(Fort Lauderdale) « Le meilleur cadeau qu’on m’a donné. » C’est ainsi que Matías Cóccaro a décrit le maillot de Luis Suárez qu’il tenait fièrement – le mot est faible – dans ses mains lorsqu’il s’est présenté devant le micro d’ESPN Deportes, dimanche soir.

L’Uruguayen et son CF Montréal venaient de l’emporter, 3-2, contre l’Inter Miami à Fort Lauderdale. Son compatriote, Luis « El Pistolero » Suárez, est entré en jeu au même moment où il sortait lui-même du terrain, après avoir brillamment donné les devants à son équipe à la 75minute.

« J’ai eu la chance de parler avec Luis Suárez », a-t-il dit, tout sourire, à ESPN. On remercie d’ailleurs l’ami Alberto Mora, journaliste montréalais d’origine colombienne œuvrant pour le site Golazo Canada, qui nous a aidé avec la traduction des propos de Cóccaro.

« Ce n’est peut-être pas le cas pour tout le monde, mais pour moi, c’est le maillot le plus important que j’ai [reçu]. »

« Quand mon père va voir ça, il ne va pas s’en remettre, a-t-il encore dit dans un autre extrait. Je me rappelle avoir vu Suárez en 2006 [avec le Nacional] contre la Rocha. Il avait marqué le troisième but. »

Vérification faite, c’était le 22 juin 2006. Une victoire de 4-1 du Nacional. La mémoire de Cóccaro, qui avait 9 ans à l’époque, est bonne.

« Je voulais mettre un peu de piquant ! »

Si la soirée s’est terminée avec une joie si palpable pour l’attaquant, ce n’est pas ce qui était dans les cartes avant qu’il n’enfile le but du 2-1.

El Zorro avait raté deux occasions en or en première mi-temps. La première, à la 12minute, est devenue virale sur les réseaux sociaux, tellement la bévue du gardien, qui a complètement loupé sa sortie, était gigantesque. L’Uruguayen a toutefois trop pris son temps, la défense s’est replacée, et son tir, dévié, est passé au-dessus de la cage floridienne.

« La vérité, c’est que je voulais mettre un peu de piquant, parce que je savais que Lucho [Suárez] me regardait ! », a-t-il blagué au sujet de sa patience incongrue dans la surface.

Au moins, Cóccaro a été sauvé littéralement une minute plus tard par la réussite de Fernando Álvarez, de la tête sur corner pour le 1-0.

Et comme on le disait, il s’est lui-même repris en deuxième mi-temps. Mathieu Choinière, encore une fois solide au milieu dimanche, lui a servi un caviar sur coup franc, un centre parfaitement placé qui a trouvé la cabeza du joyeux moustachu.

On vous laisse aux bons soins de cette délicieuse description en espagnol du premier but de Matías Cóccaro en MLS.

On ne pourra jamais remettre en doute son ardeur au travail. Cóccaro, il dérange les adversaires, et Jordi Alba en a même fait les frais lors d’une altercation avec l’Uruguayen pendant le match. S’il peut corriger ses petits déchets qui lui font rater de belles occasions comme en première mi-temps, son impact sera d’autant plus grand. Et son sourire, encore plus contagieux.

« On aurait dû gagner ce match »

S’il y en a un qui ne souriait pas dimanche, c’était bien Gerardo « Tata » Martino, l’entraîneur-chef de l’Inter Miami.

« On a passé toute la rencontre avec le ballon dans les airs, avec des têtes, et en forçant leur gardien à faire des arrêts, a-t-il martelé. C’était clairement un match qu’on aurait dû gagner. »

PHOTO REBECCA BLACKWELL, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Gerardo « Tata » Martino, entraîneur-chef de l’Inter Miami

A-t-il raison de tenir un tel discours ? Déchiffrons quelques statistiques pour y voir plus clair. Et commençons par les plus évidentes.

L’Inter Miami a eu 57,3 % de possession, contre 42,7 % pour Montréal. Les tirs tentés : 15 pour les locaux, 12 pour les visiteurs. Les tirs cadrés, c’est 4 partout. Alors déjà là, c’est partagé, et le CFM ne démérite pas.

Au chapitre des buts projetés, statistique utile notamment pour établir le portrait d’une rencontre en un regard, on parle de 2,7 xG pour Miami et de 2,5 xG pour Montréal. En d’autres mots, Montréal a mieux profité de la qualité des chances de marquer qu’il a obtenues, en enfilant 3, contre 2 pour Miami, qui aurait pu en inscrire plus.

C’est la même conclusion que l’on peut tirer du graphique des menaces en attaque généré par le site spécialisé Fotmob : oui, au volume, Miami a mieux contrôlé le jeu, mais en somme, Montréal a mieux fait avec ce qu’il s’est créé comme occasions.

CAPTURE D’ÉCRAN TIRÉE DU SITE FOTMOB

Le graphique des menaces en attaque pour le match Inter Miami – CF Montréal, généré par le site spécialisé Fotmob 

« Ce qui me préoccupe, a concédé Tata Martino, c’est que nous ne sommes pas une équipe qui défend avec vigueur. Que ce soit quand le ballon est en mouvement ou en coup de pied arrêté. »

L’Impact a marqué deux fois sur phase de jeu arrêtée, d’ailleurs. Et pour ça, il faut aussi attribuer du mérite à l’entraîneur adjoint David Sauvry, pour qui le mandat est de gérer ces séquences offensives de jeu immobilisé cette saison.

« Romuald [Peiser] et Lolo Ciman passent beaucoup de temps sur les jeux défensifs, a indiqué Laurent Courtois. David travaille sur les jeux offensifs. Je suis content qu’on soit récompensé, parce que c’est aussi la marque des bonnes équipes. »