Le fondeur québécois Alex Harvey a des objectifs élevés, mais réalistes en vue des Championnats du monde de ski de fond, qui se sont amorcés mercredi, à Oslo, en Norvège.

Harvey, âgé de 22 ans, a récemment remporté le 30 kilomètres duathlon aux Championnats du monde des moins de 23 ans ainsi qu'une médaille d'argent au 1,6 km sprint style libre de la Coupe du monde de Drammen (Norvège), la semaine dernière. Cette semaine, l'athlète de St-Ferréol-les-Neiges ne vise rien de moins que d'offrir au Canada sa première médaille masculine dans l'histoire de ces Championnats.

«C'est clair dans ma tête depuis que j'ai commencé l'entraînement en vue de la présente saison, le 1er mai dernier, a-t-il dit au cours d'une téléconférence. L'objectif de l'équipe était de remporter une médaille aux Championnats et plusieurs médailles en Coupes du monde.»

«Devon (Kershaw, un de ses coéquipiers au sein de l'équipe canadienne) est monté quatre fois sur le podium au Tour de Ski, moi, je suis arrivé deuxième au sprint la semaine dernière. Mon titre aux moins de 23 ans était un peu un objectif secondaire, mais c'est tout de même un titre de champion du monde alors que j'en suis à ma dernière année d'éligibilité dans cette catégorie. Ça faisait tout de même partie du cheminement et de la préparation en vue des Mondiaux d'Oslo.

«Les objectifs ont toujours été les mêmes, je ne pensais juste pas que le sprint serait une opportunité. Maintenant, ça l'est.»

Il a donc décidé d'ajouter le sprint de jeudi à son programme, lui qui ne devait amorcer ses Mondiaux que dimanche, avec le duathlon.

«C'est vraiment bien placé dans l'horaire, a-t-il expliqué. Trois jours avant le 30 km, qui est la course la plus importante pour moi, je ferais déjà des intervalles à l'entraînement. Les faire avec un dossard, c'est beaucoup plus motivant.

«D'avoir remporté une médaille dans cette discipline le week-end dernier, ça donne une carte de plus à jouer. Quand j'ai regardé l'horaire des Mondiaux pour la première fois, je me disais qu'il y avait trois courses dans lesquelles j'avais vraiment des chances de remporter une médaille. Maintenant, il y en a quatre.»

Harvey prendra également part au 15 km classique du mardi 1er mars, ainsi qu'au relais sprint du lendemain. Sans faire une croix dessus, il ne sait toujours pas s'il sera du départ du 50 km qui clôturera les Championnats, le 6 mars prochain.

«J'imagine que tous les coureurs se retrouvent dans cette situation, puisqu'à la fin d'une compétition comme celle-là, tu ne sais jamais comment tu te sentiras, physiquement et mentalement. De plus, il reste encore deux gros week-ends en Coupe du monde après les Mondiaux: deux étapes en Finlande et quatre en Suède.

«Beaucoup de points de la Coupe du monde seront à l'enjeu lors de ces courses importantes. Si t'es déjà vidé et que tu puises davantage dans tes ressources pour un 50 km comme celui-là, tu peux hypothéquer ta fin de saison. Je verrai comment je me sentirai. J'espère être en mesure de le faire, car il y a deux ans, j'avais remporté le bronze sur 50 km en Norvège.»

Une ambiance sans pareil

Les Scandinaves, particulièrement les Norvégiens, sont friands de ski de fond. Déjà, à l'entraînement cette semaine, plusieurs spectateurs étaient sur place, puisque les organisateurs mettent des espaces de camping à la disposition des amateurs.

«Les gens nous encourageaient à l'entraînement, c'est assez spécial», a noté Harvey, dont les récents succès ont apporté une certaine notoriété.

«Il y a une couple de personnes qui commencent à reconnaître mon nom. On confond même parfois mes coéquipiers pour moi! Mais c'est certain que mes bonnes performances ici m'ont aidé à me faire un nom, qui n'était tout de même pas inconnu: il faut se rappeler que mon père a gagné ici, sur les mêmes pistes que nous utiliserons dans ces Championnats, en 1988. Une victoire qui lui avait valu un souper avec le roi de Norvège!»

Même chez ses pairs, ses performances lui ont rapporté une certaine reconnaissance.

«On loge au même hôtel que l'équipe norvégienne ici, et Petter Northug, à qui j'ai jamais parlé de ma vie, est venu me féliciter pour ma victoire aux Mondiaux. J'étais un peu surpris! Il ne parle pas à grand monde, il est plutôt dans sa bulle et à la limite arrogant. Alors, oui, il y a un peu plus de reconnaissance.

«Même en course. Ils savent que dans une bonne journée, je peux bien figurer. Mais c'est relatif: le matin du 30 km, il y aura 10 ou 15 gars qui pourront remporter la course.»

Et Harvey est l'un de ceux-là. Il croit que l'écart qu'il pouvait y avoir entre lui et l'élite mondiale est de plus en plus mince.

«La différence, c'est dans la constance. Je ne suis pas parmi les 10 meilleurs au monde à chaque jour. Mais au sommet de ma forme, je suis de taille à me frotter à n'importe qui. Le niveau de forme n'est pas le même en début de saison, mais ça, ça vient avec la maturité.

«Il ya déjà une nette amélioration comparativement à l'année dernière: je m'étais fixé comme objectif d'être parmi les 30 premiers à chaque course de la saison, et j'ai été en mesure de la faire dans la majorité des cas.»

Vingt-deux fois en vingt-quatre courses, aurait-il pu préciser. On sent qu'il a beaucoup de respect pour les skieurs du top-10 mondial, mais lui-même n'est qu'à quatre places du peloton de tête au classement de la Coupe du monde.

«Il y a deux ou trois ans, je n'aurais jamais pensé qu'à 22 ans, je serais où je suis aujourd'hui. Mais j'ai fait preuve de plus de constance et je suis très près de faire partie de la crème de la crème. Il me reste encore des étapes à franchir et des années d'entraînement, mais je suis sur la bonne voie.»