Partout où elle est passée, au cours des 10 dernières années, Jade Downie-Landry a connu du succès. Son intégration à New York, dans la Ligue professionnelle de hockey féminin, n’a pas fait exception.

Avec 13 points en 24 matchs, l’attaquante québécoise a conclu la saison inaugurale de la LPHF au 21rang des pointeuses du circuit, au cœur d’un peloton de hockeyeuses internationales de renom – Hilary Knight, par exemple, a amassé 11 points à Boston.

Cette ancienne de la Force de Montréal a aussi été l’une des rares anciennes joueuses de la défunte Premier Hockey Federation à connaître du succès sur le plan offensif dans la LPHF – seules Daryl Watts (17 points) et Katerina Mrazova (18 points) ont fait mieux.

Ce qui l’a aidée, selon elle ? Le jeu physique, qui s’est rapidement établi comme la norme sur le circuit, à la surprise des spectateurs et de bien des joueuses elles-mêmes.

Grande sans être très costaude (le site Elite Prospects la répertorie à 5 pi 9 po et 148 lb), elle a trouvé ses aises dans un contexte qui a causé autrement plus d’ennuis à certaines de ses coéquipières et adversaires.

« J’ai toujours aimé jouer comme ça, souligne-t-elle au bout du fil. Pendant ma carrière universitaire, je prenais beaucoup de punitions parce que j’étais physique. Cette fois, ça a joué en ma faveur ! »

Vérification faite, à chacune de ses cinq saisons dans l’uniforme de l’Université McGill, de 2016 à 2022, elle a terminé au premier ou au deuxième rang de son club pour les minutes de punition.

Elle refuse toutefois de prendre tout le mérite pour son succès. « Je pense qu’on avait un bon groupe de filles, note-t-elle. On jouait les unes pour les autres. Parfois, il y a de belles choses qui se passent, et [pour moi], ç’a été une de ces années-là. »

Sans surprise

Mine de rien, ces « années-là » se succèdent pour l’athlète de 28 ans, qui s’est imposée partout où elle est passée, d’abord dans les rangs collégiaux et universitaires au Québec, puis avec la Force, dont elle a été la meilleure pointeuse en 2022-2023, seule saison d’existence de la franchise.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Jade Downie-Landry dans l’uniforme de la Force de Montréal en 2022

Le directeur général de l’équipe de New York, Pascal Daoust, n’est aucunement étonné d’avoir vu Downie-Landry réussir malgré la hausse du calibre de jeu du hockey professionnel féminin. Daoust se souvenait bien d’elle pour l’avoir suivie de près à l’époque où il faisait partie du personnel d’entraîneurs des Carabins de l’Université de Montréal. C’est donc en connaissance de cause qu’il l’a d’abord repêchée au neuvième rang en septembre dernier, puis qu’il lui a offert un contrat de deux ans au terme d’un camp d’entraînement où elle a joué sans complexe.

« Je connaissais son calme et son flair, raconte le gestionnaire. Je me disais qu’on avait un beau luxe de l’avoir sur notre troisième trio pour commencer. »

Ses premières rencontres n’ont pas été de tout repos, rappelle Daoust. Or, selon lui, son « gros match contre Boston » a tout changé. Ce jour-là, elle a marqué trois buts, ses trois premiers dans l’uniforme turquoise.

« Quand on parle des athlètes, et encore plus au hockey, on entend tout le temps le mot “confiance”, poursuit Daoust. Ce match-là, pour elle, ç’a été une espèce de confirmation. Qu’en faisant toutes les petites choses, ça allait marcher. »

Difficile

Si ça a effectivement marché pour Jade Downie-Landry, son équipe s’en est un peu moins bien tirée.

New York a en effet terminé au sixième et dernier rang du classement de la ligue. Après avoir remporté 6 de ses 11 premiers matchs, l’équipe s’est effondrée avec une seule victoire au cours des 11 sorties suivantes.

La saison s’est au moins conclue sur une bonne note, avec deux gains de suite, mais le mal était fait. L’équipe hérite du premier choix au prochain repêchage, mais pour les joueuses, la consolation est bien mince.

Évidemment qu’on voulait faire les séries. Mais à la fin, c’est une belle expérience, on sait qu’on a écrit les premières pages d’une histoire. On met l’accent là-dessus.

Jade Downie-Landry

Elle a aussi remarqué une « grosse évolution » sur le plan du produit sur la glace, alors que de semaine en semaine, le niveau de compétition montait. « Comme il n’y a que six équipes, peu importe contre qui on joue, c’est une rivalité, illustre-t-elle. C’est ce qui nous a aidées à évoluer. »

Puisque son contrat est encore valide pour une saison, elle sait qu’à moins d’un avis contraire, sa carrière se poursuivra dans la région de New York, quoique dans un lieu encore à déterminer. En 2024, l’équipe s’entraînait à Stamford, au Connecticut, mais a disputé ses matchs locaux à Bridgeport, à Long Island et au New Jersey, ce qui exigeait systématiquement de longs déplacements. La situation devrait se régulariser l’an prochain.

En dépit des considérations logistiques, la Québécoise retient surtout les liens qu’elle a tissés avec ses coéquipières et la cohésion qu’elles ont trouvée sur la glace en fin de parcours.

« Une fois éliminées, on s’est dit qu’en tant que groupe, on n’allait pas baisser les bras, dit-elle. On est toutes des athlètes qui aiment la compétition. C’est en nous. On ne voulait plus perdre. On jouait pour l’an prochain, mais aussi pour les filles qui étaient là cette année. […] Les deux derniers matchs, on a montré ce dont on est capables. D’après moi, on va juste bâtir là-dessus. »