Avec ses deux carres, un patin est comme un ski. En plus court. Alors quoi de plus naturel, en ce mercredi matin à l'aréna de Rock Forest, que de voir les Erik Guay, François Bourque et Julien Cousineau vêtus en hockeyeurs de la tête aux pieds.

Les skieurs de l'équipe canadienne sont réunis à Magog jusqu'à demain pour un camp de mise en forme axé sur le hockey. «On passe tout l'été en gymnase. Là, on travaille super fort, et c'est le fun en même temps. C'est comme notre semaine-cadeau annuelle», lance Cousineau, privé de match simulé parce que pas tout à fait remis d'une opération à une épaule subie à la fin de la saison.

Opéré à un genou au début de l'année, François Bourque se limite lui aussi à la séance d'exercices. Contrairement à la chirurgie précédente, le processus de guérison se déroule à merveille, mais le Gaspésien ne prend aucun risque.

L'expérience lui plaît. Sur une patinoire, Bourque peut se prêter à des tests qu'il ne pourrait jamais reproduire en gymnase. «On est en mouvement, il y a des vibrations, souligne-t-il. À ce niveau, ça ressemble un peu au ski alpin. Je pense que ça va m'aider quand je vais retourner sur la neige.»

Retour sur la glace. Les Blancs de Manuel Osborne-Paradis l'emportent 3-1 sur les Rouges d'Erik Guay. Après deux défaites en début de semaine, l'honneur est sauf. «On a une série», souligne Matt Price, qui dirige le camp pour Canada Alpin.

Ça reste amical

Le calibre est varié. Guay est un naturel et vient d'ailleurs de s'acheter un équipement flambant neuf tellement il a la piqûre. Il a aussi le look avec cette cicatrice sur le menton, gracieuseté d'un coup de patin de son nouvel entraîneur Johno McBride lors d'un match amical en Suisse, il y a deux hivers. De son côté, le vice-champion national de descente, Kelby Halbert, malgré ses 6 pieds 8 pouces, ressemble davantage à un débutant qu'à Zdeno Chara.

Ça reste amical, mais ça peut parfois chauffer. Les frères Erik et Stefan Guay en sont même venus aux coups la première année. «Ce n'était pas sérieux, ça restait entre frères», jure Erik, qui n'avait pas aimé un coup par derrière sur son dos fragile.

Ce camp est organisé pour une troisième année à Magog, la patrie du vétéran entraîneur adjoint Serge Dugas. «Les Sénateurs d'Ottawa nous ont invités cette année, mais on a dit non parce qu'on est bien ici et que Serge est tellement respecté par les gars», souligne Matt Price.

Félix Potvin, qui dirige les exercices, est impressionné par les progrès des skieurs. «Il y a une grosse différence par rapport à la première année, juge l'ancien gardien des Maple Leafs. Avant d'être des skieurs, ce sont des athlètes de haut niveau. Ils sont là pour apprendre et se perfectionner et ne perdent pas leur temps.»

Pour Price, la biomécanique du patinage est très similaire à celle du ski: les carres, le virage sur le pied extérieur, le nécessaire équilibre avant-arrière, encore plus difficile à trouver sur deux lames courtes. «Sur une glace, il n'y a pas de pente. Ils apprennent donc à appliquer de la pression sur leurs patins pour générer de la puissance et de la vitesse, puis à la relâcher, soit exactement les mêmes signaux techniques que leur donnent leurs entraîneurs de ski.» À cela, Julien Cousineau ajoute la coordination mains-yeux et la prise de décision à haute vitesse.

«Mais la chose la plus importante, conclut Matt Price, ça reste d'avoir du plaisir, de sortir les gars de Calgary et de rapprocher l'équipe. Ils ne pourraient jamais atteindre de tels niveaux d'intensité chacun dans leur gymnase.»