Le temps ne passait pas assez vite au goût de Laurence St-Germain entre les deux manches du slalom des Jeux olympiques de PyeongChang, en février.

Onzième à l'issue de la première manche, sa meilleure position à vie à ce stade de la compétition, elle avait hâte de se relancer à travers les piquets. Elle vivait ses premiers Jeux, l'ambiance était électrique, les membres de sa famille étaient dans la foule.

«Je regardais l'heure sur mon téléphone, il était 13h02. Quand je le reprenais, j'avais l'impression que ça faisait 30 minutes. Il était 13h03! C'est comme si j'écoutais un film et que j'avais hâte de savoir la fin.»

L'épilogue n'a pas été à la hauteur de ses attentes. En franchissant l'arrivée, elle a aperçu un voyant rouge plutôt que le vert souhaité. Elle avait reculé de quatre positions. Au bout du compte, elle a terminé 15e.

Sur le coup, la skieuse de Saint-Ferréol-les-Neiges était déçue. À la réflexion, elle sait que cette prestation représente un sacré bond en avant.

«J'aurais fini 20e après la première manche et je serais remontée à la 15e place, j'aurais été super contente. Quinzième, c'est quand même mon meilleur résultat. Ça dépend juste de la façon de voir les choses.»

Penser autrement

St-Germain, 24 ans, est habituée à penser autrement. Écartée cavalièrement de l'équipe canadienne en 2014, elle s'est réinventée en prenant la direction du circuit universitaire américain. Étudiante en sciences informatiques à l'Université du Vermont, elle s'attend à obtenir son diplôme l'an prochain après avoir pris une année sabbatique en vue des JO.

Parallèlement à son parcours universitaire, elle a poursuivi son développement sur le circuit Nor-Am. Ses résultats lui ont permis de revenir dans l'équipe canadienne et d'atteindre la Coupe du monde. Au début de la dernière saison, elle a fini 17e à Levi et 14e à Killington, devant les siens au Vermont.

«Je pense que je peux faire encore mieux», disait-elle lors de son passage à Montréal, il y a un mois et demi.

«J'ai quand même fait un vrai grand pas en avant depuis deux ans. Je ne sais pas si je vais être capable d'en faire un aussi grand cette saison, mais c'est sûr que mes objectifs montent même si je suis à l'école. Je l'ai déjà fait, jongler avec les deux. Je ne suis pas inquiète de ce côté.»

St-Germain, qui amorce sa saison demain avec le slalom de la Coupe du monde de Levi, veut surtout afficher plus de régularité.

«J'ai eu quelques flashs [l'an dernier], je suis bien partie, mais ç'a été difficile après. J'ai essayé de réinventer mon ski et de faire plus à chaque course. Je me disais: il faut que j'attaque plus. Alors que ce que je faisais fonctionnait déjà bien.»

Finir constamment parmi les 15 premières et quelques «flashs» encore plus brillants, voilà donc ce que la slalomeuse se souhaite pour 2018-2019.

Elle veut atteindre le sommet de sa forme aux Mondiaux d'Are (4-17 février) où elle aimerait participer à l'épreuve par équipes comme à PyeongChang (élimination de justesse contre les champions mondiaux français en première ronde). Ses derniers championnats de la NCAA, où elle visera le titre en slalom, seront son autre grand chantier. Ses Catamounts de l'UVM seront l'équipe hôtesse, à Stowe, du 6 au 9 mars. Avec un diplôme à décrocher au milieu de tout ça, ça pourrait bien, cette fois, passer très vite.