Il est près de midi, mardi, à l’Auditorium de Verdun. L’entraînement des Montréalaises de la LPHF s’achève. Elles quittent la patinoire en prenant le temps de signer la casquette d’une jeune fille aux abords de la glace. Cette dernière devra toutefois encore attendre un peu pour les griffes de Marie-Philip Poulin et de Laura Stacey, puisque les deux vedettes de l’équipe s’exercent encore aux tirs.

Elles ne sont pas seules. L’entraîneuse-chef Kori Cheverie les accompagne. Tout comme Caroline Ouellette, que l’on voit pour la première fois sur la patinoire avec la formation montréalaise, cette semaine.

La légende du hockey canadien travaille en fait comme consultante avec l’équipe depuis le début de la saison.

« Avec mon travail avec l’Université Concordia, ce n’était juste pas possible d’être là la plupart du temps », a expliqué la quadruple médaillée d’or olympique à La Presse lors d’un entretien téléphonique, en après-midi.

Ouellette est l’adjointe de sa femme Julie Chu chez les Stingers, qui ont remporté un troisième titre provincial consécutif avec une fiche presque parfaite en mars dernier. Cette affectation aujourd’hui terminée, elle peut maintenant se concentrer sur les Montréalaises à temps plein.

« Je suis habituée à collaborer avec Kori, à partir de notre travail avec l’équipe canadienne, note Ouellette. [L’adjointe] Noémie Marin, c’est une femme avec qui j’ai joué sur le même trio pendant des années. Tout le monde apporte une différente expertise. »

Caroline Ouellette ne sera pas derrière le banc, mais participera maintenant aux entraînements quotidiennement d’ici la fin des activités de l’équipe de Montréal.

« Quand t’as une équipe menée par Marie-Philip Poulin, tu sais que chaque jour, le groupe va travailler fort. C’est un honneur et un privilège de me joindre à cette équipe-là. »

« Pas de titre ! »

Poulin l’a toujours dit, et l’a répété mardi après la séance : Ouellette, c’est son « idole ».

« De l’avoir sur la glace, de l’écouter, elle sait comment entraîner, c’est magnifique », souligne la Québécoise.

Les plus assidus aux matchs de l’équipe de Montréal auront peut-être remarqué la présence de Caroline Ouellette dans les gradins au courant de la saison. À défaut d’être présente autour de l’équipe tous les jours, elle en a été « les yeux dans le ciel [eyes in the sky] », pour reprendre l’image de Kori Cheverie.

« Tout ce qu’on n’a pas le temps de faire ou qui n’entre pas dans le flot de nos tâches à l’entraînement, on le lui remet », explique l’entraîneuse-chef, prenant entre autres l’exemple des mises en jeu.

« Consultante, coach technique, il n’y a pas de titre, dit en rigolant la directrice générale Danièle Sauvageau. Je ne pense pas, en tout cas. Faudrait que je regarde, mais je ne lui ai pas assigné de titre ! »

Peu importe. Les joueuses, comme Laura Stacey, louangent « l’expérience » et la « rétroaction » que peut offrir une telle légende du sport.

Elle a tout vécu, elle sait comment on se sent, quoi dire et quand le dire. De l’avoir avec nous, honnêtement, c’est incroyable. Nous sommes vraiment chanceuses.

Laura Stacey

« C’est une nouvelle voix dans l’équipe, ajoute Poulin. C’est juste un ajustement. Les filles sont super excitées et contentes d’avoir une grande entraîneuse comme ça qui vient nous aider. »

Une qualification confirmée dès mercredi ?

Avec tout ça, Montréal jouera un match crucial dans sa course pour le premier rang de la LPHF, mercredi, à Verdun. Avec 35 points – 3 derrière Toronto – et 3 matchs à jouer, Montréal peut aussi confirmer sa place en séries dès cet affrontement contre des New-Yorkaises, dernières, « qui se battent pour leur survie », dixit Stacey.

« Si tu joues au hockey dans une ligue, tu veux toujours finir premier, affirme-t-elle. […] Mais ça ne se passera pas si on ne reste pas dans le moment présent, en se concentrant sur le match devant nous. »

L’autre avantage – ou pas – de finir première, c’est que l’équipe qui y parvient peut choisir son adversaire au premier tour.

« Je ne pense pas vraiment à ça, dit Kori Cheverie. Je ne veux pas affronter ni cette équipe, ni celle-ci, ni celle-là. »

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Kori Cheverie

Avec quatre équipes se qualifiant au tournoi d’après-saison, on comprend que cette énumération floue signifie qu’aucune des options n’est plus intéressante que l’autre.

Si, d’aventure, Montréal atteint cet objectif fixé « depuis le jour 1 » et « qui demeure accessible » aujourd’hui, Danièle Sauvageau est prête.

« J’ai établi une forme de critères, soumet-elle. Lorsque nous allons être dans cette situation-là, on ne fera pas [le choix] sur le coup de l’émotion, mais selon les critères qu’on s’est donnés. »

Aucune chance qu’elle les révèle en ce chaud mardi printanier. « Je vous en parlerai après les séries ! »