(Montpellier) Championne d’Europe 2019 avec Morgan Ciprès avant la fin précipitée de leur association, Vanessa James a renoué avec la compétition cet hiver, aux côtés d’Eric Radford et pour le Canada. Avec la satisfaction de pouvoir « finir (sa) carrière comme (elle) l’entend », peut-être aux Championnats du monde de patinage artistique cette semaine à Montpellier.

Médaillés d’or européen en 2019, après le bronze mondial l’hiver précédent, James (34 ans) et son précédent partenaire avaient initialement en tête le projet de patiner jusqu’au bout de cette saison olympique.

Mais leur duo s’est disloqué sous l’effet de la mise en cause fin 2019 de Ciprès dans l’envoi de photos obscènes à une jeune patineuse de 13 ans qui fréquentait la patinoire de Floride où ils s’entraînaient depuis 2017. Quand ils annoncent en septembre 2020 mettre un terme à leur carrière, Ciprès et James, qui n’ont alors plus patiné en compétition depuis un an et demi, évoquent « des raisons personnelles et sportives ».

Se retrouver contrainte d’arrêter soudainement, dans ce contexte, « ça a été frustrant et décevant », confie à l’AFP James, qui représentait alors la France, mais est née au Canada, et a aussi la nationalité britannique.

« Pas une décision choisie »

« Ça a été un choc pour tout le monde, il a fallu que je le gère. Et j’ai définitivement fait le bon choix. Ce n’était pas une décision choisie (d’arrêter) et j’aspirais à finir ma carrière avec une médaille à Montpellier, alors j’apprécie avoir l’occasion de le faire, explique-t-elle. Le reste, c’est du passé et j’avance. »

Entre James et Radford (37 ans), double champion du monde (2015 et 2016) et médaillé de bronze olympique 2018 avec Meagan Duhamel, les prémices datent de fin 2019, quand ils patinent ensemble pour la première fois, en marge d’une émission de téléréalité canadienne, Battle of the Blades, à laquelle ils participent tous les deux.

Puis, raconte Radford, en novembre 2020, « j’ai demandé à Vanessa si elle voulait venir patiner à Montréal, juste pour le plaisir, en pensant qu’on pourrait peut-être faire des spectacles ensemble ». « Et après deux jours, on s’est rendu compte que ça fonctionnait vraiment bien », précise le patineur canadien qui avait pris sa retraite sportive au printemps 2018.

« Et Vanessa est revenue en février (2021). À ce moment-là, tout était mort (du fait de la pandémie de COVID-19, NDLR), on se disait au moins patinons et faisons quelque chose de sympa et créatif ensemble. Et au bout de cinq jours, on faisait des sauts lancés, beaucoup de bons portés… Je me souviens de Vanessa disant en quittant la patinoire : “C’est dommage que personne ne puisse voir tout ça…”, poursuit-il. Alors on s’est dit : “Pourquoi on n’essaiera pas » de se lancer ? »

« Rien à perdre »

« On n’avait rien à perdre. Si ça marchait, ça marchait. Sinon, on aurait essayé », résume James, qui a alors besoin d’être libérée par la France, première des nombreuses étapes administratives de son transfert. Une procédure finalement « plus facile qu’attendu », souligne-t-elle, en remerciant la patronne du patinage français, Nathalie Péchalat.

« On a vraiment commencé à s’entraîner le 15 mars, reprend James. À ce moment-là, on n’avait pas de réponse pour ma release. Et juste avant Pâques, on a eu le feu vert de la fédération française, et les choses se sont enchaînées dans un bel effet boule de neige. »

» Ma famille était super enthousiaste, ils savaient que je voulais patiner aux Mondiaux à Montpellier. Évidemment à l’époque c’était pour la France, mais pouvoir revenir et patiner en France, c’est incroyable, apprécie-t-elle. Et finir ma carrière comme je l’entends, c’est une super opportunité et un privilège. »

Quand ils renouent avec la compétition en septembre dernier, lui pour la première fois depuis plus de quatre ans, elle plus de trois, sept sorties seulement, Championnats nationaux sélectifs pour le rendez-vous olympique inclus, les séparent des JO-2022. Ils s’y qualifieront, et s’y classeront douzièmes.

Mercredi soir à Montpellier, où la catégorie est très ouverte, ils se sont fait une place dans le top 5 avant le programme libre jeudi soir.

Diront-ils stop à l’issue ? « C’est une bonne question, sourit James. Si on est heureux et en paix après ces Mondiaux, ce sera la fin. Mais si on sent qu’on a encore quelque chose à donner… »