Au début de l'été, Dominique Maltais en a eu assez. Après un long et exigeant cycle olympique couronné par une médaille d'argent aux Jeux de Sotchi, l'idée de s'engager pour une autre saison ne l'enchantait guère.

Frustrée par le silence de commanditaires potentiels, elle avait plutôt envie de disparaître de la circulation et de mener sa vie à son propre rythme. Le stress, les médias, les demandes, basta! Mais le sport, ça, non.

Véritable maniaque de l'entraînement, Maltais a continué de bouger. Beaucoup de vélo et de temps passé dans le petit gymnase qu'elle a aménagé dans sa maison sur le bord du fleuve à Petite-Rivière-Saint-François, dans Charlevoix. Avec un chum hockeyeur qui partage son intérêt, la motivation n'était pas dure à trouver. Au bout du compte, l'athlète de 33 ans a conclu son été dans une «forme splendide», peut-être la meilleure de sa vie.

Le déclic s'est produit quand Canada Snowboard a communiqué avec elle, il y a quelques semaines, pour s'informer de ses intentions. La fédération était prête à l'inclure dans le groupe de quatre athlètes qu'elle soutiendrait en 2014-2015. Maltais s'envolera donc la semaine prochaine pour un stage sur neige en Argentine, première étape vers sa 11e et dernière saison sur le circuit de la Coupe du monde.

«Je n'ai pas de commanditaires financiers, je vais le faire pour moi, sans trop me mettre de pression», a précisé la planchiste lors d'un entretien téléphonique mercredi après-midi.

«Mais me connaissant, c'est tout ou rien. Si je prends part à des compétitions, ce n'est sûrement pas pour arriver dernière», a-t-elle prévenu.

Maltais venait d'annoncer ses intentions en conférence de presse chez le concessionnaire Mercedes-Benz de Québec, un partisan de la première heure qui a accepté de lui fournir une auto pour une autre année.

«L'an passé, j'ai terminé la saison en me disant "j'ai enfin atteint le niveau que je voulais", a-t-elle rappelé. Je contrôlais la majorité de mes courses, et il faudrait que je termine là-dessus? Je trouvais ça triste.»

Viser le titre mondial

Son principal objectif sera les Mondiaux de Kreischberg, en Autriche, du 15 au 25 janvier, où elle visera le titre mondial qui manque à sa collection. Elle a gagné l'argent à Stoneham en 2013 et le bronze à La Molina en 2011. Elle tentera également de décrocher un sixième globe de cristal, trophée décerné à la gagnante du classement général de la Coupe du monde.

L'athlète internationale de l'année au dernier gala Sports Québec a également profité de l'occasion pour annoncer son association avec le collège des Hauts Sommets, une école secondaire privée à formule coopérative de Saint-Tite-des-Caps. La double médaillée olympique agira comme conseillère et accompagnatrice des élèves de l'option «sports de glisse».

Cette incursion dans le domaine scolaire est un premier pas dans sa transition professionnelle. Pompière à Montréal au début de la vingtaine, elle bénéficiait d'un congé sabbatique depuis 2005 pour pouvoir mener sa carrière sportive. Comme elle est bien enracinée dans Charlevoix, il était devenu clair depuis quelque temps qu'elle ne reviendrait pas s'établir dans la métropole. Son lien professionnel avec la Ville de Montréal a donc été officiellement rompu le printemps dernier.

«Je me retrouve sans emploi et je ne veux pas rester à ne rien faire en attendant que d'autres projets à long terme se concrétisent, dit Maltais. Alors, aussi bien faire une autre saison en Coupe du monde.»

Et pourquoi ne pas enrichir un palmarès comptant déjà 37 podiums en 74 départs?