(Fort Lauderdale) L’affectation médiatique de Laurent Courtois se termine. Il quitte le petit cubicule où se déroulent les entrevues d’après match, en annexe du vestiaire du CF Montréal dans le Chase Stadium de Fort Lauderdale. De l’autre côté de la porte, de toute évidence, son équipe l’attendait.

Il est accueilli par des cris et des célébrations de la part de ses joueurs, qui viennent de l’emporter 3-2 au terme d’un match spectaculaire contre l’Inter Miami. En attendant Fernando Álvarez, visiblement occupé dans les prochains instants, on se permet un petit aperçu de la scène bruyante qui se déroule à quelques mètres de nous.

Les trois buteurs du match, soit Álvarez, Matías Cóccaro et Sunusi Ibrahim, sont nommés et chaleureusement applaudis l’un après l’autre. Toute l’équipe, incluant le personnel et les entraîneurs, pose ensuite pour une traditionnelle photo de vestiaire, les joueurs torse nu et ne portant pas tous leurs shorts. Le moment se conclut avec des imitations de la célébration fétiche de Cristiano Ronaldo, les tonitruants « siiiuuu » fusant de toutes parts.

Après qu’il a répondu aux questions des médias sur la conférence de presse virtuelle, on interpelle Samuel Piette à sa sortie de la pièce contiguë. L’ambiance, ici, présentement, ça démontre quoi pour toi ?

« Ça illustre la vibe, répond-il instantanément, comme encore sur l’adrénaline. Ça illustre que tout le monde embarque, même les joueurs qui n’étaient pas habillés. »

Pour lui, l’esprit de corps qui enveloppe l’équipe actuellement témoigne d’une formation « toute sur la même page ».

Il n’y a personne plus gros que l’équipe. C’est vraiment ça qui fait une différence.

Samuel Piette

Il avance lui-même l’idée qu’un joueur de la trempe de Josef Martínez aurait pu avoir cet « ego ». « Mais zéro. Ça fait en sorte que tout le monde se respecte mutuellement, qu’on a du succès, qu’on est tous égaux. Et que quand on va avoir des moments difficiles, personne ne va pointer du doigt. »

On entendait déjà les émanations de bonheur à travers le mur séparant le vestiaire à la conférence de presse lors de l’allocution de Courtois, le premier à s’y présenter.

« Ils sont contents parce qu’ils viennent de battre l’un des plus gros, sinon le plus gros club de la ligue », a-t-il relevé lorsqu’interrogé par un confrère sur la visioconférence. Les sons étaient perceptibles jusqu’à Montréal.

« Je sais que les gens vont dire que tel ou tel gars était absent, ajoute-t-il en parlant notamment de Lionel Messi. Mais je ne veux rien enlever à mon équipe. Je veux qu’ils apprécient et qu’ils soient récompensés pour leurs efforts. »

PHOTO SAM NAVARRO, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

« Son message est très clair, il n’y a pas de bullshit avec lui », déclare Samuel Piette à propos de l’entraîneur-chef Laurent Courtois (au centre, en blanc). « Il est très transparent. Quand tu es bon et quand tu l’es moins. »

« Pas de bullshit » avec Courtois

Parlons-en, de ces « efforts ». Parce qu’après trois matchs, sur la route de surcroît, Montréal est toujours invaincu, obtenant sept points sur une possibilité de neuf.

Laurent Courtois a parlé de « fatigue mentale » liée à ce séjour prolongé sur la route et aux va-et-vient, nécessaires, avec Montréal.

« Mais en même temps, le bénéfice, c’est qu’on est ensemble, ajoute l’entraîneur-chef. On passe du bon temps. On apprend à se connaître un peu plus rapidement. Si on avait eu trois défaites, ce serait la même chose. […] On sait ce qu’on veut faire et pourquoi on le fait. »

Fernando Álvarez le confirme : Courtois a « une idée très claire de la façon dont il veut qu’on joue ». « On y va étape par étape, dit le défenseur colombien. On ne peut tout faire en une journée. […] On est vraiment heureux avec lui, il gère très bien le groupe. »

Samuel Piette n’est pas passé par quatre chemins pour décrire son sixième entraîneur à Montréal depuis 2017. « Son message est très clair, il n’y a pas de bullshit avec lui, a-t-il lancé sans ambages. Il est très transparent. Quand tu es bon et quand tu l’es moins. »

Mais le Québécois n’attribue pas le mérite des succès du CFM en ce début de saison seulement au pilote de l’équipe.

« Je ne vous mentirai pas, répond-il à une question en anglais, la qualité des joueurs, de la préparation et du savoir-faire technique [technical savvy] que nous avons cette année, c’est à un niveau différent de l’an dernier. Et je ne veux manquer de respect à personne. Je pense qu’on a eu une excellente présaison, tout le monde est monté à bord. »

PHOTO NATHAN RAY SEEBECK, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

« On est loin du niveau qu’on veut atteindre, estime Samuel Piette. Il reste encore beaucoup de trucs à travailler. »

« Loin du niveau » souhaité

Piette a rappelé lui-même que le CF Montréal avait eu une fiche désastreuse à l’étranger, la saison dernière. Il n’avait obtenu que 2 victoires en 17 matchs, et 8 petits points accumulés sur une possibilité de 51.

« Il fallait changer notre mentalité. Il faut se dire : “oui, on est sur la route, on va probablement souffrir un peu plus”, comme on l’a vu [dimanche]. Mais quand on souffre, on s’assure de rester solides, compacts, travailler fort et, avec la qualité que nous avons, punir l’équipe adverse quand on en a l’occasion. […] C’est la plus grosse différence avec l’année dernière. »

Bien sûr, la saison est encore jeune. Et Laurent Courtois ne manque pas de rappeler qu’il y aura des « passages à vide ».

« On est loin du niveau qu’on veut atteindre, estime Piette. Il reste encore beaucoup de trucs à travailler. »

Et malgré l’euphorie de la victoire, Courtois est resté sobre dans ses réponses et dans ses propos.

« [L’important pour] nous, c’est ce qu’on construit pour le futur. »