Il y a bien eu les incontournables X Games ou le Dew Tour, mais Sébastien Toutant a surtout profité de l'hiver pour briser la routine qu'il déteste tellement. Son vlogue (un blogue vidéo), lancé à la fin du mois de janvier, lui a permis de voir le monde autrement et de tester une plateforme sur laquelle il fonde beaucoup d'espoirs.

« J'ai fait moins de compétitions, mais j'ai voyagé autant. Je crois que ça a fait du bien et que j'en avais besoin, dit-il en entrevue. Avant les Jeux olympiques [en 2018], les saisons ont été vraiment longues avec beaucoup de compétitions et d'entraînements. J'ai eu plusieurs blessures aussi.

« En fait, je hais la routine. Le fait de filmer m'a permis d'avoir des journées différentes. Avoir une ou deux saisons moins occupées, ça me redonnera la motivation dont j'ai besoin pour gagner les compétitions qui me tiennent à coeur. »

Jusqu'ici, le planchiste a publié cinq vidéos à un rythme bimensuel. On le voit à l'Université Bishop's, en train de mener la vie d'un étudiant. On le suit aussi lors de ses entraînements en gymnase, dans les coulisses d'un tournage sur le mont Royal ou dans la construction d'une piste maison au chalet. 

Mais la séquence qui a le plus marqué les esprits est celle où il dévale, sur un rail, les escaliers du Musée d'art de Philadelphie. Plus de 3,5 millions d'internautes ont visionné la séquence sur la page Facebook de Red Bull. « C'est sûr que ça allait intéresser, parce que tout le monde connaît les marches de Rocky Balboa », reconnaît-il.

« Seb Toots » a toujours aimé faire des entrevues et se retrouver devant les caméras. Certaines de ses vidéos peuvent aussi être considérées comme les prémices du vlogue. On se rappelle ses descentes dans les rues de Montréal, qui venait d'être balayée par une tempête. Pas de neige ? Il en a déjà récupéré dans un aréna pour construire une rampe et effectuer un saut au-dessus d'une voiture. Mais le concept de son vlogue va au-delà de la planche, des acrobaties et du sport.

« Le mode de vie des snowboarders, c'est vraiment important. Tu ne dois pas seulement te promouvoir à travers les compétitions et les victoires, mais tu dois aussi divertir les gens tous les jours », souligne le planchiste de 26 ans. 

« Les vlogues peuvent faire entrer les gens dans ma vie quotidienne et me faire connaître un petit peu plus. Ils peuvent voir ce que je fais durant la saison, mais aussi quand elle finit. »

- Sébastien Toutant

L'hiver 2019, post-olympique, se prêtait bien à cet exercice vidéo. Mais il ne s'imagine pas arrêter ce projet après quelques mois seulement. Au contraire, il espère accroître la fréquence des vidéos publiées pour en faire un rendez-vous hebdomadaire. Et ce n'est pas l'approche des prochains Jeux olympiques, en 2022 à Pékin, et un calendrier sportif plus chargé qui stopperont ses vlogues.

« Ils pourraient tourner autour de mes entraînements et des compétitions que je dois faire pour me rendre aux Jeux. Ça va même être plus facile pour sortir du contenu, même si ça pourrait être moins varié et que ça parlera davantage de snowboard. Et puis, avant les Jeux, les gens sont intéressés par mes préparations et mon chemin pour me rendre là-bas. De toute façon, je veux faire des vlogues à chaque saison. »

Entre les tournages et les compétitions, Toutant dit avoir trouvé un équilibre qui lui permet de maximiser son plaisir. « Mais le risque de blessures existe aussi dans ce que je fais en filmant », prévient-il.

Pour la suite, les avenues ne manquent pas. Par exemple, il souhaite rencontrer divers athlètes afin d'essayer leur discipline respective. « Il y a bien des idées qu'on n'a pas encore faites, mais c'est une plateforme que j'aime beaucoup et que j'aimerais voir grossir. »

Un mois d'avril varié

Dans les prochaines semaines, Toutant prendra le chemin du Colorado afin d'y effectuer un camp d'entraînement. Il se rendra ensuite en Colombie-Britannique pour filmer quelques plans hors piste. Avant ça, il sera à Saint-Donat, samedi, pour assister au Red Bull Sledhammers. Il souhaite notamment essayer une nouvelle motoneige électrique.

« Le Sledhammers, c'est une course unique où tu dois grimper la montagne en faisant des sauts et en faisant le temps le plus rapide possible. Je ne participe pas à la course, mais j'ai toujours bien aimé faire de la motoneige. Je l'utilise dans ma job quand je filme dans le hors-piste. »

PHOTO FOURNIE PAR T-BIRD

Sébastien Toutant dévale, sur un rail, les escaliers du Musée d'art de Philadelphie.