Lindsey Vonn ne suivra pas les épreuves de la Coupe du monde de Sölden cette fin de semaine. Pas par manque d’intérêt : « Il y a une part de moi qui pense que je vais encore courir ce week-end… » Simplement, l’épreuve d’ouverture de la saison de ski alpin ne sera pas diffusée aux États-Unis. Ni au Canada d’ailleurs.

Malgré la confidentialité relative du ski alpin en Amérique du Nord, Vonn est devenue l’une des plus grandes vedettes sportives sur la planète et dans son pays. Skieuse la plus titrée de l’histoire avec 82 succès, marque que pourchasse Mikaela Shiffrin (69), l’Américaine de 37 ans s’est retirée après une médaille de bronze en descente aux Championnats du monde de 2019, où elle s’était élancée sur deux genoux bousillés.

Icône populaire, Vonn poursuit une carrière d’entrepreneure et tient les rênes d’une fondation homonyme qui aide les jeunes, en particulier les filles, avec des bourses d’études et sportives. Sa maison de production prépare un premier documentaire sur son idole de jeunesse, la skieuse Picabo Street, et elle lancera sa deuxième biographie, deux offrandes qui doivent paraître avant les Jeux olympiques de Pékin l’hiver prochain.

Porte-parole de longue date de l’équipementier Under Armour, elle tient la (grande) forme, comme en témoignent ses nombreuses vidéos dans le gym diffusées sur ses réseaux sociaux. Toujours prête à repousser les limites, elle finit parfois ses séances en vomissant dans une poubelle.

La native du Minnesota, qualifiée de « lente comme une tortue » par son premier entraîneur, était invitée (virtuellement) par la conférence C2 Montréal, jeudi midi. De sa résidence, elle s’est entretenue avec la journaliste Valérie-Micaela Bain et a répondu à quelques questions du public. Morceaux choisis de la conversation.

PHOTO ALLEN MCEACHERN, FOURNIE PAR C2 MONTRÉAL

Lindsey Vonn était invitée (virtuellement) par la conférence C2 Montréal, jeudi midi. De sa résidence, elle s’est entretenue avec la journaliste Valérie-Micaela Bain et a répondu à quelques questions du public.

Sur sa carrière ponctuée de 82 victoires en Coupe du monde, 2 titres mondiaux, 1 médaille d’or en descente aux Jeux olympiques de Vancouver en 2010, de nombreuses chutes spectaculaires et des blessures aux genoux

« J’ai assurément vécu une carrière très fluctuante avec beaucoup de hauts et de bas. De toutes mes réussites, gagner les Jeux olympiques est certainement le fait marquant. Je rêvais aux JO depuis l’âge de 9 ans. C’était vraiment plus que ce à quoi je pouvais rêver. Je vais m’en souvenir pour le reste de mes jours. »

Sur les perpétuels commentaires sur son look et son corps dans les articles à son sujet

« Je ne pourrais pas dire que j’ai aimé mon corps durant toute ma carrière. C’est venu plus tard. […] Il y avait toujours des commentaires sur mon look, dans quel magazine je passais et quelle couverture je faisais. Ç’a parfois été un peu difficile. J’ai commencé à me comparer aux autres et ça m’a mise dans le trouble. Quand tu te concentres sur toi et que tu t’améliores, c’est là que tu fais les véritables gains. Je l’ai appris à la dure et ça m’a pris quelques années sous les projecteurs avant de le comprendre. Mais je suis à un bon endroit en ce moment. J’adore mon corps. Il n’est pas comme celui de toutes les autres et c’est ce qui m’a permis de réussir tant de choses en ski alpin. Il n’est pas parfait, mais c’est parfaitement moi. »

Sur sa fin de carrière forcée par des blessures aux genoux, qu’elle a conclue par une médaille de bronze en descente aux Mondiaux d’Åre en 2019

« À bien des égards, j’ai eu une très belle fin. Plusieurs athlètes se blessent, ne sont pas en mesure de poursuivre la compétition et n’ont pas l’occasion de faire une dernière course. En ce sens, j’ai été chanceuse d’avoir cette dernière course aux Championnats du monde. Ce n’est pas ce que je voulais, mais c’était une médaille de bronze. J’en suis extrêmement fière : je descendais avec deux attelles aux genoux, je n’avais pas de ligament croisé antérieur dans l’un et une fracture et des meurtrissures osseuses dans l’autre. J’avais l’impression que ça tenait avec du ruban adhésif ! J’aurais souhaité poursuivre ma carrière en santé et j’aurais adoré battre le record d’Ingemar Stenmark. Je suis à court de quatre victoires, mais tout est une question de perspective. Je dois garder en tête que j’ai eu une carrière remplie de succès. »

Sur la difficulté de se motiver après la retraite

« Ç’a assurément été un défi. J’ai mis un an avant de savoir ce que je voulais faire. Ne vous méprenez pas, je me suis toujours préparée pour la retraite. Mon père m’a toujours prévenue que ma carrière se terminerait à un certain moment et que je devais être prête pour la prochaine étape. J’ai donc toujours tenté de gérer mon entreprise et tout ce que je faisais hors des pistes de façon à me préparer au succès après le ski. Mais ç’a été un plus grand défi que prévu. J’adore aller vite et j’étais accro à la vitesse. Ç’a été difficile de perdre ça. Je me trouve de nouveaux défis. Je suis maintenant entrepreneure et j’investis dans quelques fonds. »

Sur la santé mentale des athlètes, sujet sur lequel elle s’est ouverte en 2012 en parlant de sa propre lutte avec la dépression depuis l’âge de 18 ans

« J’aimerais qu’on ait un peu plus d’empathie pour les athlètes en général. On les met sur un tel piédestal et souvent, on n’accepte pas leurs failles. C’est un sujet qu’on comprend mieux comme société. Mais ce que les athlètes doivent traverser sur le plan mental est un énorme défi. Ce n’est pas que physique. […] Chaque individu est différent, mais Simone [Biles], Naomi Osaka et Michael Phelps ont parlé ouvertement de santé mentale depuis un moment. J’ai commencé en 2012. Ça devient plus normal [de le faire]. Mais j’aimerais qu’on ait tous un peu plus d’empathie et de compréhension. »

Sur les blessures et le fragile équilibre entre repousser ses limites et préserver sa santé

« Ç’a toujours été un couteau à double tranchant pour moi. Je me suis toujours poussée à la limite. Ça m’a menée à beaucoup de succès, mais aussi à tellement de blessures. Je ne changerais pas mon approche. C’est la façon dont j’aborde la vie et c’est ce qui m’excite, me donne du succès et me garde motivée. J’en veux toujours plus et je continue à travailler pour y arriver. […] Oui, je me suis retrouvée dans les clôtures beaucoup trop souvent, mais j’ai le sentiment que tu n’atteins pas ton plein potentiel sans repousser la limite. »

Voyez une compilation de ses chutes sur Instagram

Sur ses aspirations

« Ultimement, mon but est d’être heureuse. Trouver tous ces nouveaux défis me rend heureuse à plusieurs égards. À long terme, mon but est d’obtenir autant de succès en affaires qu’en ski alpin. J’aimerais arriver dans une salle de conseil d’administration et que les gens me respectent pour ce que j’ai accompli en affaires et non qu’ils fassent référence à mon passé de skieuse. C’est mon but ultime, mon prochain but, dans la vie. »