Intelligente, originale, stylée, Rosalind Groenewoud pourrait bien être la découverte des Jeux de Sotchi pour le public canadien. Déjà une grande vedette dans le monde du ski freestyle - on la surnomme Roz G -, la spécialiste de la demi-lune est aussi l'une de nos athlètes les plus inspirantes.

Véritable «héritière» de Sarah Burke, la pionnière de la discipline qui est morte en 2012, à 29 ans, à la suite d'un accident à l'entraînement, Groenewoud parle encore de son amie avec beaucoup d'émotion. «Toute ma carrière, toute ma vie sont liées à l'existence de Sarah... et à sa mort aussi», a expliqué la skieuse de 24 ans, mercredi à Aspen, où elle prend part cette semaine aux X Games.

«Sarah a tellement travaillé pour que notre sport soit admis au programme des Jeux olympiques, a rappelé Groenewoud. Nous rêvions d'y aller ensemble... J'ai mis plusieurs mois avant d'accepter qu'elle n'était plus là. Aujourd'hui, je pense plutôt à lui faire honneur.»

Groenewoud est ainsi devenue la meneuse de l'excellente équipe canadienne, en s'imposant en 2012 aux X Games avec une marque record, quelques jours à peine après la disparition de son idole.

Grande favorite des Jeux de Sotchi, elle a toutefois subi deux interventions chirurgicales aux genoux il y a à peine un mois et ne sera visiblement pas au sommet de sa forme. «Je n'avais malheureusement pas le choix, la douleur était devenue trop intense. J'ai repris l'entraînement depuis quelques jours, et les X Games sont une excellente occasion de tester mes progrès. J'espère simplement avoir retrouvé mes genoux de compétition à Sotchi!»

Une athlète différente

Celle qui porte toujours un rouge à lèvres rouge éclatant sur les pistes est visiblement consciente de son image. Elle a d'ailleurs vite décroché un contrat avec l'agence Creative Management, qui gère aussi les intérêts de Shaun White et de Jack Nicklaus.

Dans un domaine où les têtes d'affiche sont commanditées par des boissons énergisantes ou des marques de vêtements et d'articles de sport, elle a plutôt le soutien du géant américain Target.

«Je ne bois pas ces boissons... explique-t-elle en riant. En fait, Target a accepté que je garde le nom de Sarah sur mon casque, tout en appuyant les programmes destinés aux jeunes auxquels j'étais déjà associée.»

Au contraire de plusieurs champions des X Games, Groenewoud poursuit des études universitaires en mathématiques et en sciences. Vive et éloquente, elle semble toujours avoir une question d'avance sur nous en entrevue. En fait, elle rappelle beaucoup... Sarah Burke. De là-haut, celle-ci doit sûrement être fière. Son héritage est en bonnes mains.

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Photo Jimmy Jeong, PC

Rosalind Groenewoud pourrait bien être la découverte des Jeux de Sotchi pour le public canadien.

Vous avez dit superstition?

Les athlètes sont souvent superstitieux, mais Rosalind Groenewoud est dans une classe à part! Pratiquement l'ensemble de sa tenue sportive est lié à une pensée pas toujours rationnelle.

«Pendant les compétitions, je porte toujours des sous-vêtements violets, un élastique à cheveux violet aussi. Et j'ai aussi ajouté des rubans dans mes cheveux cette saison, avec les autres filles de l'équipe, en l'honneur de Sarah (Burke). Je porte aussi toujours un bandana avec le drapeau canadien et, bien sûr, du rouge à lèvres rouge. Et je dois avouer que j'ai aussi une routine compliquée dans les compétitions, un ordre précis que je dois toujours suivre pour être vraiment prête psychologiquement. Mais tous les athlètes sont comme ça, non?»