Charles Hamelin ne voit pas que du négatif aux chamboulements provoqués par la pandémie de COVID-19 depuis près d’un an et demi.

Le patineur de vitesse sur courte piste de Sainte-Julie croit que ses coéquipiers et lui ont pu tirer avantage de la situation en peaufinant leur technique hors glace. Hamelin a maintenant hâte de voir les résultats de leur préparation.

« Nous avons pu travailler plein de choses que nous ne pouvions pas peaufiner pendant une saison normale, parce que nous sommes tout le temps partis ailleurs dans le monde pour participer à des compétitions. Et c’est difficile de piocher le marteau sur un élément en particulier, entraînement après entraînement, quand il faut aussi penser à sa vitesse, à ses dépassements et à conserver ses énergies pour les compétitions », a expliqué Hamelin mardi, à quelques jours du début des Championnats canadiens, samedi.

« Là, pendant un an et demi, oui, nous avons perdu du temps sur la glace, mais nous avons pu travailler sur notre technique hors glace, durant l’été au parc Maisonneuve ou en vélo. Nous sommes revenus sur la glace avec des sensations différentes. Tout le monde a pu donner des coups de massue sur les points techniques à améliorer. »

Hamelin, quintuple médaillé olympique et champion du monde au général en 2018, croit que les Championnats mondiaux de mars dernier, seule compétition présentée pendant la saison 2020-2021, ont permis aux patineurs canadiens d’avoir un aperçu des résultats de leur entraînement pendant la pandémie.

En l’absence de certaines puissances mondiales, comme la Corée du Sud et la Chine, le Canada est monté quatre fois sur le podium lors des Mondiaux, présentés aux Pays-Bas. Hamelin a gagné l’or au 1500 m, tandis que Courtney Sarault a remporté deux médailles d’argent, dont celle au classement général, et une médaille de bronze.

Hamelin et ses coéquipiers ont pu reprendre un programme d’entraînement « normal » vers la mi-avril. Et comme le patineur de 37 ans, l’entraîneur Sébastien Cros est curieux de voir où son groupe se situera par rapport à la compétition internationale cette saison.

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Sébastien Cros

« Honnêtement, je pense que l’enjeu majeur est le côté tactique, a dit celui qui dirige le programme canadien masculin depuis juin 2019 et le programme féminin depuis le printemps 2020. Une grosse partie de nos athlètes est encore en phase de développement à ce niveau-là. De ne pas avoir eu de compétitions pendant un an et demi, c’est sûr que c’est un enjeu. C’est dommage pour ça.

« Nous avons essayé de compenser avec des courses le week-end avec notre groupe. Mais ce n’est pas le même niveau que ce que nous allons rencontrer, même si ça permet de travailler l’adaptation, la réaction, la prise d’info, etc. »

Cros connaîtra, au terme des Championnats canadiens, le 29 août, la composition de l’équipe qui participera aux quatre arrêts du circuit de la Coupe du monde à l’automne.

Boutin renoue avec la glace

Le retour à l’entraînement a été encore plus particulier pour Kim Boutin, qui était en pause depuis novembre 2020.

Boutin a gagné une médaille d’argent et deux de bronze aux Jeux olympiques de PyeongChang, en 2018, et malgré de bons résultats la saison suivante, elle a eu besoin de prendre du recul pour retrouver sa motivation.

« L’année 2019 a été très difficile. J’ai eu de superbes performances, mais côté exigences et pression, ç’a été très difficile, a admis Boutin. Je n’ai pas patiné la saison dernière, je me suis vraiment retirée de l’entraînement. J’ai vu une thérapeute en psychologie-trauma, pour faire un travail par rapport aux derniers Olympiques. J’ai traîné beaucoup de choses à travers lesquelles je devais passer pour devenir une autre athlète, pour travailler différemment. »

Quand vous visez la performance, vous pouvez tomber dans une spirale. Pour moi, ç’a été très bénéfique de prendre du recul.

Kim Boutin

Boutin avait été la cible de menaces en ligne après avoir gagné sa première médaille de bronze à PyeongChang. Elle avait été promue sur le podium à la suite de la disqualification d’une patineuse sud-coréenne pour un contact à son endroit.

La Sherbrookoise de 26 ans veut donc simplement profiter des Championnats canadiens pour renouer avec la compétition.

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Kim Boutin

« Oui, j’ai des objectifs de performance, parce que ça fait partie du processus de sélection olympique, mais le résultat en soi n’est pas très important ou pertinent, a-t-elle dit. Pour moi, c’est de renouer de la bonne façon avec la glace. En 2019, j’étais sur la glace sans savoir où j’étais ou ce que je faisais. Pour moi maintenant, c’est d’être consciente sur la glace.

« Les filles sont super bonnes. Ça fait longtemps que je n’ai pas été défiée comme ça à l’entraînement. Ce sera un beau défi. »