Cinq heures. Les Montréalaises se sont avouées vaincues au bout de 111 minutes et 44 secondes de hockey, samedi soir, à la Place Bell.

Un autre match où Montréal obtient plus de chances de qualité. Un autre match où Montréal n’arrive pas à venir à bout d’Aerin Frankel.

Taylor Wenckowski a marqué en troisième période de prolongation pour donner une autre victoire de 2-1 aux Bostoniennes, qui prennent ainsi les devants 2-0 dans la série de premier tour.

Erin Ambrose a passé 61 min 33 s sur la patinoire. Kati Tabin, 56 min 49 s. Laura Stacey ? 52 min 30 s.

Stacey est apparue la mine déconfite en conférence de presse, aux alentours de minuit. Ça ne prenait pas la tête à Papineau pour comprendre qu’elle aurait préféré être ailleurs, et on la comprend. Quand on lui a demandé comment elle se portait physiquement, l’attaquante a répondu aussitôt :

« À merveille. Nous avons un match qui s’en vient. Nous allons faire tout ce qu’il faut pour qu’on se sente bien pour les affronter. »

PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, LA PRESSE CANADIENNE

Taylor Wenczkowski (12) a marqué le but de la victoire en troisième prolongation

Montréal a eu de nombreuses occasions de l’emporter. En fin de troisième période, la rondelle a franchi le filet d’Aerin Frankel, mais l’arbitre avait déjà sifflé ; après révision vidéo, le but a été refusé.

En première période de prolongation, les Montréalaises ont bénéficié de 7 minutes d’avantage numérique. Elles ont été incapables d’en profiter et de percer le mur Frankel.

En deuxième prolongation, la fatigue était visible dans les deux camps. Laura Stacey a obtenu une chance en or de clore le débat d’un tir du haut de l’enclave, sans succès.

« Dans quelques minutes, ce sera officiellement la fête des Mères », a lancé l’animatrice de foule au début de la troisième prolongation, après avoir annoncé qu’il s’agissait officiellement du match le plus long de la jeune histoire de la LPHF.

Comment les joueuses ont-elles tenu le coup, malgré la douleur ?

« Récemment, quelqu’un est venu nous parler et nous a dit : Quand le corps ne fonctionne plus, ou quand tu sens que tu n’as plus rien à donner physiquement, c’est là que tu dois t’en sortir, a raconté Stacey. Tu ne sais jamais ce qu’il te reste à l’intérieur. »

C’est ce qu’on n’arrêtait pas de se dire dans le vestiaire, sur le banc. Ça fait mal, ce n’est pas plaisant, mais continuons de pousser et de faire tout ce qu’on peut mentalement pour traverser ça.

Laura Stacey

Au bout du compte, le résultat n’a pas été celui espéré…

Qui marquera ?

Voilà des mois qu’on le dit : Montréal compte surtout sur son premier trio pour marquer des buts. En séries éliminatoires, ça peut parfois créer des problèmes. L’équipe joue à la hauteur dans cette série, mais n’arrive pas à trouver le fond du filet.

« Je pense que c’est ce qui va faire la différence [en séries] : nos attaquantes 7 à 12 et nos défenseuses 5, 6 et 7. Ces joueuses doivent être capables de contribuer », disait Kori Cheverie avant le début des séries.

Force est d’admettre que ce n’est pas le cas jusqu’ici. À elles trois, Marie-Philip Poulin, Laura Stacey et Kristin O’Neill ont lancé 23 fois au filet dans la rencontre. Mais rien ne semblait fonctionner. Et encore une fois, personne d’autre n’a su prendre la relève et trouver le fond du filet.

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Aerin Frankel (31) fait l’arrêt devant Laura Stacey.

À l’inverse, les deux buteuses de Boston dans la victoire sont des joueuses du quatrième trio – Amanda Pelkey et Wenczkowski.

De toute évidence, on aimerait obtenir plus d’offensive, mais j’aime ce dont on a l’air actuellement. Et puis, évidemment, on joue contre une gardienne fumante.

Kori Cheverie

« Je ne dirais pas que c’est un problème [le fait que plusieurs ne contribuent pas]. »

Les deux seuls buts de Montréal jusqu’ici dans la série ont été inscrits par Kristin O’Neill en avantage numérique. Pas une fois l’équipe n’a marqué à cinq contre cinq, même si ce n’est pas faute d’avoir essayé.

« Je pense que nos joueuses font quelque chose de bien. Ce sont les séries, les joueuses sont plus serrées défensivement. Nous devons certainement trouver le moyen d’exploiter certaines de nos chances, mais je ne dirais pas qu’il y a quelque chose qui se passe mal. »

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Kori Cheverie donne ses instructions.

Avant le début des séries, Cheverie citait la résilience comme qualité première de son équipe en saison régulière. C’est ce qui l’aiderait en séries, affirmait-elle.

Après le match de samedi, les paroles de Laura Stacey faisaient écho à celles de son entraîneuse.

« On peut être frustrées autant qu’on veut, mais en fin de compte, le fait qu’on a été résilientes, qu’on a continué à pousser… On va continuer à pousser. Je pense que c’est la chose la plus importante qu’on peut retirer de ces deux matchs. Oublions le reste. »

« On va se lever demain, le soleil brillera. Ce sera une nouvelle journée et on s’en va à Boston pour aller chercher la victoire. »