Après deux descentes difficiles, Valérie Grenier a conclu la Coupe du monde de Lake Louise avec un coup d'éclat hier: cinquième du super-G, son meilleur résultat à vie. À quand le premier podium?

Valérie Grenier avait déjà pleuré en voyant son résultat s'afficher sur le tableau indicateur. Elle est repartie de plus belle quand l'Américaine Mikaela Shiffrin est venue l'enlacer, deux fois plutôt qu'une, pour la féliciter.

«Elle m'a dit: "Excuse-moi, je sais que je ne te donne jamais de caresse comme ça, mais c'était vraiment beau, je suis très contente pour toi." Ça m'a vraiment émue!»

À sa quatrième saison en Coupe du monde, Grenier a concrétisé le potentiel que tous les observateurs voient en elle, terminant cinquième du super-G de Lake Louise hier. Ce résultat est le meilleur de sa carrière, surpassant sa 11e place au slalom géant d'ouverture de Sölden, en octobre.

«Je sentais que j'allais assez vite, j'avais un bon feeling», a relaté la Franco-Ontarienne de 22 ans, encore sur un nuage quelques heures après la fin de l'épreuve. «J'avais l'impression que ce serait un bon résultat, mais quand j'ai vu cinquième, c'était incroyable. Je pensais que ce serait bon, mais pas cinquième, disons. J'étais vraiment, vraiment contente.»

Un an jour pour jour après sa première victoire en descente à Lake Louise, Shiffrin a récidivé en super-G pour devenir la première athlète, femmes et hommes confondus, à s'imposer dans les six disciplines au programme du Cirque blanc. Elle a aussi gagné en slalom, slalom parallèle, slalom géant, descente et super combiné.

«C'est un de mes objectifs depuis que je suis sur le circuit - depuis que je suis toute petite, en fait - d'arriver à un point où je pourrais gagner n'importe quelle course», a déclaré la double championne olympique en slalom (2014) et en géant (2018), âgée de seulement 23 ans. «C'est un moment incroyable d'avoir pu skier ici comme je le souhaitais, d'avoir été aussi agressive.»

La skieuse du Colorado a devancé la Norvégienne Ragnhild Mowinckel (+0,77 s) et l'Allemande Viktoria Rebensburg (+0,83 s).

Trente-deuxième à s'élancer, indice qu'elle ne commence qu'à se faire les dents en vitesse, Grenier a raté le podium par cinq centièmes. «J'ai eu un peu de misère à l'entrée du mur, j'étais un peu plus basse que je voulais, mais je me suis bien rattrapée», a analysé l'ancienne vice-championne mondiale junior de la spécialité (2016). «Du mur au plat, j'ai amené de la bonne vitesse.»

L'accolade de Shiffrin a rappelé un autre moment marquant de la carrière de Grenier à Lake Louise. À sa première Coupe du monde en 2014, elle avait pris le 32e rang du super-G, ce qui lui avait valu les éloges de Lindsey Vonn, son idole.

Blessée à un genou à l'entraînement, l'Américaine de 34 ans a raté son épreuve favorite. La skieuse la plus prolifique de l'histoire, qui devait se retirer à la fin de la saison, a annoncé la semaine dernière qu'elle reviendrait dans les Rocheuses albertaines l'an prochain pour y faire son chant du cygne. Samedi, la station où elle a signé 18 de ses 82 victoires a renommé la piste de descente féminine «Lake Lindsey Way» en son honneur.

Un mois après son baptême de 2014, Grenier avait fini 13e du super-G de Saint-Moritz, ce qui représentait son meilleur classement dans la discipline jusqu'à hier.

La semaine n'avait pourtant pas bien commencé pour l'ex-membre de l'équipe du Québec. Mardi, elle a ressenti une vive douleur au tibia droit durant la première descente d'entraînement. Craignant la réapparition du syndrome des loges, pour lequel elle s'est fait opérer une deuxième fois au printemps, elle a déclaré forfait pour la deuxième manche chronométrée.

Finalement, son mal était plutôt attribuable à une grave engelure au gros orteil subi l'hiver dernier à Mont-Tremblant. Par une température de -40, Grenier avait passé cinq heures dans ses bottes de ski pour une séance photo et un entraînement.

«Je ne pensais pas que c'était si pire que ça. Finalement, quand j'ai enlevé mes bottes et mes bas, j'ai vu que mon orteil était complètement blanc. Quand le feeling est revenu, ça a fait vraiment mal. Après, ça a fait une grosse bulle. On a dû la couper parce que je m'en allais aux Olympiques et que ça n'allait pas rentrer dans ma botte.»

Une anesthésie locale quotidienne lui avait permis de s'exécuter (non sans mal) à PyeongChang, où il a fait très froid. Elle avait terminé sixième du super combiné, le meilleur résultat canadien en Corée du Sud. «Ça faisait tellement mal, je n'étais pas capable de rester dans mes bottes plus que cinq minutes. J'ai eu un peu de la misère là-bas, mais j'ai survécu!»

Depuis, son orteil lui fait mal et elle le bouge constamment pour chasser l'inconfort, d'où ses douleurs au tibia à Lake Louise. Un ajustement à l'intérieur de sa botte lui a permis de faire les deux descentes, discipline où elle n'a pas encore trouvé ses marques (36e et 37e).

«On ne se sent pas encore super bien en descente, a relevé Grenier. Marie-Michèle [Gagnon] revient de blessure et moi, j'ai eu une opération en avril. On s'est peu entraînées en descente. On ne se sent pas prêtes à 100%. Mais on ne s'inquiète pas et on va essayer de s'améliorer.»

Un an après la violente chute à Lake Louise qui lui avait valu des opérations au genou et à l'épaule, Gagnon, de Lac-Etchemin, a pris le 20e rang du super-G hier. De quoi faire le plein de confiance en vue de la prochaine Coupe du monde à Saint-Moritz la fin de semaine prochaine.

 - Avec La Presse canadienne