Le planchiste Maxence Parrot renouera avec la compétition cette semaine au Colorado, lors du Dew Tour, qui débute mercredi. Mais le grand objectif de sa saison reste les Jeux olympiques de PyeongChang.

Quatre fois champion des X Games, le planchiste Maxence Parrot, 23 ans, n'est pas du genre à s'asseoir sur ses lauriers. Il aime innover et repousser les limites de son sport. Il travaille fort pour y arriver. Et pour gagner. Dans sa ligne de mire cette année? Deux médailles d'or olympiques, dit-il sans hésiter.

Parrot est un précurseur, un artiste sur piste. L'image d'une nouvelle figure survient dans sa tête comme un flash inattendu, alors qu'il est au volant de sa voiture sport ou dans sa douche. Comme le double backside rodeo 1440 qu'il a inventé et qu'il a réussi en compétition l'automne dernier. Comme le quad underflip 1620 exécuté en janvier. Du jamais-vu.

«Dans mon sport, il faut vouloir se démarquer, proposer quelque chose de nouveau. Ça évolue à une vitesse folle. Mais je ne m'assois pas à ma table à chercher ce que je pourrais faire. Je m'inspire des vidéos de riders, j'en regarde chaque jour. Je prends un peu de tout et je fais mon style. Je fais beaucoup de visualisation. Et bang! Ça vient. Est-ce que je suis créatif?» Il hausse les épaules. «Je ne sais pas.»



La planche aux pieds tout l'été

«Il fut un temps où il y avait pas mal de partys dans mon sport, c'était moins sérieux», admet Parrot. Cette réputation colle, mais depuis 10 ans, le sport s'est métamorphosé. «Le niveau est de loin supérieur. Il y a 10 ans, les doubles n'existaient même pas. Aujourd'hui, on fait des quadruples flips. La compétition est féroce. Si tu veux performer, tu ne peux pas te permettre de prendre ça à la légère. Il serait impensable de rider après quelques bières.»

Dans l'exécution de ses figures, le Québécois ne laisse rien au hasard. L'athlète répète, peaufine, polit ses manoeuvres jusqu'à la quasi-perfection. Pendant cinq mois, de mai à octobre, il n'a pas touché la neige. Il a cependant travaillé sans relâche. Il avait sa planche aux pieds quatre jours par semaine, sur le coussin d'air du centre Maximise, à Sainte-Agathe-des-Monts.

ll poursuivra sa nouvelle saison mercredi à Breckenridge, au Colorado, pour la première étape du circuit Dew Tour. Il choisit avec soin où il posera sa planche. Il prévoit participer à quelques compétitions, essentiellement pour se «remettre dans le bain, pour retrouver le rythme». En janvier, il ne manquera pas de défendre son titre aux X Games d'hiver à Aspen, au Colorado.

Après sa meilleure saison en carrière - avec 10 podiums en 15 sorties -, le planchiste entreprend l'année olympique avec confiance. Il est en pleine montée. «Chaque année, je me demande comment je pourrai faire mieux que l'année précédente, mais j'y arrive toujours. Cette fois, ce sera dur à battre», dit-il, en riant. Quelque 97 000 fans suivent ses prouesses sur Instagram et 68 000 sur Facebook.

Créer sa danse

Déjà qualifié pour PyeongChang en slopestyle et en big air, il a une petite idée de ce qu'il présentera aux juges olympiques. Motus et bouche cousue. « J'ai quelque chose en tête, ce sera un bon saut. Mais je ne veux rien annoncer », dit-il. Il attend de voir la rampe. «Certaines rampes t'envoient dans un axe différent, elles te propulsent plus ou moins haut dans les airs. J'irai selon mon feeling sur place.»

Les planchistes auront une semaine pour se familiariser avec le parcours. «On fait un build-up, on crée notre propre danse. Le jour de la compétition, on met tout en place pour une descente parfaite, pour le gros show.»

Parrot se rend en Corée du Sud pour gagner. «Je ne veux pas trop penser aux résultats. Je souhaite réussir la descente que j'ai en tête. Si ça fonctionne, que j'atterris parfaitement, le résultat devrait venir avec.»

Il sait néanmoins que la lutte sera chaude. «Les Norvégiens, les Américains et mon coéquipier Mark McMorris peuvent tous gagner. Ce ne sont pas des gars à battre, je ne le vois pas comme ça, on est tous amis, précise-t-il. Si on s'attarde trop aux autres, on perd le focus. Je dois me battre moi-même.»

Bien entouré

À Sotchi en 2014, Parrot a terminé cinquième en slopestyle. Le big air, sa spécialité, n'était pas présenté. «C'était une première expérience. J'avais été qualifié à la dernière minute, j'ai fait de mon mieux et j'étais satisfait.»

Néanmoins, il fera différemment cette fois. «À l'époque, j'étais plutôt loner, je faisais mes affaires de mon bord. Des gens voulaient m'aider, mais j'avançais seul.» Depuis, l'athlète - qui est son propre patron - a changé son approche. Il s'est entouré d'une équipe de spécialistes, dont le préparateur mental Jean-François Ménard.

«Cet ajout fait une grosse différence dans mes résultats, estime-t-il. Quand tu fais quatre flips dans les airs, ça peut faire peur même si tu connais le danger, même si tu es en contrôle. Jean-François m'aide à passer par-dessus ces barrières, à visualiser, à me concentrer.»

La clé pour réussir, c'est avant tout d'être passionné, souligne Parrot. «J'ai découvert le snowboard à l'âge de 9 ans et j'ai tout de suite aimé la sensation d'être de côté, de glisser.» Simplement. «Dans le parc à neige, il y a toujours quelque chose à apprendre sur les rails, les sauts. Ce n'est jamais redondant.»

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PHOTO JUNG YEON-JE, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Maxence Parrot a testé les installations olympiques de PyeongChang en novembre 2016.

Le palmarès de Maxence Parrot

X GAMES

BIG AIR: 3 médailles d'or, 3 médailles d'argent

SLOPESTYLE: 1 médaille d'or, 1 médaille d'argent 

WORLD SNOWBOARD TOUR

CHAMPION DE BIG AIR 2015-2016

CHAMPION DE BIG AIR 2013-2014 

CHAMPIONNATS DU MONDE

VICE-CHAMPION DE SLOPESTYLE 2015-2016 

COUPE DU MONDE

CHAMPION DE BIG AIR 2015-2016

VICE-CHAMPION DE SLOPESTYLE 2013-2014 

JEUX OLYMPIQUES

JEUX DE SOTCHI (2014): 5e place, slopestyle

Source: AF-2.com