Lorsqu’il s’est réveillé vendredi matin, Laurent Dubreuil avait la certitude qu’il remporterait les Championnats du monde de sprint en patinage de vitesse longue piste à Hamar, en Norvège. Un rival connu sous le nom de COVID-19 est venu lui enlever les lames sous les pieds.

En tête après la première de deux journées de compétitions, Dubreuil a été contraint de se retirer de la compétition, vendredi, à la suite d’un résultat positif au coronavirus.

Dubreuil a appris la nouvelle à seulement quelques heures du moment où il devait retourner sur la glace. Sur le coup, il ne pouvait tout simplement pas y croire, car il ne ressentait aucun symptôme et se sentait bien.

« Peut-être que les symptômes vont apparaître au cours des prochains jours, je n’en ai aucune idée. Mais en ce moment, je me sens bien et je n’ai pas de doute que si j’avais fait des courses aujourd’hui, j’aurais fait des résultats comparables à hier », a-t-il déclaré lors d’une visioconférence tenue sur le coup de midi, heure du Québec.

À sa première sortie depuis sa médaille d’argent sur 1000 mètres aux Jeux olympiques de Pékin le 18 février, Dubreuil occupait le premier rang du classement à l’issue de la journée initiale de l’évènement. Il s’était classé premier au 500 mètres, en 34,58 secondes, et troisième au 1000 mètres en 1 : 08,85.

Dans les épreuves de sprint, les champions sont déterminés après deux courses de 500 m et deux autres de 1000 m. Dubreuil devait participer aux deuxièmes 500 et 1000 mètres, vendredi.

Par ailleurs, il avait le sentiment d’avoir été privé d’un exploit qu’il n’avait encore jamais réalisé.

« Là, ça va mieux, ça fait plusieurs heures que je le sais. Mais quand je l’ai appris, j’avais l’impression d’être en train de me faire voler un titre de champion du monde, littéralement.

« C’est de la faute à personne, ce n’est pas ma faute non plus. Mais j’étais premier avec une pas pire avance. Je n’ai aucun doute que j’aurais gagné ce championnat du monde. C’est vraiment décevant de ne pas pouvoir aller sur la glace et aller chercher un titre que j’avais absolument les jambes pour gagner. »

La déception était d’autant plus grande que Dubreuil est conscient qu’il ne profitera peut-être jamais d’une si belle opportunité de remporter ce titre.

C’est vraiment, vraiment décevant, surtout que c’est un championnat qui revient juste une fois aux deux ans. J’avais fini deuxième il y a deux ans, je ne l’ai jamais gagné. Qui sait où je vais être dans ma carrière dans deux ans ? Je ne serai peut-être plus aussi bon, il y a peut-être un gars qui va être incroyablement fort. C’était vraiment mon championnat. La seule chose qui pouvait me battre, c’était la COVID j’imagine, et c’est arrivé, malheureusement

Laurent Dubreuil

Dubreuil s’est soumis à un test PCR vendredi en prévision d’un vol qu’il devait prendre samedi. C’est lors de ce test qu’il a appris à son grand étonnement qu’il avait contracté le virus.

« Mon dernier test PCR avait été effectué lundi passé et il était négatif. Depuis ce temps-là, je passais des tests rapides à chaque jour et ils étaient tous les jours négatifs. »

Dubreuil s’est alors soumis à un second test PCR, qui a donné un résultat identique. Un troisième test a été effectué pour déterminer son risque de contagion.

« Mes valeurs (Ct) étaient trop basses, ce qui indique que c’est contagieux. Donc, je n’ai pas eu le choix de me retirer. C’est sûr que je voulais patiner. Si je l’avais aujourd’hui, la COVID, je l’avais sûrement hier aussi. Ça ne m’a pas empêché de bien faire, on s’entend. J’espérais seulement pouvoir faire des courses, mais on m’a dit que ce n’était pas possible. »

Au moment où Dubreuil racontait ses mésaventures aux médias, il ne savait pas trop ce qui l’attendait, lui qui doit participer à la dernière tranche de la Coupe du monde, les 12 et 13 mars, aux Pays-Bas.

« Mon but, c’est d’être sur la ligne (de départ). C’est dans huit jours. Les règles en Europe sont beaucoup plus souples qu’au Canada. Ma quarantaine en Norvège va se terminer, je pense, dans deux ou trois jours. Après ça, je vais pouvoir aller aux Pays-Bas, j’imagine. Je ne le sais pas du tout. Je sais que Patinage de vitesse Canada est sur le cas avec le comité organisateur aux Pays-Bas et la Santé publique des Pays-Bas, je pense, a-t-il d’abord mentionné.

« Mon but est de patiner la semaine prochaine. Ce serait juste trop décevant de finir la saison comme ça. C’est sûr que même si je gagne toutes les courses la semaine prochaine, ça ne me redonnera pas un titre de champion du monde que je viens de me faire enlever. Au moins, si je peux finir avec des vraies courses et peut-être gagner une médaille ou deux, ça va mettre un petit baume là-dessus. Parce que finir une saison comme ça, c’est juste trop décevant. »