La défaite de samedi soir – ou dimanche matin, si vous préférez – a été douloureuse à bien des égards pour les joueuses de l’équipe de Montréal.

Le résultat, d’abord : une cruelle défaite de 2-1 face à Boston, qui a ainsi pris les devants 2-0 dans la série et poussé les Montréalaises au bord de l’élimination. Mais surtout, une défaite éprouvante sur le plan physique, survenue en troisième prolongation après plus de 111 minutes de jeu, et au cours de laquelle certaines joueuses ont été outrageusement sollicitées (on y reviendra).

Pas étonnant que l’équipe ait pris congé dimanche pour se remettre sur pied. Et qu’ont fait les joueuses pour chasser la douleur ? Beaucoup de repos pour commencer. Des bains de glace, aussi. Aucune mention de massage shiatsu ou de la musique de Zamfir, cependant.

Mais puisqu’il faut bien reprendre le collier à un moment donné, les joueuses étaient de retour à l’entraînement lundi matin, à l’Auditorium de Verdun, avant de prendre la route du Massachusetts.

Abattue, cette équipe ? Pas une miette. L’enthousiasme était à l’honneur au cours de la séance. Et il n’y a aucune place pour le pessimisme dans le vestiaire, nous assure-t-on.

« Tout le groupe est uni. On est excitées. C’est une occasion pour nous. C’est à nous de réagir, d’être prêtes et résilientes. À 0-2 dans une série, tout est possible. Il s’agit d’avoir confiance en nous et aller de l’avant », a indiqué la capitaine Marie-Philip Poulin.

Au fil des entrevues, nos interlocutrices insisteront d’ailleurs sur le fait qu’avec deux matchs de retard et la perspective d’une élimination hâtive, elles n’ont désormais plus « rien à perdre » contre leurs rivales bostoniennes. Un peu comme si la phrase était devenue un genre de mantra pour la suite des choses.

« Il y a un peu de pression […], mais d’une certaine façon, nous sommes dans une très bonne position », a souligné l’attaquante Kristin O’Neill, unique marqueuse montréalaise lors du match de samedi.

La délicate gestion du banc

On le disait, certaines joueuses ont passé un temps énorme sur la patinoire ce week-end. Par exemple, Laura Stacey – qui a obtenu un congé d’entraînement lundi, tout comme la gardienne Ann-Renée Desbiens – a joué 52 min 30 s. La défenseure Kati Tabin, pour sa part, a conclu le match avec 56 min 49 s au compteur.

La palme revient toutefois à Erin Ambrose, qui a passé pas moins de 61 min 33 s (!) sur la glace. La défenseure a d’ailleurs avoué s’être sentie « un peu dans le brouillard » après la rencontre.

« Mais je crois que le pire, c’est que je suis arrivée à l’aréna en talons hauts et j’ai donc dû repartir en talons hauts ! Ce n’est pas du tout quelque chose que j’avais envie de faire. J’aurais sûrement dû repartir avec mes sandales ! », a-t-elle blagué.

À l’inverse, des patineuses comme Brigitte Laganière (12 s), Madison Bizal (35 s) et Jillian Dempsey (1 min 37 s) n’ont à peu près jamais quitté le banc, ce qui en a amené certains à se questionner sur la gestion des effectifs par l’entraîneuse-chef Kori Cheverie. Celle-ci a défendu ses décisions après l’entraînement.

PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

L’entraîneuse-chef de l’équipe de Montréal, Kori Cheverie

« On ne veut jamais devoir faire jouer des joueuses pendant autant de temps, mais quand tu es dans ce genre de moment, en tant qu’entraîneuse, d’avoir à taper sur l’épaule de quelqu’un qui est assis depuis peut-être 15 minutes, c’est un défi », a-t-elle illustré.

« J’ai parlé à quelques joueuses [dimanche], a poursuivi la pilote. Elles auront à jouer différents rôles et je pense qu’elles le savent. Ça ne rend pas la chose plus facile, c’est sûr. Elles doivent savoir que leur travail vient avec les minutes qu’elles obtiennent, et c’est leur moment pour s’assurer qu’elles contribuent. »

Une énigme à résoudre

Si l’équipe de Montréal veut rester en vie, elle devra d’abord trouver une façon de battre Aerin Frankel. Malgré des performances montréalaises dominantes, la gardienne de Boston est impériale depuis le début de la série.

« Elle est un mur de briques présentement », a d’ailleurs admis Marie-Philip Poulin, sans être démoralisée pour autant.

Kori Cheverie, de son côté, a plutôt rendu hommage à la défense adverse. « On a raté des filets ouverts et des rondelles errantes, a-t-elle relevé. Je ne pense pas que ce soit Frankel qui ait fait la différence par rapport aux filets ouverts qu’on a ratés ou aux rondelles qui ne font que rouler dans la peinture bleue. Ça témoigne du travail de leur unité défensive. »

Montréal parviendra-t-elle donc à renverser la vapeur, résoudre l’énigme Frankel et ainsi poursuivre sa route ? On aura la réponse mardi soir – ou mercredi matin, qui sait ?