Il aura fallu attendre presque cinq ans avant qu’un membre de l’équipe nationale masculine canadienne de ski alpin remonte sur le podium en Coupe du monde. Les Canadiens sont maintenant à une médaille d’égaler leur marque de 2015, soit de remporter quatre récompenses lors de la même saison.

Juste avant de reprendre le collier pour la dernière étape de la saison, les skieurs canadiens Cameron Alexander et James Crawford ont pris le temps de savourer pleinement ce qu’ils avaient accompli au cours des derniers jours.

À la Coupe du monde de Kvitjell, en Norvège, du 4 au 6 mars, les deux compatriotes ont gagné chacun une médaille. Alexander a mis la main sur l’or en descente et Crawford a remporté l’argent en super-G. Cela survenait aussi quelques semaines après la médaille de bronze récoltée par Broderick Thompson à Beaver Creek, au début de décembre.

Un exploit relativement rare du côté canadien, depuis le départ à la retraite des « Canadian Cowboys », qui ont fait la pluie et le beau temps pendant 10 ans, entre 2007 et 2017. Erik Guay, Jan Hudec et Manuel Osborne-Paradis ont à leur manière marqué l’histoire du ski canadien avec leurs performances dans les épreuves de vitesse.

Ces derniers podiums ont donc une signification particulièrement importante auprès des deux skieurs canadiens, sachant que les médailles se faisaient de moins en moins nombreuses au cours des dernières saisons. « Ça veut tout dire », a expliqué Alexander, en Norvège.

Toute cette saison a été remplie de hauts et de bas, surtout de bas, et je travaille vraiment fort pour revenir au sommet de mes capacités.

Cameron Alexander

La saison dernière, Alexander s’est blessé lors de la première course du calendrier, à Val d’Isère, en France. Il avait raté le reste de la saison. Au début de l’actuelle saison, il était de retour en bonne santé, mais l’athlète de 24 ans a chuté et s’est blessé lors de la Coupe de monde de Lake Louise, en décembre.

« Cette blessure m’a plus affecté mentalement que physiquement. Ç’a été difficile un petit bout de temps. Vers le mois de janvier, j’ai pris un pas de recul, je me suis concentré sur mon entraînement, j’ai repris confiance en mon ski en faisant des Coupes européennes, et les choses sont tranquillement revenues à la normale. »

La recette a visiblement fonctionné puisqu’il est devenu le premier skieur canadien à monter sur la plus haute marche du podium en Coupe du monde depuis Dustin Cook, en mars 2015.

Pour Crawford, qui a gagné l’argent, le repos a aussi été l’élément clé de sa préparation pour aborder la dernière portion du calendrier. Après les Jeux olympiques, il a eu la chance de retourner chez lui pendant une dizaine de jours. Ça aura été hautement bénéfique.

« Être pleinement rechargé et complètement prêt, c’est un avantage immense avant une course. »

La saison qui va tout changer

Crawford, surnommé « Jack », connaît une saison surprenante.

Habitué des top 20, il a prouvé depuis le début de la saison qu’il pouvait rivaliser avec les skieurs les plus dominants de la planète.

C’est toutefois aux Jeux olympiques, à Pékin, qu’il a connu son heure de gloire et qu’il a dépassé toutes les attentes. À ses deuxièmes Jeux, le Torontois a remporté la médaille de bronze au combiné alpin, en plus de terminer quatrième en descente et sixième en super-G.

PHOTO LUCA BRUNO, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Le Canadien James Crawford a remporté la médaille de bronze en combiné alpin aux Jeux olympiques de Pékin.

Il est lui-même encore un peu sous le choc. Il trouve difficile d’expliquer ce qui a changé cette saison.

« Je continue de faire ce que je fais depuis des années. Il s’est clairement passé quelque chose, mais je ne pourrais pas mettre le doigt dessus. C’est peut-être dans l’approche de mes courses ou dans ma technique. Lorsqu’on atteint ce niveau, ça se joue à tellement de détails et il y a tellement de choses qui doivent être prises en considération lors des descentes. »

Crawford est fier de ce qu’il a fait, parce qu’il sait qu’il sera capable de le refaire. Son rêve a toujours été de gagner un globe de cristal, remis au meilleur skieur de la saison dans chaque discipline. Maintenant qu’il fait partie de l’élite de son sport, ses ambitions sont imperturbables.

Inspirés et inspirants

Alexander et Crawford ne s’en cachent pas : ils ne seraient probablement pas là sans le succès de la génération précédente. Les « Canadian Cowboys » sont à l’origine, un peu malgré eux, des réussites actuelles de l’équipe canadienne.

Les skieurs d’aujourd’hui souhaitent maintenant être à leur tour des modèles pour la relève canadienne. Ils sont bien conscients que leurs exploits ne rejoignent pas encore ceux de Guay, Hudec et Osborne-Paradis, mais s’ils peuvent semer quelque chose, aussi minime soit-il, ce sera mission accomplie.

« Ce serait un honneur de pouvoir laisser un héritage qui pourrait inspirer la prochaine génération », a souligné Alexander.

De son côté, Crawford croit beaucoup en la complicité de cette jeune équipe et il espère que le succès collectif aidera le ski canadien, à tous les points de vue.