« Ça me donne soif, tout ça ! », a lancé Kim Boutin, samedi soir, après avoir remporté deux médailles d’argent devant une foule montréalaise très enthousiaste aux Championnats du monde de courte piste. « Ça me donne le goût de continuer et d’aller en chercher un peu plus. » La Sherbrookoise n’est visiblement pas rassasiée, elle qui pourrait être sacrée championne du monde au cumulatif, ce dimanche.

L’aréna Maurice-Richard était plein à craquer pour la première fois en presque trois ans. Avant chacune de ses courses, Boutin affichait le plus grand des sourires en saluant les spectateurs, qui l’applaudissaient chaudement.

La patineuse de l’Estrie semblait en pleine forme. Elle s’est illustrée avec une deuxième place aux deux distances individuelles de la journée, le 1500 m et le 500 m.

Honnêtement, la foule me fait du bien. C’est pour ça qu’on fait ça. Ce n’est pas pour patiner pour nous et être dans notre petit cocon tout le temps. Ça fait du bien de partager notre sport.

Kim Boutin

En finale du 1500 m, Boutin a été devancée dans les derniers tours par la Coréenne Minjeong Choi, championne olympique en titre sur cette distance. C’est une autre Coréenne, Whimin Seo, qui est montée sur la troisième marche du podium.

« Je l’ai coursée comme je sais le faire, a affirmé Boutin. Pour gagner maintenant, il va falloir que j’use de plus de stratégie. »

Au 500 m, Boutin avait la porte grande ouverte en l’absence de Choi, qui ne s’était pas qualifiée pour la finale. La Néerlandaise Xandra Velzeboer a cependant joué les trouble-fêtes en devançant la Québécoise avec deux tours à parcourir.

Boutin, dont il s’agit de la distance de prédilection, aurait voulu l’or. Mais la patineuse de 27 ans y voit là l’occasion d’apprendre encore.

« C’est là que je suis, en ce moment. C’est d’apprendre à courser quand tu sais que tu as les capacités de gagner, a-t-elle expliqué. C’est de voir qu’est-ce que ça me prend pour gagner en ayant cette pression-là. »

Avec ces deux résultats, le titre de championne du monde est à la portée de Kim Boutin. Elle se trouve actuellement au premier rang cumulatif avec trois points de plus que Minjeong Choi. Tout se jouera ce dimanche, au 1000 m.

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Kim Boutin

Je vais me concentrer sur ce que j’ai à faire et tant mieux si je finis première. Je vais être contente, mais ça va être d’y aller une étape à la fois. Parce que je suis encore en apprentissage dans tout ça.

Kim Boutin

La Néo-Brunswickoise Courtney Sarault n’est pas parvenue à défendre son titre de vice-championne du monde sur 1500 mètres. Elle a pris le quatrième rang.

Une première pour Dion

Quand il a traversé la ligne d’arrivée du 1500 m en deuxième place, Pascal Dion a levé les bras dans les airs en regardant la foule. Le Montréalais venait de remporter sa première médaille individuelle en Championnats du monde en carrière.

« Je savais que j’étais capable d’aller en chercher une si je patinais bien », a-t-il soufflé en entrevue, plusieurs heures après la course.

Le Hongrois Shaoang Liu l’a devancé dans les deux derniers tours afin de s’emparer de l’or. C’est le Belge Stijn Desmet qui a hérité de la médaille de bronze.

Dion, 27 ans, a connu une excellente saison en Coupe du monde, récoltant cinq médailles individuelles et étant couronné champion sur 1000 m. Aux Jeux olympiques de Pékin, les choses se sont moins bien déroulées : il a terminé 12e au 1000 m et 18e au 1500 m. Mais il a su rebondir ce week-end.

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Pascal Dion a pris le 2rang au 1500 mètres.

Ça fait du bien de prouver que ce n’était pas de la chance, cette année, et que j’ai vraiment ma place parmi les meilleurs.

Pascal Dion

Au 500 m, le Québécois a terminé en première place de la finale B. Si tout se passe bien au 1000 m, ce dimanche, il pourrait être couronné vice-champion du monde au classement cumulatif. Il se trouve actuellement à égalité avec Desmet, tandis que Liu a une longueur d’avance au premier rang.

« La motivation, c’est sûr qu’elle va être là, a assuré Dion. Je vais tout donner [dimanche] pour essayer de garder ma position et aller en chercher plus. »

Le triple médaillé olympique Steven Dubois n’a pas connu la journée espérée. Avec trois tours à parcourir en demi-finale du 1500 m, sa lame est restée coincée dans la patinoire, ce qui lui a fait perdre pied. En demi-finale du 500 m, le natif de Terrebonne prenait le départ dans le 4couloir et n’a pas été en mesure de devancer les trois patineurs devant lui. Il a dû se contenter d’une finale B, où il a pris le troisième rang.

« C’est décevant parce que ce n’est pas le résultat que je voulais, mais j’ai fait de mon mieux et je ne pouvais rien faire de plus », a soutenu Dubois.

On a eu droit à un moment émouvant lors des quarts de finale du 500 m masculin : la foule montréalaise a offert une longue ovation debout au patineur ukrainien Oleh Handei. Le natif de Kyiv a mis sa main sur son cœur, probablement ému. Dans les estrades, un partisan ukrainien affichait fièrement son gros drapeau jaune et bleu.

Une finale A pour Hamelin

Les deux équipes canadiennes ont bien fait en demi-finales de leur relais respectif, obtenant toutes deux leur billet pour la finale A. C’est cependant vers l’équipe masculine et Charles Hamelin que les regards seront tournés, ce dimanche, alors que le sextuple médaillé olympique fera ses adieux au sport.

Déjà samedi, lors de la demi-finale, celui que l’on surnomme communément la Locomotive de Sainte-Julie a été longuement applaudi.

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Charles Hamelin

C’était vraiment magique. J’ai eu des frissons pendant les premiers échanges, puis je me suis remis dans ma bulle.

Charles Hamelin

Le patineur de 37 ans pourrait décrocher sa 38e et dernière médaille en carrière en Championnats du monde.

Les quarts de finale, demi-finales et finales du 1000 m, tant chez les femmes que chez les hommes, auront également lieu ce dimanche.