(Calgary) Laurent Dubreuil s’est réveillé avec les cuisses comme du béton dimanche matin à Calgary.

Mais il avait encore deux missions à accomplir avant de s’accorder une dernière pause avant l’ultime ligne droite vers les Jeux olympiques de Pékin.

D’abord, poursuivre sa séquence de podiums au 500 m en Coupe du monde. Ensuite, garantir sa place au 1000 m pour les Jeux.

Il a eu chaud – et très mal ! –, mais le patineur de vitesse sur longue piste a coché les deux objectifs en cette dernière journée de compétitions sur la glace de l’Ovale olympique.

Au 500 m, Dubreuil a arraché la médaille de bronze pour monter sur le podium pour la huitième fois de suite en quatre Coupes du monde cet automne.

« C’est assez incroyable, je n’aurais jamais parié là-dessus », a admis le Québécois, dont le record de podiums dans une saison était de cinq en 2014-2015. Il avait alors atteint ce total en six compétitions.

Le plateau est fort, en plus. Ce n’est pas que les gars n’avancent pas. C’est plus fort que ça n’a jamais été dans l’histoire.

Laurent Dubreuil

Deux jours après son époustouflant temps de 33,77 secondes qui l’a installé au deuxième rang de tous les temps, Dubreuil a enregistré un chrono de 34,06, son troisième à vie. Le Russe Viktor Mushtakov a remporté sa première médaille d’or de la saison en 33,90, un sommet personnel. Le Japonais Yuma Murakami a obtenu l’argent en 33,99.

« Aujourd’hui, c’était physique, je me sentais moins bien qu’avant-hier, a-t-il analysé. Je me sentais très raide des ischiojambiers, je ne sais pas pourquoi. »

« Je ne peux pas l’expliquer »

Jumelé au Russe Arefeyev dans la dernière paire, le Canadien dit avoir été dérangé par un délai de quelques minutes pour réparer un trou dans son couloir. La légère baisse de température corporelle et la petite brise créée par les patineurs précédents, qui est tombée, lui ont potentiellement coûté quelques centièmes, a évalué le champion mondial.

« À moins que ce fût vraiment un gros trou, j’aurais préféré qu’ils le laissent comme ça et qu’ils nous fassent partir à l’heure prévue. […] Ce n’était pas idéal, mais au moins, j’ai été en mesure de bien répondre. »

Le meneur au classement de la Coupe du monde a admis que la bonne fortune l’a peut-être aussi favorisé. Le Chinois Tingyu Gao, médaillé d’argent vendredi, a déclaré forfait pour une raison inconnue dimanche. Avec le même temps, il n’aurait également pas fait mieux que cinquième deux jours plus tôt.

« Être capable de gagner huit médailles en huit courses, je ne peux pas l’expliquer. Je n’aurais pas pu viser ça [avant le début de la saison]. La marge d’erreur est tellement fine, il y a un petit facteur de chance là-dedans. Des fois, tu fais une super bonne course et tu finis quatrième. »

Avec deux médailles d’or, deux d’argent et quatre de bronze, l’athlète de 29 ans conclut la campagne au premier rang du classement. Avec 420 points, il a facilement devancé les Japonais Wataru Morishige (351) et Tatsuya Shinhama (346).

Après la cérémonie du podium, Dubreuil a eu moins d’une heure et demie pour se relancer pour le 1000 m. En toute franchise, il n’était pas le plus enthousiaste à l’idée de prendre le départ dans cette distance arrache-cœur pour ce sprinteur pur. « Ça ne me tentait plus, je m’en serais passé ! […] Mais je suis capable de me crinquer, je suis un professionnel. »

Cinquième au classement de la Coupe du monde, il devait se maintenir parmi les huit premiers afin de se préqualifier à cette distance pour les Jeux de Pékin.

Fidèle à son habitude, il a été le plus rapide aux 600 m, mais il a fléchi dans le dernier tour, ce qui l’a repoussé au huitième rang. Au final, il n’a reculé que d’un échelon au cumulatif de la saison, ce qui l’assure de patiner à cette épreuve aux Jeux de Pékin.

Selon toute vraisemblance, il ne s’alignera donc pas aux sélections de Québec dans deux semaines.

« Je peux vraiment me concentrer sur ma préparation sans avoir à être bon dans deux semaines. C’était l’idéal, j’en suis très satisfait, même si aucun de mes 1000 m cette année n’a été super bon. Ce l’était assez pour réussir mon objectif sur cette distance. »

Zhongyan Ning a remporté l’or en 1 min 06,65, une première pour un Chinois à cette épreuve. Le jeune Américain Justin Stoltz, 17 ans, a poursuivi son irrésistible ascension en décrochant l’argent en 1 min 06,96. Mushtakov a complété le podium, son deuxième de la journée. Sixième, Connor Howe a été le meilleur Canadien.

Médaillé au 1000 m aux deux derniers Mondiaux, Dubreuil (1 min 7,33 s) pense pouvoir être un prétendant à Pékin dans deux mois, d’autant que la course sera disputée six jours après le 500 m.

« Tout peut arriver. Les écarts ne sont pas larges. Je suis à trois dixièmes de la médaille, quoique les meilleurs Néerlandais n’étaient pas là. C’est très légitime de penser couper ça. Je suis surtout heureux de pouvoir me préparer de façon idéale, sans sacrifier quoi que ce soit pour me classer au 1000 m. »

Dubreuil se reposera en famille la semaine prochaine avant de relancer la machine. « On peut gagner une médaille aux Olympiques, c’est ça, le but ultime, a rappelé son coach Gregor Jelonek plus tôt cette semaine. Au niveau des résultats et de la préparation, ça regarde super bien. Mais l’accent reste sur le mois de février. Il y a encore beaucoup de travail. On ne sera pas pleinement satisfaits tant que l’objectif n’a pas été réalisé. »

Huit podiums

Avec l’argent d’Ivanie Blondin au départ de groupe et le bronze de Ted-Jan Bloemen, Connor Howe et Jordan Belchos à la poursuite par équipes, dimanche, le Canada a conclu la Coupe du monde de Calgary avec un total de huit médailles.