Les jeunes planchistes québécois Nicolas Palfreeman et Sébastien Leclair effectuent leurs premiers pas sur le circuit de la Coupe du monde de surf des neiges. S'ils passent pour l'instant incognito, on pourrait parler souvent d'eux d'ici les Jeux de Sotchi.

Palfreeman, âgé de 17 ans, et Leclair, 16 ans, font en effet partie de cette jeune relève qui ambitionne de se tailler une place au sein de l'équipe olympique canadienne en 2014.

Planchistes polyvalents, ils sont de l'épreuve de demi-lune à la Coupe du monde de Stoneham dont le déroulement a été perturbé par la pluie et le brouillard, vendredi. Ils prendront également part, samedi, au Big Air au centre-ville de Québec.

Palfreeman, de Saint-Sauveur, dont c'est le baptême en Coupe du monde ce week-end, a été conquis par le surf des neiges à la fois par son côté divertissant tout en demeurant un sport compétitif.

«Je cherchais un sport compétitif qui me permettait en même temps de m'amuser, confie celui qui affirme avoir toujours été un peu casse-cou. Il est important pour moi de m'amuser parce que c'est à la base de mes performances.»

Leclair, de Lorraine, qui se remet d'une blessure à la hanche subie à l'entraînement il y a deux semaines, a été initié au sport par son frère aîné Alexandre.

Il est devenu l'an dernier, à 15 ans, le plus jeune Canadien sélectionné pour une épreuve de la Coupe du monde. Il s'était classé 22e en demi-lune à Stoneham et 29e du Big Air.

«Cette année, je sais davantage à quoi m'attendre. La Coupe du monde, ça sonne gros pour un jeune. Avec seulement deux départs en Coupe du monde, je manque d'expérience. Mon objectif est de me montrer plus constant dans mes performances.»

Lui aussi estime que le plaisir est important dans la pratique de son sport.

«Si tu n'as pas de «fun» en surf des neiges, tu ne peux pas progresser.»

Visibilité

Actuellement le demi-lune en surf des neiges ne bénéficie pas de la visibilité du snowboard cross, qui mise sur Dominique Maltais et Maëlle Ricker comme têtes d'affiche, ou des épreuves alpines, popularisées par Jasey Jay Anderson.

Des athlètes comme Palfreeman et Leclair pourraient obtenir un coup de pouce pour se faire connaître si le Comité international olympique prenait la décision en avril prochain d'inclure le slopestyle au programme des Jeux de Sotchi. Le slopestyle est une discipline où les concurrents sont jugés selon l'amplitude et le degré de difficulté des manoeuvres qu'ils tentent dans un parcours à obstacles.

«Si le slopestyle devient une épreuve olympique, ça devrait aider la cause du demi-lune, estime Palfreeman. Les gens ne connaissent pas assez le demi-lune ici au Canada, contrairement aux États-Unis où c'est très populaire.»

Programme innovateur

Palfreeman et Leclair font partie d'un groupe de huit athlètes au sein du programme de développement de l'entreprise SnowboardFirm, fondé il y a quatre ans par les entraîneurs Brian Smith et Catherine Parent.

«Notre rêve au départ était de créer un programme capable de prendre en charge les jeunes athlètes dès le début de leur carrière et de leur fournir la même équipe d'entraîneurs jusqu'aux Jeux olympiques, mentionne Parent.

«En plus d'un programme d'entraînement complet sur 10 mois, nous avons réuni une équipe de spécialistes - préparateur physique, psychologue, physiothérapeute, médecin. Ils disposent des mêmes services qu'au niveau national. Nous voulons le meilleur pour nos athlètes.»

Parmi leurs athlètes, cinq se veulent des espoirs pour les Jeux de Sotchi. Outre Palfreeman et Leclair, on parle de Charles Reid, 20 ans, qui a raté sa qualification de peu pour les Jeux de Vancouver l'an dernier, William Boisjoli, 14 ans, et Justin DeCastris, 14 ans.

Ce programme innovateur fournit non seulement aux athlètes tous les moyens d'exprimer leur talent athlétique, mais voit également à leur cheminement académique.

Ainsi depuis septembre dernier, SnowboardFirm a mis sur pied un programme sport-études avec la polyvalente de St-Jérôme, une première du genre au Québec pour les athlètes de surf des neiges.

«Tout en donnant les moyens à nos athlètes de se rendre jusqu'aux Jeux olympiques, il faut aussi leur permettre de réussir leurs études», ajoute Parent.

Smith avoue que leur initiative a rencontré de la résistance au début, aussi bien au niveau provincial que national.

«Nous sommes des pionniers dans ce qu'on fait, prétend Smith. Notre concept de créer une entreprise privée au lieu d'un club à but non lucratif en a dérangé plusieurs au début et même encore aujourd'hui. Mais nos jeunes sont en train de faire la démonstration que cette formule fonctionne.»

Et Smith et Parent ne sont pas à court d'idées. Ils projettent de créer une division freeski dès l'an prochain.