(Killington, Vermont) Sous une fine neige, Mikaela Shiffrin a gagné le slalom de Killington pour la cinquième fois de suite, dimanche après-midi.

En deuxième manche, l’Américaine a effacé un retard de deux dixièmes sur son éternelle rivale, la Slovaque Petra Vlhova, pour s’imposer encore une fois au Vermont, un endroit qu’elle considère comme « la maison ».

Comme d’habitude, toute sa famille et ses proches y étaient. Tous, sauf son père Jeff, mort en février 2020 des suites d’une blessure à la tête après un accident à sa résidence de Vail.

Sa victoire à peine confirmée, Mikaela Shiffrin a craqué à la première question posée à la traditionnelle interview pour la télévision internationale. Pendant 30 secondes, elle a pleuré.

« Je ne tiens pas pour acquises ces occasions de gagner des courses, a-t-elle expliqué un peu plus tard à une question de La Presse. C’est fantastique de pouvoir skier comme ça. Ça demande beaucoup d’énergie, d’attention et d’intensité. Tu veux gagner et tu le fais. Tout ça est émotionnel, mais ce l’est encore plus ici parce que je peux le partager avec ma famille. Elle a été ici chaque année, c’est très spécial. Mais ça me rappelle aussi les gens qui ne sont plus là. Il y a toujours un peu de tristesse… Mais les émotions tristes, c’est fini. Je suis juste emballée, et c’était merveilleux de courir ici. »

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Mikaela Shiffrin et Petra Vlhova

Sentant son cœur « qui voulait sortir de sa poitrine » dans le portillon de départ, Shiffrin a bien failli ne pas pouvoir savourer cette victoire, sa deuxième de la saison après celle en slalom géant à Sölden en octobre.

Au début de la deuxième manche, elle a dû user de toute sa puissance pour ne pas sortir de parcours après un déséquilibre majeur.

Elle avait bien du mal à expliquer ce tour de force. Elle s’est comparée à un joueur de tennis qui retourne un puissant service sans même voir la balle.

« C’est une chose très étrange. Tu ne fais qu’anticiper où la balle ira et tu dois te mettre sur le pilote automatique pour être en mesure de réussir cela. Ça demande beaucoup de pratique et des années d’entraînement. Et peut-être aussi la volonté de mettre l’intensité dans cette descente. »

Dernière à s’élancer, Vlhova a elle aussi commis une erreur qui l’a encore plus ralentie en haut de parcours. Impossible de s’en remettre : elle a traversé le fil avec un retard de trois quarts de seconde. La Suissesse Wendy Holdener a complété le podium, terminant à 83 centièmes de la gagnante.

« Ç’a été une grande, grande bataille aujourd’hui, a constaté Shiffrin. Je suis assez heureuse de la façon dont j’ai skié en deuxième manche. J’ai fait une petite erreur, mais pas aussi grande que celle de Petra. Je commence à retrouver mon esprit de combattante. C’est encore plus significatif de réussir ça en deuxième manche. »

Ce succès est le 71e de Shiffrin en Coupe du monde, son 46e en slalom. Elle égale ainsi le record du Suédois Ingemar Stenmark pour le plus de victoires dans une seule discipline.

« Je ne le savais pas ! Mais je mentirais si je disais que je n’apprécie pas ces statistiques et ces records. Bien sûr que j’aime ça. Mais je considère Ingemar comme le plus grand de tous les temps. Et Marlies Schild comme la plus grande slalomeuse. Je ne pense jamais me voir prendre leur place. Je préfère vraiment être dans la position de celle qui court après. »

St-Germain 13e

Après un début de saison frustrant à Levi, Laurence St-Germain n’a pas réussi à rebondir comme elle le souhaitait. Onzième à l’issue de la première manche, elle a perdu deux rangs à la reprise pour terminer 13(+ 2,78 s), tout de même son meilleur résultat en cinq essais à Killington.

Plus intense en deuxième manche, la slalomeuse de Saint-Ferréol-les-Neiges a volé le spectacle en s’écrasant après avoir traversé la ligne d’arrivée. Elle a planté son bâton entre ses deux jambes, ce qui lui a fait faire deux rotations complètes dans la neige.

Heureusement, cette chute a été sans conséquence fâcheuse, ni sur sa santé ni sur son chrono. Elle s’est relevée en riant avant d’aller saluer sa famille et ses amis dans la première rangée.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Laurence St-Germain

« J’ai hâte d’arriver en bas et de conserver mon rang, a-t-elle regretté peu après. Ça fait un petit bout que ça ne m’est pas arrivé, et c’est ce que je voulais faire. Je suis encore un peu déçue, mais au moins, j’ai l’impression d’avancer. »

St-Germain estime que son manque de régularité à l’entraînement se répercute sur ses performances en course. Elle envisage de multiplier les simulations de compétition lors de son prochain bloc en Europe, le mois prochain.

« En ce moment, c’est plus mentalement qu’il me manque un peu de feu. L’année passée, j’étais capable d’aller à un rythme de course à l’entraînement. Il faudrait que je le fasse plus que ce que j’ai fait cette année. »

« [En course], c’est dur de savoir quel est le bon état d’esprit, a-t-elle noté. C’est l’aspect où je ne peux me comparer à personne. Même si je regarde des vidéos de Shiffrin, Vlhova ou Wendy, je ne peux pas savoir quel est leur état d’esprit avant le départ. C’est d’essayer de trouver celui qui fonctionne pour moi et qui va me rendre meilleure. »

Avec sa coéquipière Erin Mielzynski, elle aussi déçue de sa 20place, St-Germain a quitté l’enclos d’arrivée en distribuant photos et autographes. Elle profitera de la prochaine semaine et demie au Québec pour passer deux examens pour son baccalauréat en génie biomédical à Polytechnique. Le prochain slalom de la Coupe du monde est prévu le 28 décembre à Lienz, en Autriche, un mois avant l’ouverture des Jeux olympiques de Pékin.