuivra l’entraînement, mais elle souhaitait s’offrir une pause après deux années chargées qui l’ont menée au 12e échelon aux Jeux olympiques de Pékin, a fait savoir l’entraîneur Michel Hamelin. De son côté, Valérie Gilbert a décidé de ranger ses skis pour de bon afin d’entrer dans la GRC. La Québécoise de 24 ans a participé à 30 épreuves de Coupes du monde, enregistrant une huitième place comme meilleur résultat, à Tremblant, en 2020.