Laurent Dubreuil a conclu sa saison avec le titre de champion de la Coupe du monde sur 500 m. Il a obtenu le titre cumulatif grâce à une récolte de 9 médailles en 10 courses.

Néanmoins, en plus de collectionner les réussites, il veut servir de modèle et d’inspiration pendant cette période névralgique de sa carrière.

Dubreuil est devenu le premier patineur de vitesse québécois sur longue piste à remporter un titre cumulatif de Coupe du monde. Il a assuré cette victoire grâce à une médaille d’argent samedi, combinée à une quatrième position dimanche, lors de la dernière étape du calendrier de la Coupe du monde présentée à Heerenveen, aux Pays-Bas.

Quelques heures après sa dernière course, Dubreuil a avoué que ce titre revêtait une importance particulière considérant tout ce qu’il avait traversé au cours des derniers jours.

Il y a plus d’une semaine, lors des Championnats du monde tenus en Norvège, le Québécois était au premier rang provisoire du sprint, qui se déroulait sur deux jours et qui comportait quatre épreuves. Après la première journée, il a obtenu un résultat positif à la COVID-19 et a dû faire une croix sur le reste des Mondiaux et sur un possible titre de champion du monde.

Ainsi, terminer la saison sur une si belle note, quelques jours plus tard, est hautement satisfaisant pour l’athlète de 29 ans.

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Laurent Dubreuil

« Faire une course comme ça, à mon niveau habituel, dans les pires conditions de ma carrière, c’est quelque chose que je n’aurais pas pu imaginer. »

Avant le début du week-end, Dubreuil était toujours incertain de pouvoir participer aux deux dernières épreuves de la saison. Les heures qui ont précédé sa première course ont été rocambolesques. Samedi matin, il s’est réveillé en Norvège. Quelques heures plus tard, il gagnait sa neuvième médaille de la saison aux Pays-Bas.

« La veille du début des courses, je me promenais partout dans Oslo pour avoir un test PCR satisfaisant. D’habitude, j’essaye de marcher le moins possible la veille d’une course pour que mes jambes soient le plus reposées possible. J’avais les chevilles et les mollets complètement raqués après avoir marché 15 kilomètres dans la ville », raconte-t-il.

Une préparation complètement contraire à ce qu’il s’impose habituellement, mais il pense que l’adrénaline procurée par cette aventure et la foule complètement survoltée aux Pays-Bas ont aidé sa cause. « Je ne pense pas que j’aurais aussi bien performé s’il n’y avait eu personne dans les gradins et que la foule avait été silencieuse. »

Le travail d’une vie

Avant le départ de dimanche, Dubreuil était pratiquement assuré de terminer au sommet du classement cumulatif. Pour être privé du titre, il aurait fallu qu’il trébuche ou qu’il soit disqualifié. C’est pourquoi il a préféré être prudent. Il n’a peut-être pas ouvert la machine à 100 %, mais il a dû être extrêmement concentré pour s’assurer du titre.

« Peut-être qu’en étant un peu plus prudent, ça m’a coûté une médaille, mais c’est peut-être aussi ce qui a fait que je ne suis pas tombé dans mon deuxième virage et que j’ai gagné le titre », précise-t-il.

Bien sûr qu’il aurait adoré remporter l’or olympique et le titre de champion du monde dans ce qu’il considère comme la meilleure année de sa carrière. Toutefois, le titre cumulatif n’est pas à négliger, en raison de ce qu’il faut parvenir à faire pour le mériter.

Gagner les Mondiaux ou les Jeux olympiques, ça signifie d’avoir été le meilleur la journée où tout le monde voulait être bon, mais gagner le cumulatif prouve que tu as été le meilleur tout au long de l’année. Qu’il n’y a pas eu de creux de vague, que tu as performé à toutes les courses. C’était important pour moi, parce que j’ai toujours porté énormément d’intérêt à ma constance.

Laurent Dubreuil

Dubreuil est passé extrêmement près de réussir l’exploit en 2015 et en 2020, mais il est content que ça puisse arriver cette année. Selon lui, tout tombe à sa place : « Je n’ai jamais été aussi bon que ça en patinage de vitesse. C’est le plus grand objectif. Je n’ai pas eu beaucoup de mauvaises courses cette saison. »

Beaucoup plus qu’un médaillé

Ce qu’a réussi Dubreuil au cours de la saison 2022 restera longtemps gravé dans les livres d’histoire du patinage de vitesse québécois. Un exploit extraordinaire, difficile à accomplir, qui a des répercussions beaucoup plus larges que de monter sur un podium et de devenir le « patineur le plus rapide au monde ».

L’athlète natif de Lévis est ravi que son succès aux quatre coins du monde puisse inspirer une nouvelle génération. C’est aussi pour ça qu’il travaille si fort, chaque jour.

« Mes parents, qui ont vu Gaétan Boucher, m’ont parlé de ses prouesses, de ses résultats, à quel point il était travaillant, qu’il repoussait les limites, à quel point il a été un pionnier grâce ses performances héroïques.

« Aujourd’hui, je comprends comment une seule personne, par ses résultats, peut en inspirer plein d’autres. Je ne suis pas Gaétan, je ne suis pas aussi talentueux, mais je pense que je suis quand même pas pire dans ce que je fais et je pense que je peux avoir le même genre de rôle pour plein de jeunes. »

Pour Dubreuil, la rançon de la gloire est simple : donner du temps et être gentil. Pour lui, c’est naturel et nécessaire.

« Après la course, j’ai fait le tour de l’anneau sur le long de la bande, à pied, et j’ai dû prendre à peu près 150 photos avec les partisans qui étaient là, et je ne suis même pas un patineur néerlandais ! Chaque fois, les gens sont hyper contents que je prenne une photo avec eux, mais moi, ça prend juste 20 secondes de ma journée. »

Les jeunes du club de Lévis qui se sont levés pendant la nuit pour le regarder patiner à l’épreuve du 1000 m aux Jeux olympiques vont se souvenir longtemps qu’il a gagné une médaille. Sauf que ça a aussi nécessairement motivé Dubreuil à tout donner pour prouver à ces jeunes qu’il était possible de se relever.

« Oui, c’est moi qui gagne la médaille, mais si je peux inspirer plein d’autres personnes, c’est ce qui donne une certaine valeur à cette médaille. »

Dimanche s’est donc conclue une autre saison. Une longue saison marquée par l’ivresse de la victoire et l’agonie de la défaite. Chose certaine, Dubreuil l’a terminée avec sa famille. Sa fille a même pu faire un tour de glace dans ses bras après sa conquête de l’argent, samedi. Elle est probablement la plus grande victoire de Laurent Dubreuil, qui veut pouvoir montrer à sa fille que même si le parcours peut être sinueux, il y a moyen de se rendre jusqu’au bout, fier et victorieux.