Audrey McManiman a récolté en 2022 ce qu’elle avait semé il y a longtemps déjà. Elle est aujourd’hui une olympienne, membre à temps plein de l’équipe canadienne et l’une des meilleures au monde dans sa discipline. C’est le temps des vendanges avant un repos forcé.

Le temps est une unité de mesure particulière pour la planchiste. À 27 ans, elle gagne désormais sa vie grâce au surf des neiges et elle en est comblée. L’année formatrice qu’a été 2022 est passée comme un coup de vent et la saison 2023 pourrait être celle de l’abondance.

Un hiver de triomphe

Audrey McManiman dresse un bilan très positif de la dernière saison.

Au départ de celle-ci, son principal objectif était de réaliser au moins un top 5 en Coupe du monde. Une cible bien modeste, a posteriori, lorsqu’on s’attarde à ses statistiques. Non seulement l’athlète de Saint-Ambroise-de-Kildare a terminé troisième et quatrième à ses deux dernières courses de la saison, mais elle a surtout conclu celle-ci au cinquième rang du classement général.

La planchiste a aussi participé à ses premiers Jeux olympiques, mais ce qu’elle retient davantage est de s’être fait confiance et d’avoir réussi à braver les moments de turbulences.

« J’ai obtenu mon meilleur résultat la semaine pendant laquelle ça allait le moins bien de toute l’année », a-t-elle expliqué quelques minutes après la fin d’un entraînement à l’Université Laval. La performance en question est sa troisième place acquise à Reiteralm, en Autriche. Il s’agissait de son premier podium en carrière.

Avec ses résultats, elle est parvenue à s’imposer. Elle dégage d’ailleurs une confiance insoupçonnée qui s’est forgée à travers un enchaînement de bons résultats. « Mentalement, je me sentais intimidée dans la grille de départ, a confié McManiman. Je ne me sentais souvent pas à la hauteur et j’avais de la misère à me le prouver. J’ai finalement réussi à le faire et ça fait du bien. »

PHOTO TIRÉE DU COMPTE FACEBOOK D’AUDREY MCMANIMAN

Audrey McManiman

Un été formateur, un automne de possibilités

McManiman a passé une grande partie de son été sur son vélo de montagne à sillonner et défier les différentes pistes du Québec. Quand elle n’était pas sur deux roues, elle était dans le gymnase. Elle ne s’est pas accordé de vacances. « Je n’ai pas arrêté. J’ai vraiment tout misé sur mon entraînement. »

Un entraînement qui, espère-t-elle, sera bénéfique pour la saison à venir.

Avec la fin de saison qu’elle a connue, elle est impatiente de reprendre le collier. Elle refuse toutefois de se mettre trop de pression sur les épaules. Elle n’a pas envie que ses bons résultats se transforment en attentes malsaines qu’elle doit absolument dépasser. Elle veut davantage s’en servir comme motivation, car elle sait que maintenant, tout est possible.

Si je fais la demi-finale à ma première course, je vais être contente […], mais je vise encore un top 5 au classement général.

Audrey McManiman

Cette nouvelle saison marque aussi le début d’un nouveau cycle olympique. Encouragée par ses entraîneurs, elle est motivée à se rendre en Italie, en 2026, à 31 ans. « Là, j’ai le goût de faire un autre quatre ans. » Elle réétudiera l’idée chaque année, mais pour l’heure, elle se sent d’attaque physiquement et mentalement.

McManiman est au sommet de son art et elle profite enfin de la vie qui lui convient. « Je peux enfin vivre du snowboard. C’est la vie à laquelle je rêve depuis 10 ans. »

Un printemps attendu

Même si la saison commencera dans quelques semaines, la Québécoise pense déjà aux Mondiaux qui auront lieu du 19 février au 5 mars en Géorgie. C’est la compétition la plus importante après les Jeux olympiques. « C’est pour ça que j’ai travaillé aussi fort cet été. »

PHOTO FOURNIE PAR CLAUDIA MORIN-ARBOUR

Audrey McManiman

Elle a aussi établi ses objectifs en conséquence : « Je veux un podium. Je sais que c’est possible. »

En théorie, les Mondiaux devraient être sa dernière compétition avant 2024, puisque McManiman a déjà prévu se faire opérer au genou gauche, au printemps, pour réparer son ligament croisé antérieur. La réadaptation devrait durer entre 8 et 12 mois. Il s’agira de sa troisième opération du même type, à la différence près que les médecins utiliseront un autre tendon pour réparer la blessure.

Une autre différence, c’est que l’athlète étudiante en kinésiologie demandera à être éveillée et consciente pendant l’opération. Pour apprendre et poser des questions aux chirurgiens. « C’est mon genre, dit-elle en riant. Et je suis en train de penser à faire un projet spécial sur ma propre réadaptation. »

Elle est certaine que c’est une occasion pour s’instruire et elle ne veut pas passer à côté. « Si je peux tirer un petit peu profit de ma chirurgie en tant que professionnelle, c’est beaucoup plus motivant. »

Le temps est une unité de mesure particulière pour McManiman, qui s’organise pour que chaque année soit la plus belle saison de sa vie.