(Fort Lauderdale) Miami a très peu en commun avec Montréal, on en convient. Un iguane ne se compare pas vraiment à un écureuil, après tout, sauf peut-être pour les dommages que ces deux espèces causent dans leurs villes respectives.

Mais là où les deux villes se ressemblent, c’est au chapitre de leur bilinguisme. Dans le comté de Miami-Dade, près de 70 % de la population considère l’espagnol comme sa langue première.

Ce qui fait en sorte que pour les activités médiatiques de l’Inter Miami, comme c’est le cas à Montréal avec le français, tout se déroule dans la langue de Guillermo Del Toro. Il y a bien un interprète, mais il n’a pas besoin de faire la traduction pour la dizaine de représentants des médias locaux présents en ce samedi matin ensoleillé. Nous sommes dans les installations du club à Fort Lauderdale, ville se situant en fait au nord du comté susmentionné.

Pas besoin de faire la traduction, disions-nous, sauf peut-être pour venir en aide à ce journaliste de Montréal qui ne se débrouille que sommairement en espagnol.

Et quand le premier client de la disponibilité médiatique se nomme Diego Gómez et que le volume de sa voix est à peine plus élevé que celui d’une fourmi, l’exercice se complique encore plus.

As-tu hâte de revoir ton ancien coéquipier Josef Martínez sur le terrain dimanche, Diego ? lui demande-t-on, alors qu’un avion passe au-dessus de sa tête, à l’horizon, enterrant encore plus les quelques décibels émanant de sa gorge. Le centre d’entraînement du club se situe tout juste à côté d’un aéroport d’affaires.

Il sourit.

« Il a commenté mes stories [Instagram] récemment, répond le milieu de terrain. On se parle à l’occasion. »

PHOTO JEAN-FRANÇOIS TÉOTONIO, LA PRESSE

Diego Gómez

On a regardé quelques matchs de Montréal. Ils ont de bons joueurs, et ils sont sur une bonne séquence. On est excités pour dimanche.

Diego Gómez

On a un peu plus de chance avec l’entraîneur adjoint Javier Morales, parfaitement bilingue.

« Ce sera un match difficile », assure le bras droit de Gerardo « Tata » Martino, qui rappelle les deux bons résultats que le CFM vient d’obtenir sur la route.

PHOTO JEAN-FRANÇOIS TÉOTONIO, LA PRESSE

L’entraîneur adjoint Javier Morales

Ils ont changé d’entraîneur, de style de jeu, ils ont vraiment bien joué jusqu’à maintenant. On doit voir comment on s’adapte pour dimanche, surtout avec [la situation] de nos joueurs.

Javier Morales, entraîneur adjoint de l’Inter Miami

Messi et Suárez… joueront-ils ?

Vous venez probablement d’apercevoir l’éléphant dans la pièce, chers lecteurs. On vous l’assure, on a cherché et attendu de voir Lionel Messi apparaître sur la pelouse du Florida Blue Center, samedi matin. En vain.

Les médias – non sans quelques moues désapprobatrices – ont été escortés à l’extérieur du centre d’entraînement après les 15 premières minutes, pratique courante en MLS à l’approche d’un match.

Pour comprendre les raisons de l’absence de Messi ainsi que de Luis Suárez pour le début de l’entraînement, permettez-nous de revenir en arrière… jusqu’au début de la saison.

PHOTO REBECCA BLACKWELL, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Lionel Messi et Luis Suárez, la semaine dernière

Messi a joué toutes les minutes de son club depuis le 21 février, soit 360 minutes sur 4 matchs, inscrivant 4 buts en 4 joutes. Suárez, c’est 313 minutes en 4 rencontres, et 3 buts au compteur. Les deux joueurs ont disputé au complet l’affrontement en Coupe des champions contre Nashville, jeudi soir, marquant tous les deux pour permettre à Miami d’obtenir un match nul de 2-2 à l’arraché.

Cette compétition, Miami y tient. Un titre acquis dans ce tournoi, et voilà une qualification pour la Coupe du monde des clubs dans la poche. Coupe du monde qui aura lieu… aux États-Unis, en 2025, au cours de la dernière saison du contrat de Lionel Messi.

Le match retour contre Nashville ? Mercredi prochain.

PHOTO JEAN-FRANÇOIS TÉOTONIO, LA PRESSE

Sergio Busquets (deuxième à partir de la droite) à l’entraînement léger avec ses coéquipiers

C’est dans ce contexte que le CF Montréal affrontera l’Inter Miami, dimanche. D’après ce qu’on comprend, même s’il a participé à l’entraînement samedi après le départ des caméras, ça aura été de façon légère, cette journée lui servant surtout de période de récupération. Ce sont pour les mêmes raisons que nous avons vu Sergio Busquets et Jordi Alba s’échanger doucement le ballon et courir autour du terrain en début de séance, sans problème physique apparent.

Sachant tout cela, les vedettes du sud de la Floride joueront-elles contre le CF Montréal ? Cette décision sera prise « après l’entraînement » de samedi, a indiqué Javier Morales, qui s’exprimait avant celui-ci.

Luis et Leo, comme tous les joueurs qui ont joué beaucoup de minutes, il faut les gérer de la meilleure façon pour le long terme. La saison ne fait que commencer.

Javier Morales, entraîneur adjoint de l’Inter Miami

Vous nous permettez une petite prédiction, chers lecteurs ? Messi et Suárez ne seront peut-être pas sur le onze partant, mais devraient jouer, dimanche. Il s’agit quand même d’un match à domicile pour Miami. Ne serait-ce que pour les abonnés de l’Inter, les Montréalais auront probablement besoin de conjuguer avec les deux vedettes de 30 à 45 minutes.

Surtout que Miami assure ne pas prendre le CFM à la légère. Et que Montréal, de son côté, est prêt à « tout arracher », dixit Laurent Courtois, vendredi.

En tant qu’équipe au profil le plus prestigieux de la MLS actuellement « tout le monde vient ici pour essayer [de nous battre] », concède Morales.

« Il faut s’adapter et gérer cela, dit-il. On doit jouer chaque match pour le gagner. »

Avec Messi et Suárez dans leur forme actuelle, c’est généralement ce qui risque de se produire. Et ça, pas besoin d’étudier le livre Pensar y aprender pour le comprendre.