Le succès de l’équipe féminine canadienne de patinage de vitesse sur courte piste repose essentiellement sur Kim Boutin et Courtney Sarault. Soufflées par le potentiel de leurs coéquipières, les deux patineuses voient plus loin.

La Coupe du monde de patinage de vitesse sur courte piste de Montréal marque le début d’un nouveau cycle olympique. Même si elle souhaite gâter ses partisans pour entamer la saison, l’équipe féminine canadienne cherche à s’améliorer, quitte à prendre le risque de changer une recette gagnante.

Kim Boutin a terminé en deuxième position du classement général au 500 m la saison dernière. Elle a aussi défendu sa médaille de bronze aux Jeux olympiques de Pékin en février. Son succès sur cette distance est pratiquement une certitude.

Or, elle a décidé de faire l’impasse sur cette épreuve pour la première compétition de la saison. Elle participera en revanche aux deux courses sur 1000 m. Son plan est clair et réfléchi : « Mon objectif est d’être la meilleure possible dans quatre ans », a souligné l’athlète de 27 ans après la première journée de qualifications, vendredi, à l’aréna Maurice-Richard.

Elle a remporté ses deux vagues avec aisance. La Sherbrookoise n’a plus rien à prouver au 500 m, alors elle compte profiter de chaque occasion de patiner sur 1000 m, notamment pour peaufiner sa stratégie et sa technique de dépassement. Au 500 m, où le temps et l’espace pour dépasser sont moindres, elle a l’habitude de mener la course. Donc patiner dans deux courses sur 1000 m au cours du week-end est la solution idéale pour faire les apprentissages souhaités. « C’est de la stratégie à long terme », a-t-elle précisé.

Boutin veut tout de même éviter se de dénaturer. « J’ai quand même beaucoup de choses à travailler au 500 m, donc je ne l’oublie pas. » Elle sera d’ailleurs sur la ligne de départ de la prochaine épreuve à Salt Lake City.

La nouvelle garde

PHOTO ANTOINE SAITO, SPORTCOM

Danaé Blais

Les amateurs auront la chance de découvrir des visages qui leur sont peut-être moins familiers cette fin de semaine. Si Boutin est la favorite de la foule et que Courtney Sarault est devenue une valeur sûre, Danaé Blais, Rikki Doak, Renee Marie Steenge et Claudia Gagnon sont à découvrir.

Toutes ces patineuses sont au tournant de la vingtaine et même si Sarault est dans la même tranche d’âge, elle joue déjà un rôle de leader au sein de ce groupe bourré de potentiel.

« Je suis jeune, mais je sens que j’ai un rôle à jouer », a souligné celle qui a terminé troisième au classement général du 1500 m la saison dernière.

À 22 ans, la Néo-Brunswickoise s’est déjà fait un nom sur le circuit et ses résultats parlent d’eux-mêmes. Ils compensent, d’une certaine manière, sa jeune expérience.

Elle comprend que ses coéquipières, qui sont moins reconnues sur la scène internationale, peuvent s’identifier à elle. L’inverse est aussi vrai : « J’aime leur tendre la main, parce que j’étais dans leur position il n’y a pas si longtemps. »

De son côté, Boutin est ravie de pouvoir côtoyer cette relève, car elle peut l’épauler et la guider, mais aussi parce qu’elle sait que rien n’est acquis. Elle sent que ses jeunes coéquipières lui soufflent dans le cou et pour une vétérane, il n’y a rien de plus stimulant. « À l’entraînement, l’ego est mis à l’épreuve. Je ne suis pas parfaite, j’ai beaucoup de choses à travailler. Et c’est confrontant de travailler sur ses faiblesses et de montrer cette vulnérabilité à l’entraînement », a ajouté Boutin.

PHOTO YAN DOUBLET, ARCHIVES LE SOLEIL

Steven Dubois

Steven Dubois a aussi noté à quel point l’équipe était talentueuse lors des Championnats canadiens, il y a quelques jours. « C’était tellement serré chez les filles ! C’était plaisant, parce que toutes les filles étaient dans le coup. »

Le triple médaillé olympique, qui a lui aussi tiré son épingle du jeu lors de la première journée, estime que cette effervescence est bénéfique non seulement pour l’équipe féminine, mais pour toute la formation canadienne. Ça leur donne une motivation supplémentaire, admet-il.

Même si chacune des athlètes veut franchir la ligne d’arrivée en premier, l’atmosphère qui règne au sein de cette brigade permet d’être optimiste pour l’avenir. Pour Sarault, si tout le monde marche dans la même direction, le succès ne se fera pas attendre : « Tout le monde a un rôle particulier, mais tout le monde a le même but. Tout le monde aime gagner. »

Si la victoire est le moteur de chaque poussée, cette équipe carbure davantage à la chimie qui opère au sein de ses membres, car sans victoire il n’y a pas de grande équipe, mais sans grande équipe il n’y a pas d’espoir.