L'Autrichien Hermann Maier a donné un nouveau souffle à sa prodigieuse carrière en remportant dimanche à bientôt 36 ans le super-G de Lake Louise, sa 54e victoire en Coupe du monde  et la 24e dans la discipline la plus instinctive du ski alpin.

Souffrant depuis début septembre d'un écrasement de disque au niveau des 4e et 5e lombaires, l'homme de Flachau a apporté un cinglant démenti à ceux qui évoquaient son déclin désormais consommé, quasiment officialisé par deux saisons sans victoire. Sur une piste qu'il apprécie -c'est son 4e succès en super-G à Lake Louise-, Maier n'a pas fait dans la demi-mesure pour annoncer sa résurrection, reléguant à plus d'une demi-seconde le Canadien John Kucera et le Suisse Didier Cuche.

Le double champion olympique (super-G et slalom géant) de Nagano-1998 a ainsi mis en conformité ses actes avec ses paroles. Il avait tout récemment indiqué qu'il continuait au moins jusqu'aux JO de Vancouver-2010, et pas pour jouer les figurants, une résolution également prise par son compatriote Michael Walchhoffer, 33 ans. «Walchi» a aussi été fidèle à son engagement en terminant quatrième dimanche, à 11/100 du podium.

Sur un tracé assez direct, Maier a tiré et tenu des lignes tendues, exprimant à la fois un ski agressif et léger pour emmagasiner de la vitesse.

Seul l'Américain Bode Miller, vainqueur du grand globe la saison dernière, aurait été capable de gâcher la fête. Mais le génial Bode été trahi par son style extrême, qui lui a fait fait perdre le ski droit dans une courbe à gauche, alors qu'il venait de réaliser le meilleur chrono au premier intermédiaire, 26/100 devant Maier.

Herminator

Révélé à 25 ans, l'ex-maçon Hermann Maier avait tout gagné à cheval sur les XXe et XXIe siècles, ogre parmi les ogres au point de devenir Herminator. Puis, un grave accident de moto en 2001, qui avait failli lui faire perdre une jambe, l'avait immobilisé pendant plus d'une saison.

Diminué physiquement, Hermann était néanmoins revenu, plus humain, renouant même, malgré les problèmes d'adaptation à de nouvelles chaussures, avec quelques victoires en Coupe du monde, avec les médailles aussi aux Mondiaux 2003 et 2005, puis encore aux JO de Turin en 2006.

On pensait pourtant que cette ère II de la carrière de Maier constituait son terminus sportif. Qu'elle avait pris fin avec ses succès, comme autant de feux qui s'éteignent, en super-G, le 20 janvier 2006 à Kitzb-hel, et huit jours plus tard en descente à Garmisch-Partenkirchen (Allemagne).

Mais, après avoir fait triompher la même marque pendant près de dix ans, Maier avait changé il y a un an d'équipementier pour se donner une motivation nouvelle, se lancer un ultime défi.

Plus prosaïquement, le Suisse Daniel Albrecht, huitième à Lake Louise, a conservé la tête du classement général de la Coupe du monde. Vainqueur fin octobre du slalom géant d'ouverture de Sölden (Autriche), le Haut-Valaisan devrait être plus à l'aise la semaine prochaine sur la piste technique de Beaver Creek. Et profiter du programme fourni (quatre courses) dans le Colorado pour creuser un premier écart.