Alex Harvey est déjà passé à l'histoire du ski de fond canadien avec ses deux médailles aux Championnats du monde de Falun. Il a maintenant une chance d'entrer dans la légende en montant sur le podium une troisième fois à l'épreuve-reine, le 50 km classique, présentée dimanche en clôture.

L'argent au sprint individuel et le bronze au skiathlon, la semaine dernière, n'ont pas rassasié le fondeur de 26 ans. Ces médailles ont plutôt aiguisé son appétit pour ce 50 km auquel il pense chaque jour depuis le printemps. S'il avait eu à disputer une seule course à Falun, c'eût été celle-là.

En répétition

Vendredi, Harvey s'est assuré que tous les indicateurs étaient au vert à deux jours du test ultime. Premier relayeur de l'équipe canadienne au 4 X 10 km, il s'est sagement maintenu en tête de peloton avant d'ouvrir la machine dans les derniers hectomètres, déposant le Russe Maxim Vylegzhanin et le Norvégien Niklas Dyrhaug, deux clients potentiels dimanche. Pendant ce temps, le Suédois Daniel Richardsson, lui aussi attendu au 50, lâchait prise.

« Je me sentais bien, jamais dans le rouge, toujours assez en contrôle, se félicitait Harvey au téléphone à sa sortie de piste. Je me contentais de suivre pour rester en avant du groupe. Si je m'étais fait décrocher, je me serais battu pour revenir, mais j'essayais juste de bien skier, d'avoir de bonnes sensations. »

Le dernier kilomètre a été une répétition pour le final du 50 km, avec l'espoir qu'un tel scénario se représente. Encore là, les signaux sont positifs: « En double poussée, j'étais vraiment fort. J'en avais en masse sous le pied. En pourcentage d'effort, dur à dire, mais j'aurais pu faire une couple d'autres tours, c'est sûr. »

Gare à Olsson

Harvey est confiant, mais le numéro de Johan Olsson ne lui a pas échappé. Le Suédois a dû refermer un écart d'une vingtaine de secondes après la défaillance de son coéquipier Richardsson. Il en a même remis une couche au moment où il a repris le trio de tête, avant de finir solo devant la France et la Norvège à mi-course.

« Il est le favori pour gagner le 50 », a tranché Harvey, rejoignant ainsi l'opinion des preneurs aux livres qui offrent du 2,37 contre 1 pour Olsson. Le Suédois de 34 ans est le tenant du titre depuis sa spectaculaire victoire de 2013 à Val di Fiemme, où il s'était détaché avec 8 km à faire, un coup de force dont ses rivaux parlent encore.

« Il est le favori, mais pour lui, ça ne peut pas arriver au sprint, a cependant relevé Harvey, troisième favori à 7,5 contre 1. Il faut vraiment qu'il décroche tout le monde comme il l'a fait à Val di Fiemme. Moi, je vais m'arranger pour qu'il ne me décroche pas... »

Un autre qui voudra s'accrocher est Petter Northug, qui a battu le Canadien au sprint individuel.

Dernier relayeur hier, le Norvégien a bousillé les efforts d'Olsson en se moquant de Calle Halfvarsson dans le final. Il a ainsi enlevé un 3e titre à Falun (le 12e de sa carrière!) et un 5e consécutif au 4 X 10. La Suède, double championne olympique, a dû se contenter de l'argent, devant une France euphorique en bronze. Le Canada, complété par Graeme Killick, Ivan Babikov et Len Valjas, a fini 10e à plus de trois minutes.

La question est de savoir si Northug, moins tranchant sur les longues distances cette saison, peut tenir le coup sur 50 km. L'autre grand favori est le Suisse Dario Cologna, qui a rebondi au relais (3e de la deuxième portion classique) après une 18e place décevante au 15 km libre de mercredi.

Harvey et les 50

Alex Harvey a toujours aimé le 50 km, le marathon du ski de fond. Il a signé le premier podium individuel de sa carrière sur la distance, terminant troisième de la Coupe du monde de Trondheim en 2009, grâce à une échappée audacieuse. Deux ans plus tard, il est passé à côté de l'exploit aux Mondiaux d'Oslo, ralliant l'arrivée au cinquième rang. Ce fut moins heureux aux Mondiaux de Val di Fiemme en 2013 (28e) et aux Jeux olympiques de Sotchi (19e), où des skis déficients l'ont ralenti. À Falun, l'heure est à la revanche. « La forme est là, les skis sont là, tout est là », s'encourageait l'entraîneur Louis Bouchard hier. « À moins d'une malchance, d'une indigestion, d'un virus, Alex va rivaliser, c'est sûr. »