Janvier a été un mois difficile pour le skieur Erik Guay. Après avoir vu plusieurs amis se blesser grièvement en compétition de la Coupe du monde et ayant lui-même dû composer avec des maux de dos, Guay ne déborde pas de confiance à l'aube des Mondiaux de ski alpin.

Habituellement optimiste et positif, Guay avait le moral dans les talons, mardi, quand on lui a parlé de ses chances de réussite aux championnats du monde, qui s'ébranleront, mardi prochain, à Garmisch-Partenkirchen, en Allemagne.

«Je n'ai pas vraiment obtenu les résultats démontrant que je peux être compétitif», a-t-il déclaré dans une entrevue en provenance de Flachau, en Autriche.

«On verra bien une fois rendu là-bas. En ce moment, ma confiance n'est pas à son mieux.

«Ç'a été un mois difficile, a-t-il repris. J'ai vu quatre gars de mon équipe se blesser, l'un après l'autre. Je ne dirais pas que je suis très enjoué.»

Guay a vu de l'aire d'arrivée, samedi, Manuel Osborne-Paradis effectuer une spectaculaire chute lors d'une descente à Chamonix, en France. Osborne-Paradis a subi une blessure ligamentaire à un genou, en plus de se fracturer un péroné.

L'accident d'Osborne-Paradis est survenu dans la foulée de blessures que Ryan Semple (genou), Robbie Dixon (commotion cérébrale), François Bourque (genou) et Louis-Pierre Hélie (commotion cérébrale, genou) se sont infligées en piste, dernièrement.

Les athlètes ont beau dire que les blessures font partie du sport. La situation actuelle n'est pas facile à vivre.

«Ça fait partie du métier, a déclaré Guay. Vous devez vous habituer à ce genre de choses.

«Vous finissez par développer une sorte d'insensibilité. Vous êtes confrontés aux épreuves, vous passez au travers et vous tournez la page.»

C'est une saison frustrante pour Guay.

Le skieur de Mont-Tremblant, âgé de 29 ans, a terminé la saison 2010 en force, en remportant deux courses de slalom super-géant afin de mettre la main sur le Globe de cristal de l'épreuve.

Jusqu'à maintenant cette saison, il a réussi un seul top-10 - une troisième place dans une course de super-G à Val Gardena, en Italie. Il a manqué deux courses en raison de maux de dos qui l'incommodent.

«Ça allait plutôt bien en décembre, au moment où j'ai obtenu ce podium, a souligné Guay, auteur de 14 podiums en carrière. Et puis, j'ai été blessé.

«Ça ne faisait pas partie de mes plans. La blessure n'est pas totalement guérie. Ce n'est rien pour m'insuffler une dose de confiance en vue des deux prochaines semaines.»

Le problème de Guay, c'est qu'une de ses vertèbres s'est déplacée, s'appuyant au passage sur quelques-uns des ligaments qui la maintienne en place. La chirurgie n'est malheureusement pas une solution.

«Il n'y a rien que je puisse faire, a-t-il mentionné. Je dois endurer mon mal.»

Guay se trouve à Flachau afin de s'entraîner avec des membres de l'équipe autrichienne.

Depuis décembre 2009, les blessures dévastent l'équipe canadienne de ski qui a perdu 10 skieurs.

D'autres équipes ont également été touchées. L'Autrichien Hans Grugger a dû être opéré d'urgence au cerveau à la suite d'un accident à Kitzbühel, il ya deux semaines, tandis que son compatriote Mario Scheiber s'est fracturé l'omoplate droite, à l'entraînement à Chamonix.

Préoccupé par la situation, Ski alpin Canada tiendra un sommet en avril. La communauté internationale de ski a été invitée à y participer afin de trouver des solutions qui réduiraient les blessures.

Guay soutient l'initiative de Ski alpin Canada, mais il se montre sceptique quant à la volonté réelle de changer les choses. Il a fait partie d'un comité formé afin d'améliorer la sécurité des athlètes, la saison dernière.

«Je n'ai pas trouvé qu'on a tenu compte des recommandations que nous avions faites, a dit Guay. J'ai eu le sentiment que la FIS a voulu se donner bonne conscience en sondant l'opinion des athlètes, mais les suggestions que nous avons apportées n'ont pas été mises en application. On a beaucoup parlé, mais peu agi.»

Les appels téléphoniques logés aux bureaux de la FIS sont restés sans réponse, mardi.

Guay prétend que la puissante équipe autrichienne peut se montrer plus ouverte aux changements, après avoir perdu deux athlètes.

Denièrement, Guay a sollicité des commentaires sur sa page Facebook, en demandant comment on pouvait améliorer la sécurité.

Parmi les idées que Guay privilégie, il y a celle d'améliorer les casques.

«En ce moment, les casques sont si minces et si mignons, a-t-il relevé. On doit se pencher là-dessus, surtout avec toutes les commotions cérébrales qu'il y a eues cette saison.»