Ne dites pas à David Krejci que c'est en tombant qu'on apprend.

Surtout pas après la chute brutale des Bruins de Boston, dont la soirée de lundi remplie d'espoir s'est transformée en pénible cauchemar en seulement 17 secondes.

C'est tout ce qu'il a fallu aux Blackhawks de Chicago pour inscrire deux buts au cours des 76 dernières secondes de jeu et l'emporter 3-2, leur procurant du même coup la coupe Stanley. Pour les Bruins, le repêchage de la LNH dimanche, et non un septième et ultime match de la série finale de la Coupe Stanley à Chicago, est le prochain gros événement prévu au calendrier.

«On ne peut même pas dire que ça va nous rendre plus fort», a admis candidement Krejci, le meilleur marqueur des séries éliminatoires. «Ça va faire mal pendant longtemps.»

Alors, qu'est-ce qui s'est passé?

« J'ignore ce qui s'est passé», a-t-il répliqué. «Ça s'est produit, c'est tout. »

La direction, néanmoins, doit poursuivre son travail en dépit de l'amertume.

Les Bruins n'ont pas de choix de première ronde. Ils l'ont offert aux Stars de Dallas le 2 avril en retour de Jaromir Jagr, qui n'a marqué aucun but en séries d'après-saison. Il a certes récolté 10 mentions d'assistance, mais son temps de jeu a été limité lors du match no 6 en raison d'une blessure.

Ils ont également des joueurs-clés qui pourraient devenir libres comme l'air - le gardien Tuukka Rask, l'ailier droit Nathan Horton, le défenseur Andrew Ference - en plus de Jagr et du gardien substitut Anton Khudobin.

Rask s'est établi parmi les meilleurs gardiens de la LNH en séries éliminatoires. Horton a marqué sept buts et obtenu 12 passes en séries éliminatoires, mais seulement deux mentions d'aide contre les Blackhawks. Ference, un vétéran de 13 saisons, pourrait devoir céder son poste au jeune Torey Krug ou Matt Bartkowski.

Ces deux recrues ont montré des choses intéressantes.

Rask est le morceau le plus important de ce groupe. Il a disputé 36 des 48 matchs de cette saison écourtée, en plus des 22 matchs éliminatoires. Il fut un digne successeur de Tim Thomas, le joueur par excellence des séries éliminatoires en 2011 qui a choisi de rester à l'écart cette saison plutôt que de tenter d'obtenir une deuxième coupe Stanley en trois ans.

« Ce fut une saison en dents de scie», a confié Rask. « C'était une saison très difficile car nous savions que le calendrier allait être comprimé, et que nous allions jouer à presque chaque soir. Nous avons joué du bon hockey, mais du très mauvais également.

« En séries, nous avons accompli un petit miracle au premier tour en éliminant les Maple Leafs de Toronto après avoir tiré de l'arrière. Nous avons connu un bon parcours. »

Puis, ils ont rencontré les Blackhawks.

Les Bruins ont remporté deux des trois premiers matchs contre eux mais ont laissé filer les deux suivants. Lors du match no 6, ils ont dominé le premier vingt et menaient 1-0.

« C'est une mauvaise sensation» de perdre après avoir connu un aussi bon départ, a dit le défenseur Johnny Boychuk. «Comme joueur, c'est l'une des pires sensations que vous pouvez vivre quand vous menez par un but avec une minute et vingt secondes à faire et que vous trouvez une façon de perdre. C'est un véritable choc. »

L'entraîneur-chef Claude Julien n'a pas paru surpris, mais plutôt déçu - et fier de ses hommes.

« C'était difficile d'entrer dans ce vestiaire et de voir la mine déconfite des gars, et de tenter de leur dire, comme je le répète souvent, qu'il y a beaucoup d'équipes qui auraient aimé être à notre place », a-t-il mentionné. « C'est mon travail de leur dire ça, pour qu'ils sachent que ce fut toute une saison. »

Les Bruins pouvaient compter sur 17 joueurs qui étaient avec l'équipe lors de leur conquête en 2011. Il ne devrait pas y avoir de nombreux chambardements pendant la saison morte, et en conséquence les Bruins peuvent rêver d'une autre conquête de la coupe Stanley à court ou moyen terme.

Mais peu importe, cette douleur restera vive pendant un bon moment encore.

« Tu travailles si fort pour te rendre là et te donner une opportunité de soulever la coupe », a rappelé Patrice Bergeron. « Tu sens que tu y touches presque et que tu peux provoquer la tenue d'un match no 7, alors, de toute évidence, ça fait très mal. »