Le jeune Charles Hamelin n’était pas un prodige. « Chétif patineur un peu malhabile », il ne montait pas sur les podiums. Mais il avait le feu dans les yeux et la détermination au ventre ; deux qualités qui lui ont permis de devenir un des plus grands patineurs sur courte piste de l’histoire. Aujourd’hui, il dit haut et fort : Mission accomplie.

Charles Hamelin se prêtait à la lecture de la biographie du joueur de tennis Andre Agassi, en 2021, quand cette idée a germé dans son esprit : « J’ai peut-être quelque chose à raconter [moi aussi]. »

Un an et demi plus tard, cette pensée s’est transformée en une biographie de 256 pages. Charles Hamelin : mission accomplie, en librairie à compter de jeudi, fait le récit du remarquable parcours d’un des athlètes québécois les plus adorés de la dernière décennie. Le tout sous la plume du journaliste et animateur de RDS Luc Bellemare.

On y découvre le Charles Hamelin qui, à ses débuts, terminait parmi les derniers en compétition, mais qui s’améliorait de jour en jour. Celui qui se faisait intimider à l’école en raison de ses « oreilles décollées » et de ses « dents croches », mais qui pouvait compter sur sa famille, « son oasis de paix », pour continuer d’avancer. Celui qui a appris, au fil des années, à croire en lui tout en demeurant authentique.

« Il n’est pas devenu champion pour rien. Jusqu’à l’âge de 16 ans, c’était un patineur ordinaire, correct. Mais ce qui faisait la différence avec les autres, c’est qu’il était passionné. […] Le nombre de médailles, ce n’était pas important. Lui, c’était de se dépasser », raconte Bellemare lors d’une visite avec Hamelin aux bureaux de La Presse.

On dit souvent que les bons gars finissent toujours derniers. [Charles], c’est l’inverse. Il scrappe cette phrase-là pas à peu près.

Luc Bellemare, auteur de la biographie Charles Hamelin : mission accomplie

C’est à force de travail et de ténacité qu’Hamelin a passé 19 ans dans l’équipe nationale. Surnommé « la Locomotive de Sainte-Julie », il a remporté six médailles olympiques, 142 en Coupes du monde et 38 en Championnats du monde.

La biographie ratisse une à une les grandes étapes de sa vie et de sa carrière, jusqu’au jour de son dernier tour de piste à Montréal avec, dans ses bras, sa fille Violette.

« Que j’aie gagné 3 médailles ou 200, peu importe, laisse tomber le principal intéressé dans son humilité habituelle. [Ma mission accomplie], c’est d’avoir fini comme je l’ai voulu et d’avoir passé ces moments-là avec une gang incroyable au patin. Je n’échangerais rien de mon histoire. Si je n’avais pas eu à vivre tous ces moments-là, je ne serais pas devenu le Charles Hamelin qui est là, ici, devant toi. »

En toute franchise

L’ouvrage lève également le voile sur certains des moments difficiles que le patineur a traversés au fil des ans et au sujet desquels il était resté jusqu’ici discret. Il y dévoile notamment certains détails de sa rupture avec l’ancienne patineuse Marianne St-Gelais, dans les semaines qui ont suivi les Jeux olympiques de PyeongChang, en 2018.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Luc Bellemare et Charles Hamelin

« De ne pas en parler, c’était comme camoufler pourquoi je me suis senti comme ça aux Jeux de 2018, explique l’olympien. Sans dire que c’est seulement à cause de ça, c’est une des raisons, mais une très grosse raison. Je n’étais pas 100 % moi-même. 

« Je trouve que c’est important de savoir comment moi j’ai vécu la chose, jusqu’à temps qu’on décide de ne plus être ensemble. Parce que ça n’a vraiment pas été facile. J’aurais pu tout abandonner, arrêter le patin parce que tout allait mal. »

L’ancien patineur s’est confié à l’auteur en toute transparence, l’objectif étant de montrer « les chemins [qu’il a] pris » et d’expliquer les raisons derrière certains résultats.

« Pour mes enfants »

Luc Bellemare a commencé à couvrir les performances d’Hamelin en 2005. Quand l’athlète l’a approché pour écrire sa biographie, en avril 2021, le journaliste était heureux, mais hésitant. Même s’il caressait depuis longtemps ce « rêve enfoui » d’un jour écrire la biographie d’un athlète olympique, l’ampleur du projet lui donnait le vertige.

« Je sais que ça demande beaucoup, mais je ne pouvais pas dire non, laisse-t-il toutefois entendre. Moi, quand la vie m’offre une opportunité, je vais me rendre malade, mais je vais le faire. »

Entre les entraînements du patineur en vue des Jeux de Pékin et l’horaire bien rempli du journaliste et papa de trois enfants, ils ont réussi à venir à bout du projet en 10 mois. Même pendant les Olympiques, Hamelin passait des coups de fil à l’auteur pour lui raconter, à chaud, tout ce qu’il vivait. Il y a intégré de nombreuses anecdotes ici et là, comme ce repas partagé avec Sidney Crosby et Nathan MacKinnon un bon soir de juillet 2014.

Je le fais pour mes enfants principalement, si un jour ils veulent lire l’histoire de leur papa, ce sera là pour eux.

Charles Hamelin

D’ailleurs, pour les curieux, l’ancien patineur se porte bien. Plus de six mois après sa retraite, il occupe un emploi à temps plein comme directeur des opérations chez Sodem, qui gère des centres récréatifs, en plus de s’occuper de son entreprise, Nagano Skate, et de faire des apparitions à la radio.

« C’est un peu déstabilisant. C’est comme sauter dans le vide, en parachute… Tu apprends sur le tard à l’ouvrir avant d’arriver par terre. Mais j’ai beaucoup de monde qui m’aide. Je suis un gars qui aime beaucoup les défis, alors j’embarque là-dedans », lance-t-il en souriant.

Charles Hamelin rencontrera les partisans et sera disponible pour dédicacer sa biographie les 28, 29 et 30 octobre, dans le cadre de la Coupe du monde de courte piste de Montréal.

Charles Hamelin : Mission accomplie

Charles Hamelin : Mission accomplie

Les Éditions La Presse

256 pages