Marie-Michèle Gagnon n’a pas dit son dernier mot. Brisée moralement à la fin de l’hiver après s’être sentie poussée vers la sortie par Canada Alpin, la skieuse de 33 ans est de retour dans le giron de l’équipe avec la volonté de monter sur le premier podium de sa carrière en descente.

Sept mois après la petite tempête concernant son avenir, Gagnon n’a pas envie de s’étendre sur la conclusion de la dernière campagne, quand la direction sportive lui avait fait savoir qu’elle ne figurait plus dans les plans à titre d’unique spécialiste de vitesse au pays.

« La bonne nouvelle, c’est que je suis avec l’équipe et que j’ai un programme », a entamé Gagnon en entrevue de Sölden, en Autriche, lundi.

« Je préfère ne pas entrer dans les détails et regarder le bon côté des choses. J’ai été nommée dans l’équipe comme toute athlète qui a atteint les critères. Je suis vraiment contente et fière de représenter Canada Alpin pour une autre saison. »

Pour le reste, la native de Lac-Etchemin s’est limitée à un « pas de commentaires », tout en s’excusant de ne pas en dire davantage, ce qui n’est pas dans ses habitudes.

PHOTO CHRISTOF STACHE, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Marie-Michèle Gagnon

À l’évidence, sa sortie émotive dans les médias a créé des remous et provoqué une discussion jusqu’avec les membres du conseil d’administration, avec qui elle entretient des liens amicaux.

« Les changements qui ont été faits au Canada dans les deux ou trois dernières années sont hyper positifs, a-t-elle insisté. On a un conseil d’administration incroyable qui fait l’envie au Canada. […] C’est dommage que ça se soit rendu là. Ça a donné une mauvaise image de Canada Alpin. »

Gagnon ne tarit pas d’éloges à l’égard de la nouvelle patronne du groupe féminin, l’Américaine Karin Harjo, seule femme à occuper un poste d’entraîneuse-chef en Coupe du monde.

« Elle fait un super boulot et communique bien avec tout le monde. Elle a vraiment rallié le staff et les athlètes. Il n’y a aucun drame, et l’esprit sportif est excellent. »

« Combler le petit trou »

Après le départ de son entraîneur personnel Hansjörg Plankensteiner, Gagnon œuvre maintenant avec l’Italien Laurent Praz, qui accompagne Valérie Grenier depuis son retour de blessure en 2019. Les deux skieuses partagent un programme combiné qui s’étend du slalom géant à la descente, ce qu’elles avaient déjà fait.

« Je me suis beaucoup entraînée avec Val en géant cet été. Ça m’a vraiment aidée techniquement de travailler avec elle et son entraîneur qui est devenu le mien. […] C’est très positif de revenir avec Val. On est capables de se pousser l’une et l’autre, on s’entend super bien et je ne suis plus toute seule dans ma propre équipe. »

Pour une rare fois dans sa carrière sur les pentes, Gagnon communique en français, Praz étant originaire du Val d’Aoste. Mise en confiance par les succès et la qualité du ski de Grenier l’hiver dernier, elle vante la « clarté » des enseignements de l’Italien de 35 ans.

« Depuis le début, on travaille sur de petites choses pour m’aider dans les changements de terrain ou de rythme dans un parcours de vitesse, ce qui a toujours été un peu ma faiblesse. On espère que cette nouvelle habileté va m’aider à combler le petit trou qui me manquait pour monter sur le podium. »

Cela lui permettrait d’accomplir l’un de ses « grands rêves », soit de grimper sur le podium en descente. Sa cinquième place en janvier à Zauchensee lui avait fait rejoindre un groupe distingué de skieuses qui ont fini parmi les cinq premières dans chacune des spécialités du ski alpin (slalom, géant, super-G, descente, super combiné).

Ce serait vraiment le fun de faire le podium en descente. Comme ça, je l’aurais réussi dans presque toutes les disciplines, sauf le géant.

Marie-Michèle Gagnon

Quand Praz sera occupé avec Grenier ailleurs sur le circuit de la Coupe du monde, Gagnon pourra compter sur le Canadien Jim Pollock, qui l’a déjà dirigée.

« On n’a pas besoin de commencer à apprendre à se connaître. C’est important d’avoir quelqu’un qui sait comment on travaille. »

Huitième de la descente aux Jeux olympiques de Pékin, elle aborde les années « une à la fois ».

« La suite va dépendre de ma motivation, de mes résultats, de ma volonté de faire autre chose, a exposé le produit du mont Orignal. Je ne me mets pas trop de pression. Je suis totalement concentrée sur la prochaine saison, où il y a des championnats du monde, ce qui est important pour nous.

« Et si c’est la dernière, ça en sera une très belle… »

Pas optimiste pour Zermatt-Cervinia

Après l’annulation du géant de Sölden, samedi, Gagnon est peu optimiste de voir la saison de Coupe du monde débuter à Zermatt (Suisse) et Cervinia (Italie), où doivent avoir lieu deux descentes inédites les 5 et 6 novembre. Les épreuves masculines prévues à la fin du mois au même endroit ont été annulées le week-end dernier. Un ultime contrôle de neige est programmé pour les courses féminines mardi. « Ça ne regarde pas très bien, il a plu à toutes les hauteurs depuis quelques jours, a signalé la Québécoise. C’est dommage parce que je m’étais déjà entraînée sur cette piste. Je la connais bien. Ça aurait été super cool d’avoir une course [à cet endroit] en début de saison. » Si son pessimisme se confirme, le bloc de vitesse sera lancé comme d’habitude à Lake Louise, au début de décembre.

Tests

Si Gagnon est sur le glacier du Rettenbach, en Autriche, ce n’était pas pour prendre le départ du géant. Elle devait plutôt en profiter pour poursuivre l’entraînement, mais la météo exécrable l’en a empêchée jusqu’ici. Si le temps s’améliore, elle devrait procéder à des tests de glisse avec ses nouvelles paires de planches de descente dans les prochains jours à Sölden.

Passer le chapeau

Les cinq Québécois de l’équipe canadienne (Gagnon, Grenier, Laurence St-Germain, Sarah Bennett et Simon Fournier) invitent les intéressés à se joindre à eux pour un cocktail dînatoire et un encan silencieux qui auront lieu le 3 novembre à la salle Mont-Royal de BMO Groupe financier à Montréal. Le coût du billet est de 500 $ (avec reçu fiscal). Tous les fonds amassés serviront directement aux athlètes qui sont tenus de recueillir 20 000 $ chacun dans des activités de financement. Gagnon souhaite en faire un évènement pérenne pour les skieurs québécois.

Inscrivez-vous

Par ailleurs, Ski Québec Alpin et Snowboard Québec tiennent leur principale activité de financement annuelle dans le cadre de la traditionnelle Rencontre au sommet Telus, qui reprend en personne pour la première fois depuis la pandémie au New City Gas, dans le quartier Griffintown.

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