Il y a celui qui a un titre à défendre et celui qui veut le reconquérir. À la veille de la nouvelle saison de ski alpin, Marco Odermatt et Aleksander Aamodt Kilde voudront remonter sur le trône, et la lutte s’annonce relevée.

Marco Odermatt a dû faire beaucoup de place au-dessus de son foyer en mars dernier lorsqu’il a hérité du gros globe de cristal, ainsi que du globe de discipline pour le slalom géant. Cependant, le Suisse avait eu le temps de réfléchir à sa décoration d’intérieur puisqu’il était destiné à régner sur le monde du ski alpin masculin.

En 2018, lors de ses derniers Championnats du monde juniors, il a remporté la médaille d’or dans les cinq épreuves auxquelles il a participé. Il aura eu deux saisons pour s’adapter, et en 2021, il s’est imposé comme étant l’un des plus beaux espoirs de son sport. L’année dernière, il a survolé la compétition en terminant sur le podium 16 fois en 25 courses. Il a même remporté une médaille lors de ses cinq dernières courses, ce qui laisse croire qu’il saura poursuivre sur sa lancée.

Pour les Suisses qui attendaient une autre gloire depuis Pirmin Zurbriggen, Odermatt est l’idole d’une nouvelle génération.

Son sourire étincelant s’affiche tant dans la victoire que dans la défaite. Médaillé d’or olympique en slalom géant, Odermatt est polyvalent et a été en mesure d’éviter les blessures depuis 2019. La saison 2023 pourrait encore être la sienne.

Kilde est en mission

Aleksander Aamodt Kilde est sans l’ombre d’un doute le skieur de vitesse le plus complet de la planète. Dominant en super-G et en descente, le Norvégien de 30 ans a été inspirant l’année dernière en remportant le globe de cristal dans les deux disciplines.

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Aleksander Aamodt Kilde

Kilde avait mis la main sur le gros globe de cristal en 2020. La saison suivante, il menait au classement général lorsqu’il a chuté lourdement à l’entraînement en janvier, en Autriche. Il s’est déchiré le ligament croisé antérieur et a dû mettre une croix sur le reste de la saison. La réadaptation a été complexe, mais comme Kilde est un athlète aussi fort que déterminé, son retour en novembre a été concluant. Si bien qu’il a gagné trois de ses cinq premières courses. En fin de compte, seul Odermatt a su mieux faire que lui, mais son fait saillant le plus important de la saison aura été ses deux médailles olympiques acquises à Pékin. Ses premières en trois Jeux. Kilde est un skieur puissant et stratégique en plus d’être un étudiant invétéré de sa discipline.

Depuis deux ans, il est revenu avec son équipement Atomic d’antan et tout semble aller pour le mieux pour Kilde. Sa compagne Mikaela Shiffrin l’aide aussi énormément dans sa préparation et le Norvégien sera le principal rival d’Odermatt cette saison.

Non loin derrière

Même si Odermatt et Kilde partent avec une longueur d’avance dans la course au gros globe, plusieurs skieurs auront la capacité de se joindre au duo dans le sprint final. En haut de la liste, Alexis Pinturault, qui a connu une saison décevante. Le Français a été incapable de répondre aux attentes, mais celui qui a gagné le championnat en 2021 a encore ce qu’il faut pour aspirer aux grands honneurs.

Beat Feuz, le skieur le plus rapide au monde, et Henrik Kristoffersen, le meilleur technicien, peuvent aussi tirer leur épingle du jeu, mais le fait qu’ils dominent dans moins de disciplines pourrait leur nuire au pointage cumulatif.

Recréer la surprise

Personne ou presque n’attendait les skieurs canadiens la saison dernière. Et pourtant, les athlètes de l’unifolié ont remporté trois médailles en Coupe du monde, le meilleur résultat de l’équipe nationale masculine depuis 2015. Le Canada est aussi monté sur le podium aux Jeux olympiques. Broderick Thompson, Cameron Alexander et James Crawford ont relancé la longue tradition des « Canadian Cowboys ».

« Il s’est clairement passé quelque chose, mais je ne pourrais pas mettre le doigt dessus », avait précisé Crawford à La Presse l’hiver dernier. Le médaillé de bronze aux derniers Jeux a vu son équipe se transformer en un groupe qui peut aspirer au podium presque à chaque course, ce qui change la donne. Si le ski alpin canadien du côté féminin se porte très bien et que la relève est assurée, on peut en dire autant chez les messieurs.

Avec Crawford et Alexander à 25 ans et Thompson à 28 ans, il est légitime de s’attendre à de grandes choses en vue de la prochaine saison pour les Canadiens. D’autant plus que le trio n’est pas seul. Il faut aussi ajouter les noms de Trevor Philp, Erik Read et Brodie Seager, qui peuvent aussi créer la surprise et gruger des points au classement.