L’ascension de Sarah Bennett jusque dans l’équipe nationale ne devrait être une surprise pour personne. La jeune sensation québécoise sait cependant que le travail ne fait que commencer.

La première Coupe du monde de la saison aura lieu ce week-end à Sölden, en Autriche. Les skieuses canadiennes se sont posées en Italie pour fignoler les derniers préparatifs. En plus de s’entraîner comme une forcenée pour faire bonne impression à ses débuts en tant que membre à temps plein de l’équipe, l’athlète de 21 ans poursuit aussi ses études en communication à l’Université Concordia. Chaque séance de glisse est entrecroisée d’études ou de lectures personnelles sur la concentration et la force mentale.

« Ça peut faire une différence dans les moments difficiles. Surtout qu’il y en aura toujours », raconte-t-elle.

Lorsque La Presse l’a jointe en Europe, elle profitait de son après-midi de repos pour avancer ses notes et ses lectures pour un cours complémentaire en nutrition.

Sarah Bennett prend aussi un soin jaloux à comprendre comment s’améliorer sur ses spatules. Si elle est parvenue à intégrer l’équipe nationale de manière officielle en avril dernier, c’est qu’elle insiste pour donner le meilleur d’elle-même à chaque descente. Elle a un talent brut, certes, mais c’est son entêtement à exceller qui lui a fait gravir les échelons.

Dominante depuis qu’elle est en âge de compétitionner, Bennett est le plus beau projet du ski alpin québécois.

Sa domination passée sur la scène provinciale et nationale est éloquente. Tous ceux qui gravitent autour d’elle savaient qu’elle aurait un jour sa place dans l’équipe nationale. Elle aussi, d’ailleurs, jusqu’à ce qu’elle voie les critères de sélection au début de la dernière saison.

« Plus j’avançais, plus ça avait l’air impossible et plus je me disais qu’ils n’allaient jamais vouloir me prendre. J’allais devoir montrer qu’ils n’avaient pas le choix de me choisir. J’y suis allée le tout pour le tout. J’ai donné mon maximum. J’ai pris des risques. »

Même qu’une semaine avant qu’elle ne reçoive l’appel qu’elle attendait, elle imaginait les pires scénarios. « Je parlais avec mes amis et mes parents et j’étais vraiment émotive quand je réfléchissais à ce qui allait arriver si je ne me faisais pas prendre », se souvient-elle.

Finalement, non seulement elle a été sélectionnée dans l’équipe nationale, mais elle a aussi fait beaucoup plus que le nécessaire pour y parvenir. Elle avait dépassé, et de loin, tous les critères de sélection.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM DE SARAH BENNETT

Sarah Bennett

Un plan précis

Bennett a maintenant les yeux rivés sur la nouvelle saison. Elle s’est complètement remise d’une légère blessure subie à l’entraînement en Nouvelle-Zélande et elle se concentre maintenant sur le moment où elle sera dans le portillon de départ, à Sölden, où l’une des foules les plus intenses sur le circuit l’attendra au bas de la piste.

L’athlète de Stoneham a déjà vécu l’expérience des Coupes du monde, l’année dernière, alors qu’elle avait obtenu trois départs. Même si la glace est brisée, elle est tout de même impatiente de se lancer.

Comme Bennett ne laisse rien au hasard, elle sait comment s’organisera sa saison. Puisqu’elle est à l’aise dans toutes les disciplines, elle a dû faire un choix et elle compte se concentrer davantage sur les épreuves techniques de slalom et de slalom géant, comme son idole Petra Vlhova.

J’aime vraiment le slalom. Je sais que je suis bonne en slalom et je ne veux pas le perdre, car ça demande des habiletés complètement différentes.

Sarah Bennett

Pour ce qui est de sa charge de compétitions, ses entraîneurs lui ont résumé en quelques mots comment ça devrait se dérouler : « Si tu es vite, tu courses. » Elle est toutefois prête à toute éventualité et elle souligne qu’elle a déjà préparé un plan A, un plan B et un plan C.

Se plaire dans les difficultés

Dès son arrivée dans l’équipe nationale, sa compatriote Laurence St-Germain l’a prise sous son aile. Pour la guider, l’épauler et surtout l’écouter. « Elle est l’exemple d’une coéquipière parfaite. »

D’ailleurs, la recrue était heureuse qu’on évoque l’apport et le soutien de St-Germain, car « elle mérite de savoir qu’elle est une coéquipière exceptionnelle ». Ça lui permet d’avancer et d’amortir la transition.

Cependant, Bennett ne se fait pas d’illusions. Puisqu’elle aime rehausser ses propres standards, elle s’attend à vivre des périodes creuses. Toutefois, c’est ce qui la motive, car elle carbure à l’adversité.

Mes meilleures saisons ont toujours été celles où j’ai dû négocier avec des passes plus difficiles. C’est là qu’on teste sa concentration et ses limites.

Sarah Bennett

Elle travaille présentement à se concentrer sur une chose à la fois. À chaque descente, elle cible un élément sur lequel appuyer et elle y travaille jusqu’à la satisfaction, parce que « c’est là que tu es capable d’évoluer ».

C’est ainsi qu’une descente, une page et une leçon à la fois, elle amorcera le plus beau chapitre de sa carrière.