« Je ne sais pas comment c’est possible que ce soit plus physique, honnêtement, mais je suis certaine que ça le devient quand ta saison est en jeu, quand tu veux gagner un championnat. »

Laura Stacey souriait légèrement en prononçant ces paroles, mardi matin, après l’entraînement de l’équipe montréalaise à l’Auditorium de Verdun.

C’est que la saison de la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF) a été très robuste. C’est sans doute ce qui a le plus surpris, en début de campagne ; la fréquence et la puissance des coups dans les coins de bande, malgré l’interdiction d’appliquer des mises en échec.

Tout indique que ce sera encore plus intense à compter de jeudi soir, lors du premier match de l’équipe montréalaise à la Place Bell. Boston sera en ville pour les deux premières rencontres de cet affrontement de type trois de cinq.

« Ce sera une bataille houleuse », a résumé l’entraîneuse-chef, Kori Cheverie.

Et comment s’y prépare-t-on ?

« C’est surtout d’en être conscientes. Je ne pense pas que c’est notre style d’être physiques en tout temps, mais je pense que c’est notre style de jouer de façon agressive. »

Chez les Montréalaises, Catherine Dubois est une des troupières qui joue avec le plus de robustesse. La Québécoise est prête pour ce qui s’en vient, mais garde en tête sa priorité : aider l’équipe à gagner.

« Je me prépare toujours pour jouer physique. C’est sûr qu’il faut que je fasse attention aux pénalités. Je ne vais pas te mentir, ça me joue un peu dans la tête ces temps-ci. Je ne veux pas pénaliser mon équipe. »

PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Catherine Dubois

Depuis le début de la saison, on remarque une certaine irrégularité dans les appels des officiels. Certains coups sont punis, alors que d’autres ne le sont pas. Un peu comme si personne ne savait réellement ce qui est accepté et interdit.

« Ça dépend toujours de quel arbitre est là, donc c’est sûr que c’est difficile de savoir où est la limite, a reconnu Dubois. Il faut garder notre jeu simple et essayer de frapper avec les mains basses, légalement. J’essaie vraiment de faire attention à ça, parce que j’ai été beaucoup pénalisée dans les derniers matchs. »

C’est difficile de savoir où est la ligne, mais c’est une première année et tout le monde s’adapte. Les arbitres aussi.

Catherine Dubois

« J’anticipe que les arbitres ne voudront pas être ceux qui dictent un match, alors j’ai l’impression qu’il y aura beaucoup plus de sifflets rangés », de dire Cheverie.

« Un prélude »

Les Montréalaises ne se doutaient pas, samedi dernier, lors de leur dernier affrontement de la saison à Boston, qu’elles étaient en train d’affronter celles contre qui elles se mesureraient lors du premier tour des séries.

Le match s’est conclu par la marque de 4-3 à l’avantage des Bostoniennes. Il faut dire que la formation américaine devait absolument remporter ce duel en temps réglementaire pour obtenir sa place en séries, alors que la formation montréalaise était déjà assurée d’une participation à la danse printanière.

Les deux équipes ne partageaient pas la même motivation, donc, mais Montréal a tout de même su faire preuve de son caractère en comblant un déficit de 0-3 en troisième période. On a aussi été témoins de beaucoup de bisbille après les arrêts de jeu. Comme l’a dit Ann-Renée Desbiens, mardi matin, « [la série a] commencé à la dernière game ! Ça va être une série de six matchs, on dirait. »

« C’était un prélude de ce qu’on aurait en séries », a pour sa part lancé Catherine Daoust.

Ce sera « un peu comme une rédemption », dixit Kori Cheverie.

Mardi, l’entraînement a été plus court que d’habitude, d’une vingtaine de minutes. Ann-Renée Desbiens est d’ailleurs sortie de la patinoire 45 minutes avant tout le monde. C’est que le personnel d’entraîneurs tente de réduire la charge d’entraînement, ce qui ne peut pas faire de tort, d’autant plus que les joueuses disputeront leur premier trois de cinq à vie.

« On est vraiment chanceuses parce que notre personnel sait ce qu’il fait et sait où on s’en va, a évoqué Catherine Dubois. Juste de respecter ce qu’il nous demande, ça va vraiment aider. »

« J’aime ces moments-là »

L’excitation commençait à se faire sentir chez les joueuses, mardi, deux jours avant le premier affrontement.

« J’aime ces moments-là, les moments qui sont importants, qui nous permettent de prolonger notre saison, de dire Ann-Renée Desbiens. Si t’aimes pas ça, tu n’as probablement pas choisi le bon sport. »

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Ann-Renée Desbiens

Catherine Daoust, elle, s’est souvenue d’avoir regardé un match de série Montréal-Boston sur l’écran du Centre Bell, alors que le match se déroulait à Boston.

« Juste l’engouement… Quand on gagnait une ronde contre Boston, il y avait du grabuge dans les rues, c’était un peu intense. Tu sais que toute la ville est derrière toi, et j’espère que ça va être la même chose pour nous aussi. »

Une émeute à Laval ? a répliqué la collègue de RDS Andrée-Anne Barbeau.

« Peut-être pas une émeute à Laval ! Mais de savoir que tout le monde est derrière nous… »